À la suite de son audition devant l’Assemblée nationale, ce mercredi 7 avril, Philippe Baptiste a été désigné comme le nouveau président du Centre National des Études Spatiales, le CNES. Soutenu par l’Elysée, cet ancien chef de cabinet de la ministre de l’Enseignement supérieur ambitionne de convertir définitivement le spatial français au numérique.
Si Philippe Baptiste ne manque pas d’ambition pour le CNES, on peut regretter l’absence d’une vraie politique d’exploration spatiale.
Un expert du numérique à la tête du spatial français
Philippe Baptiste est un ingénieur diplômé des Mines en 1994, ayant obtenu un doctorat en informatique en 1998. Après avoir travaillé pour Bouygues et IBM, notamment, il occupe des postes d’enseignant et de chercheur au CNRS et à l’École polytechnique, où il dirige pendant quelque temps le laboratoire d’informatique. Dans les années 2010, il dirige divers services en charge des questions scientifiques et des problématiques liées à l’innovation, que ce soit au ministère de l’Éducation nationale, au CNRS ou chez Total.
De 2017 à 2019, il devient directeur de cabinet de Frédérique Vidal au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, puis un temps conseiller d’Édouard Philippe, ce qui lui permet de naviguer au sein des arcanes gouvernementales.
Nommé au conseil d’administration du CNES en mars 2021, son nom est évoqué par Emmanuel Macron pour succéder à Jean-Yves Le Gall à la tête de l’institution. Soutenu par le ministère de l’Enseignement supérieur, l’un des trois ministères de tutelle du CNES, Philippe Baptiste doit cependant faire face aux candidats proposés par le ministère des Armées et celui de l’Économie, qui soutiennent des candidats au profil plus opérationnel et industriel.
Si la candidature de Philippe Baptiste est rejetée au Sénat, elle est finalement approuvée par l’Assemblée nationale le 7 avril. Désormais, le CNES sera donc dirigé par un spécialiste des questions numériques.
L’exploration spatiale comme grande perdante
Si ses auditions auprès du Parlement laissent entrevoir quelques légères lacunes sur les enjeux industriels, la feuille de route de Philippe reste dans l’ensemble cohérente avec les problématiques spatiales françaises et industrielles. Le nouveau président du CNES a identifié cinq enjeux stratégiques :
- Convertir le spatial aux nouveaux enjeux numériques, pour développer notamment les solutions cloud satellitaires ;
- Repenser l’innovation en donnant plus de place aux start-ups ;
- Poursuivre le développement d’Ariane 6 tout en pensant au futur des lanceurs européens (réutilisation, low-cost…) ;
- Soutenir le développement du spatial militaire, en devenant un interlocuteur de référence pour le nouveau Commandement de l’Espace. ;
- Renforcer les collaborations scientifiques et le rayonnement international du CNES à travers des participations à des programmes multinationaux consacrés à l’observation de la Terre ou à l’exploration.
On remarque donc que l’exploration spatiale lointaine reste reléguée à une participation au sein de programmes internationaux, l’orbite basse récoltant le gros des efforts à venir du CNES. Si cela reste cohérent avec la ligne directrice des dernières années, aux résultats enthousiasmants, ce positionnement détonne aujourd’hui, à l’heure où les agences spatiales américaine, russe, chinoise, japonaise, indienne et même israélienne ou émiratie investissent de plus en plus dans l’exploration spatiale lointaine.
Source : Aerospatium