Ils inventent une brique bio-sourcée à base de sable, de bactéries et d'urine

Matthieu Legouge
Par Matthieu Legouge, Spécialiste Image.
Publié le 27 octobre 2018 à 10h30
Urine et maison

Ces étudiants d'Afrique du Sud ont créé la première brique biosourcée au monde à être fabriquée à partir ... d'urine humaine ! Une méthode qui, si l'on en croit ses créateurs, permettrait de réaliser une importante économie d'énergie dans le processus de fabrication des matériaux.

Rien ne se perd, tout se transforme

Les étudiants de l'Université du Cap ont de la suite dans les idées ! Bien que ce ne soit pas la première fois que des chercheurs aient recours à l'urée pour tenter de fabriquer des matériaux de construction, ils n'avaient jusqu'à aujourd'hui encore jamais tenté l'expérience avec de l'urine humaine.

Recueillie grâce à des urinoirs pour homme spécialement conçus qu'ils ont installés dans l'université, l'urine est ensuite mélangée à du sable et à des bactéries afin de reproduire un phénomène naturel appelé « précipitation des minéraux carbonatés », le même processus à l'œuvre dans la formation des coquillages. Concrètement, le sable est colonisé par une bactérie qui produit de l'uréase, une enzyme qui permet de dégrader l'urée et de la transformer en carbonate de calcium, ce qui a pour effet de « cimenter » le sable. Le carbonate de calcium est le principal constituant des roches calcaires comme la craie, mais aussi des coquillages, escargots et autres coraux.

L'avantage majeur de cette méthode est qu'elle ne nécessite pas de cuire les briques au four à 1 400° C comme le sont les briques ordinaires. Ces briques biologiques sont produites dans des moules à température ambiante, plus la bactérie aura le temps de se développer et plus la brique sera dure.

De « l'or liquide » dans les canalisations

Le Dr Randall Dyllon, superviseur du projet et maitre de conférences à l'Université de Cap Town, décrit l'urine humaine comme de « l'or liquide ». Selon lui, l'urine qui équivaut en volume à seulement 1 % des eaux usées domestiques représente 80 % de l'azote, 63 % du potassium et 56 % du phosphore qu'elles contiennent.

Une invention innovante qui combine recyclage de déchets et économie d'énergie et qui, en outre, permet de fabriquer des engrais agricoles grâce aux sous-produits générés par le processus. « Dans cet exemple, vous prenez quelque chose qui est considéré comme un déchet et vous en fabriquez plusieurs produits. Vous pouvez utiliser le même processus pour n'importe quel flux de déchets. Il s'agit de repenser les choses » explique le Dr Randall Dyllon à propos des travaux de son groupe d'étudiants.
Matthieu Legouge
Par Matthieu Legouge
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Pigiste pour Clubic depuis 2018, j’ai d’abord pris la plume pour parler d’actualités, avant de me spécialiser peu à peu sur les catégories PC & Gaming, notamment les écrans et périphériques, ainsi que l’image et le son, plus particulièrement tout ce qui touche au Home Cinema : les téléviseurs, vidéoprojecteurs et barres de son.

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tmtisfree

Combien de temps pour fabriquer une brique (je n’ose même pas imaginer le temps pour construire une simple maison) ? Probablement des jours/semaines/mois.

À quel coût ? Vu les installations nécessaires pour supporter tous ces procédés, probablement beaucoup plus important que celui d’une brique traditionnelle qui n’a besoin que d’un four.

La théorie est utile quand elle n’est pas guidée par des présupposés stupides (lire escrologiques) : les lois économiques sont aussi importantes que les lois physiques.

lightpunk

Non, les lois physiques près-existent au lois économique qui ne sont que des construction humaine bien souvent dogmatique.

L’exigence de rapidité dont tu parles s’inscrit dans le contexte actuel ou le coût de l’énergie est sous estimé. Vu le procédé décrit qui n’a pas l’air de demander de infrastructure technologique avancé, ce manque de rapidité peut être compensé (dans le cadre d’une production industrialisé) par de l’espace de stockage le temps que l’action se fasse.

Dans les bénéfices, on peut compter aussi toute les ressources qui ne seront pas utilisé pour gérer ce qui avant été un déchet

ariakas

Il n’apparait pas que la durée soit un problème ni que ce soit excessivement long. D’autre part, il est idiot d’imaginer que l’on produit ainsi 1 brique par 1 brique.
L’intérêt ici n’est pas tant écologique qu’économique.
D’autre part, rien n’interdit d’avoir une partie en brique “bio” et une autre classique.
Tout dépend comment le systeme est reproductible, à quelle vitesse et quel intérêt dans quel type de situation.
Pays pauvres ? catastrophes naturelles ? constructions d’habitations ou d’utilité autre ?

catseye

Le coût me semble extrêmement faible. Rien que du fait que ça se passe à température ambiante. Un four consomme une quantité d’énergie gigantesque comparativement à une réaction chimique/biologique qui ne consomme que du temps.
Aussi sur une bonne surface (en hauteur éventuellement) on pourrait en produire une sérieuse quantité à impact écologique faible et peu cher.

KlingonBrain

@tmtisfree : Besoin que d’un four ? Je vous incite à aller visiter une usine de fabrication de briques pour comprendre que c’est quand même un peu plus compliqué. Et le procédé de fabrication est moins simple que ce qu’on imagine. D’ailleurs, les briques, ça n’est pas le matériau de construction le moins cher.
D’ailleurs, le temps de solidification est t’il vraiment un inconvénient énorme sur le plan économique ? Objectivement, cela dépends du temps nécessaire (coût de la surface occupée et de l’argent immobilisée).
Mais c’est déjà le cas pour le bois utilisé dans les charpentes qui ne peut pas être posé tout de suite, mais seulement après des mois de séchage.

KlingonBrain

@catseye : Le problème, c’est qu’il y a encore des gens qui raisonnent sur des vieux dogmes économiques périmés qui sont hélas encore enseignés dans les écoles. Ces dogmes disent que la production serait limitée par le nombre de bras.
Or, de nos jours, la majorité des productions sont fortement automatisées. Mais les enseignements et les dogmes économiques n'ont pas encore intégré ce paradigme. Ce qui limite la production aujourd'hui, c’est le cout de l’énergie. Et celui ci va augmenter. Donc tout procédé économe en énergie sera bon à prendre.

XInfernoX

On peut prednre contact avec les concepteurs et délivrer au monde entier comment faire ?

J’ai peur que les industriels rachètent tout ou prennent de force le procédé pour le planquer dans un tiroir ou de mettre des brevets à outrance dessus :confused:

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