Dès lors que l'on parle de jeux vidéo français, on pense immanquablement à Ubisoft et à ses puissantes franchises - pour une bonne part réalisées au Québec d'ailleurs - mais la production française est heureusement bien plus diverse, bien plus complexe. Des studios comme Enigami, Spiders, Amplitude ou truc sont quelques exemples de cette diversité.
Shiness ou le passage par Kickstarter
Il y a deux ans, Shiness était essentiellement un hobby, un rêve un peu fou pour Hazem Hawash, mais à mesure que le projet prenait forme, le besoin de se structurer s'est fait sentir. La société Enigami est ainsi née et une campagne de financement Kickstarter a suivi. Couronnée de succès, elle a permis de faire grandement avancer les choses, d'engager des spécialistes sur les postes clefs et d'aboutir à une version du jeu de plus en plus présentable à mesure que les mois ont passé... au point que le jeu à finalement tapé dans l'œil d'un éditeur susceptible d'apporter le soutien logistique pour assurer une distribution à grande échelle, Focus Home Interactive.C'est d'ailleurs sous l'égide de la société parisienne que Shiness était présenté à la Gamescom. Une présentation basée sur une version bien avancée, parfaite pour illustrer l'ingénieux mélange entre jeu de rôle d'inspiration japonaise, univers « zeldaien » et combats dynamiques à la manière d'un Dragon Ball. Esthétiquement parlant, Shiness divisera les joueurs avec un parti pris très coloré et des tons vifs. La cohérence est en revanche de mise et l'ensemble tient la route. Shiness se distingue donc par son aventure inspiré des univers manga, mais aussi par ses combats en temps réel qui détonent dans le paysage du JRPG. Sans doute afin de se simplifier, mais aussi peut-être pour affirmer un style propre, Enigami a pensé ses affrontements dans des arènes : dès lors que le combat est lancé, on ne peut plus fuir, sauf à employer certaines compétences spéciales. Autour du personnage principal de Chado, cinq compagnons seront là pour apporter leur aide, mais également varier les plaisirs et enrichir autant les combats que les phases d'exploration. Sortie prévue en 2016 sur un grand nombre de plateformes.
Last Fight : l'univers bande-dessinée de Piranaking
Autre projet, autre trajectoire pour les développeurs de Last Fight, un jeu de baston inspiré de la bande-dessinée Lastman. C'est presqu'une plaisanterie ou un défi qui a amené Khad à imaginer un jeu vidéo dans l'univers de Lastman, une bande-dessinée créée par ses amis, Bastien, Balak et Michaël. Fan de Street Fighter 4, il s'est naturellement tourné vers un jeu de ce type tout en sachant qu'il lui serait impossible de se mesurer à Capcom sur son propre terrain. Tout en cherchant à se démarquer du Japonais, Khad a donc dans un premier temps décidé de se focaliser sur le gameplay de son projet plutôt que sur l'esthétique ou le scénario.Un premier prototype a ainsi vu le jour afin d'être en mesure de décrocher des financements et plutôt que de se tourner vers Kickstarter et aux plateformes de crowdfunding, ce sont les aides du CNC qui ont été visées. Malgré un premier refus, les aides en question ont finalement été obtenues et Khad a pu davantage s'entourer. Piranaking a été fondée et même si les effectifs restent modérés, le projet Last Fight se développe rapidement... au point qu'aujourd'hui le studio indé s'est permis de faire un crochet par Cologne pour présenter aux joueurs allemands son travail. Un travail qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler un certain Power Stone avec toutefois d'importantes variations. Le dash est ainsi une arme clef dans la gestion de ces combats en 2 vs. 2 (le 1 vs. 1 est également au menu). Héritier de Lastman, le jeu se caractérise aussi par son humour, omniprésent, alors que les scénaristes de la BD sont intervenus sur le mode story. Un total de 10 personnages seront présents sur la version finale du jeu et chacune des huit arènes de combat disposera de nombreux éléments destinés à varier les affrontements. Sortie prévue début 2016 sur PC et consoles.
Spiders et l'amour du RPG : The Technomancer
Notamment connu pour Mars : War Logs et Bound by Flame, le studio Spiders revient sur la planète rouge avec The Technomancer, un action-RPG à mi-chemin entre l'heroic-fantasy et le cyber-punk. Le joueur incarne un donc un technomancer, un mutant capable de maîtriser l'électricité. Ce dernier fait partie d'une colonie martienne, qu'un cataclysme a coupé du reste de l'humanité. Le héros a donc pour objectif de protéger les siens, mais également de restaurer les contacts avec la Terre, et percer au passage les mystères des pouvoirs des technomancers.Le titre affiche clairement de grandes ambitions scénaristiques, avec une volonté de développer les personnages en profondeur. En pratique, on se demande si Spiders aura, cette fois-ci, les moyens d'atteindre ses objectifs, le studio français s'étant heurté à un manque assez criant de moyens sur Mars : War Logs. Si Jehanne Rousseau, la directrice du studio, a assuré lors de la présentation que le budget et l'équipe de développement était plus conséquent pour The Technomancer, on sait également que le personnage principal sera uniquement masculin pour limiter les frais de doublage. Néanmoins, quelques ambitions revues à la baisse combinés à davantage de moyens pourrait permettre au studio d'arriver à un juste équilibre avec son nouveau titre. C'est en tout cas que qu'on lui souhaite. Sortie calée au premier trimestre 2016 sur PC, PlayStation 4 et Xbox One.
Amplitude ou le 4X à la française : Endless Space 2
Enfin, Amplitude Studios a profité de la Gamescom pour voler de ses propres ailes. L'équipe parisienne avait - pour la première fois - un petit espace qui lui était dédié et qui lui permettait de détailler les premières idées de son nouveau projet, Endless Space 2. Il s'agit en quelque sorte d'un retour aux origines alors qu'Endless Space premier du nom avait été à l'origine de la fondation du studio. Devenu un spécialiste reconnu dans le genre du 4X - des jeux de gestion / stratégie pour le moins touffus - Amplitude souhaite donc enfoncer le clou après un Endless Legend très impressionnant.Endless Space 2 est un titre qui ne se résume pas en quelques lignes, mais pour ce premier contact avec la bête, Amplitude a souhaité insister sur deux notions clefs. Il y a 'abord l'accessibilité de son jeu : le 4X est un genre délicat à appréhender, mais pour le rendre plus accessible sans appauvrir le jeu, Amplitude a imaginé un système d'informations sur deux niveaux. De base, seules les informations essentielles sont affichées à l'écran, mais à tout moment, une pression sur la barre espace vient apporter des précisions supplémentaires. Cela peut-être des statistiques très complètes ou des informations plus scénarisées. Dans un second temps, nos hôtes d'Amplitude ont dévoilé un concept particulièrement enthousiasmant : les différentes populations en place dans l'univers d'Endless Space 2 sont plus ou moins proches de huit préceptes idéologiques (sciences, pacifisme, militariste...).
Des préceptes qui auront une influence sur les élections futures au sein de notre empire et donc sur les élus. Ces représentants, à leur tour, auront un impact sur les doctrines ou lois que l'on peut mettre en place. Mieux, ce système d'idéologie peut être influencé par des événements extérieurs (la découverte d'une race particulièrement agressive) ou nos propres actions (la fabrication de vaisseaux de combat). L'idée derrière tout cela est de pousser le joueur à agir en connaissance de cause. En effet, si notre population est inquiète de l'hostilité d'un voisin et que l'on décide d'encourager les pacifiques de notre empire, il risque d'y avoir d'importantes dissensions... Bien sûr, il reste possible de passer à un régime autocratique, mais là encore, il n'est pas dit que nos (loyaux ?) sujets voient cela d'un très bon œil. Nous aurons l'occasion de revenir sur le projet Endless Space 2 qui ne doit pas sortir avant 2016 sur PC. Un titre d'ores et déjà à surveiller de près !