Du coup, pour dans quatre ans ? Crédits : SpaceX
Du coup, pour dans quatre ans ? Crédits : SpaceX

Lors d'une conférence de presse donnée hier soir, l'agence spatiale américaine a enfin avoué que l'objectif de fouler à nouveau la Lune en 2024 ne pourrait être tenu. La crise sanitaire ainsi que le procès intenté (et perdu) par Blue Origin sont pointés du doigt… Mais il y a encore beaucoup de doutes sur le cher programme Artemis.

Le premier vol est toujours attendu pour le printemps prochain.

Artemis pèse lourd

Alors qu'il est engagé depuis une décennie, le projet de lanceur super-lourd SLS (Space Launch System) et sa capsule Orion n'a pas encore tout à fait abouti. Mais il est à présent inséré dans le grand projet Artemis, qui vise à retourner sur la Lune « pour y rester », et à mener ces missions lointaines en vue de préparer de futures aventures martiennes.

Les premières missions sont connues depuis des années : d'abord Artemis I pour tester lanceur et capsule autour de la Lune, puis une mission quasiment identique avec des astronautes (Artemis II) avant d'utiliser les premières briques de la future station en orbite lunaire (la Gateway) et l'atterrisseur lunaire Starship pour envoyer des Américains fouler le sol lunaire. La suite, elle, est encore sujette à débats. Mais le calendrier aussi, et chaque année, la facture s'alourdit pour les contribuables américains.

Gardons 2024… pour la mission autour de la Lune

L'administrateur de la NASA Bill Nelson a ainsi actualisé le calendrier des missions Artemis : la première en février 2022, Artemis II avec les astronautes en mai 2024, et l'atterrissage lunaire en 2025. C'est la première fois que la NASA avoue officiellement que le calendrier fixé par l'ex-président Donald Trump, de fouler la Lune en 2024, ne sera pas tenu.

Ces dernières années, il s'agissait cependant d'un secret de polichinelle, entre les retards techniques du lanceur super-lourd SLS, la sélection retardée et sous-financée de l'atterrisseur lunaire, et la complexe période de transfert avec l'administration précédente. Toutefois, Bill Nelson dans sa conférence a principalement attribué ce nouveau délai à la crise liée au Covid-19 (qui impacte toute la chaîne industrielle), ainsi qu'au procès intenté par Blue Origin, qui a stoppé durant sept mois les travaux sur le projet Starship-HLS (HLS : Human Landing System). Reste que 2025, c'est dans moins de quatre ans seulement.

Le lanceur géant SLS devrait sortir de son hangar pour la première fois en janvier prochain. Crédits : NASA
Le lanceur géant SLS devrait sortir de son hangar pour la première fois en janvier prochain. Crédits : NASA

Un projet à coups de milliards

Qu'importe, la NASA compte sur de nouveaux fonds pour « accélérer » son projet lunaire. En une décennie de travaux (2012-2022), le coût de développement de la capsule Orion est ainsi estimé à… 9,3 milliards de dollars ! Quant au SLS, les coûts pour la période 2011-2021 montent à 11 milliards, et cela n'engage pas les fonds dédiés aux infrastructures au sol, dont la facture gonfle l'addition de plusieurs milliards. Le projet d'atterrisseur, maintenant attribué à SpaceX, devra bénéficier de 3,3 milliards de dollars dès l'année prochaine si l'agence doit atteindre son objectif de 2025, a prévenu Bill Nelson.

Pour que les politiciens du Congrès puissent financer le projet, l'administrateur de la NASA n'a pas manqué d'agiter une fois de plus une concurrence avec les projets chinois. Selon lui, la Chine est engagée dans une course à l'espace avec les États-Unis, qui doivent maintenir leur rang de « première puissance spatiale ». Et peu lui importe que les missions chinoises soient prévues et annoncées pratiquement une décennie à l'avance : il faut que les USA fassent « mieux ».

Source : Spacenews