Des chercheurs chinois et américains ont mis au point un nouveau type de pacemaker. Capable de fonctionner sans batterie, en tirant son énergie de la seule force des battements du cœur, ce dernier pourrait révolutionner le quotidien de bien des malades équipés de stimulateurs cardiaques.
Maintenir le rythme cardiaque à un seuil stable ou accélérer les pulsations du cœur lorsqu'elles sont trop lentes, c'est le but premier d'un pacemaker. Seulement voilà, ces dispositifs doivent faire avec des piles dont les durées de vie se limitent à quelques années (entre six et douze ans en fonction des pathologies et des modèles de pacemaker). Conséquence directe de cette lacune, les malades sont contraints de passer régulièrement par le bloc opératoire pour remplacer leur boîtier. Une étape qui pourrait être amenée à disparaître au profit de pacemakers potentiellement implantés à vie.
Un prototype de « stimulateur cardiaque symbiotique » testé avec succès sur des porcs
« Notre stimulateur cardiaque symbiotique (SCP), propulsé par un nano-générateur triboélectrique implantable (iTENG), est le premier pacemaker auto-alimenté et dépourvu de batterie à être entièrement implanté sur des porcs adultes », explique Zhou Li, professeur à l'École des Nanosciences et de la Technologie (rattachée à l'Académie des Sciences chinoise), au média DigitalTrends. « Le SCP est inspiré par le phénomène biologique de symbiose qui implique une interaction entre différents éléments évoluant en contact en physique les uns avec les autres », poursuit le chercheur. « Le SCP convertit l'énergie biomécanique des battements du cœur en électricité capable d'alimenter le module de rythme pour qu'il génère des pulsations ».Ce prototype, implanté avec succès sur des porcs adultes, rend l'idée de pacemakers auto-alimentés et implantés à vie, non seulement intrigante, mais faisable, note DigitalTrends. Les tests réalisés par les chercheurs américains et chinois prouvent par ailleurs que le système iTENG permet de générer suffisamment d'énergie pour atteindre (et même dépasser) le seuil légal nécessaire à une utilisation médicale sur l'homme.
Une avancée majeure qui nécessite de plus amples travaux
Pour autant, il faudra se montrer patients avant que les équipementiers médicaux puissent se saisir de cette technologie, explique Zhou Li.« Il y a encore un long chemin à parcourir avant que cet appareil puisse être utilisé sur des humains », pointe le scientifique. « Certains problèmes techniques doivent encore être corrigés. Par ailleurs, pour permettre une implantation la moins invasive possible et améliorer le confort à long terme des patients, nous devons travailler au développement d'un iTENG de taille réduite, capable de se fixer efficacement aux tissus, mais aussi sûr d'un point de vue biologique ».
Ces travaux pourraient enfin bénéficier à d'autres secteurs que celui des seuls stimulateurs cardiaques et se montrer pertinents sur d'autres appareils médicaux (comme les stimulateurs cérébraux et musculaires, par exemple).
Notons toutefois que le concept de stimulateur cardiaque symbiotique ne date pas d'hier. En 2012, Le Figaro Santé évoquait déjà la question dans ses colonnes.