Ces étudiants d'Afrique du Sud ont créé la première brique biosourcée au monde à être fabriquée à partir ... d'urine humaine ! Une méthode qui, si l'on en croit ses créateurs, permettrait de réaliser une importante économie d'énergie dans le processus de fabrication des matériaux.
Rien ne se perd, tout se transforme
Les étudiants de l'Université du Cap ont de la suite dans les idées ! Bien que ce ne soit pas la première fois que des chercheurs aient recours à l'urée pour tenter de fabriquer des matériaux de construction, ils n'avaient jusqu'à aujourd'hui encore jamais tenté l'expérience avec de l'urine humaine.Recueillie grâce à des urinoirs pour homme spécialement conçus qu'ils ont installés dans l'université, l'urine est ensuite mélangée à du sable et à des bactéries afin de reproduire un phénomène naturel appelé « précipitation des minéraux carbonatés », le même processus à l'œuvre dans la formation des coquillages. Concrètement, le sable est colonisé par une bactérie qui produit de l'uréase, une enzyme qui permet de dégrader l'urée et de la transformer en carbonate de calcium, ce qui a pour effet de « cimenter » le sable. Le carbonate de calcium est le principal constituant des roches calcaires comme la craie, mais aussi des coquillages, escargots et autres coraux.
L'avantage majeur de cette méthode est qu'elle ne nécessite pas de cuire les briques au four à 1 400° C comme le sont les briques ordinaires. Ces briques biologiques sont produites dans des moules à température ambiante, plus la bactérie aura le temps de se développer et plus la brique sera dure.
De « l'or liquide » dans les canalisations
Le Dr Randall Dyllon, superviseur du projet et maitre de conférences à l'Université de Cap Town, décrit l'urine humaine comme de « l'or liquide ». Selon lui, l'urine qui équivaut en volume à seulement 1 % des eaux usées domestiques représente 80 % de l'azote, 63 % du potassium et 56 % du phosphore qu'elles contiennent.Une invention innovante qui combine recyclage de déchets et économie d'énergie et qui, en outre, permet de fabriquer des engrais agricoles grâce aux sous-produits générés par le processus. « Dans cet exemple, vous prenez quelque chose qui est considéré comme un déchet et vous en fabriquez plusieurs produits. Vous pouvez utiliser le même processus pour n'importe quel flux de déchets. Il s'agit de repenser les choses » explique le Dr Randall Dyllon à propos des travaux de son groupe d'étudiants.