En 2021 pour la première fois, les astronautes ont pu manger les piments qu'ils ont eux-mêmes fait pousser dans la Station Spatiale Internationale.
Après les laitues, la station connaît des cultures nouvelles et de plus en plus complexes, avec un record ici de 137 jours avant récolte ! Avec beaucoup d'effets positifs pour les occupants de l'ISS, et bientôt d'autres essais.
Un joli sac de piments doux
Quatre plants, 137 jours, et 26 jolis piments doux. C'est un sacré rendement pour les pousses qui ont germé et grandi au sein de l'Advanced Plant Habitat sur la Station Spatiale Internationale ! L'astronaute Mark Vande Hei s'est occupé de la fin de la récolte le 26 novembre, concluant l'expérience la plus longue avec de la nourriture produite en orbite depuis le début des tentatives du genre.
Megan McArthur avait déjà coupé 7 poivrons/piments (les plants sont identiques) le 29 octobre, et les astronautes en avaient profité dans un repas qui a vite tourné à la « soirée Tacos » avec du bœuf, des tomates et des artichauts réhydratés. Cela a l'air anecdotique, mais en réalité, c'est le fruit (ou pour ainsi dire le légume) de plus d'une décennie de travail. Car faire pousser des plantes aussi complexes que des piments doux sur l'ISS est encore un véritable défi.
Un gros travail depuis le sol
En effet, une grande part des travaux menés avant de voir les plants en orbite est réalisée au sol, par l'équipe dédiée au Plant Habitat, située au Centre Spatial Kennedy. Pour les piments doux, par exemple, il a fallu un peu plus de deux ans. « Nous avons prélevé des piments "Hatch Chili Pepper" cultivés au Nouveau Mexique, avons travaillé pour qu'ils puissent tenir au sein de l'APH, et trouvé des solutions pour que les plants puissent produire cette première génération dans l'espace », explique le responsable de l'expérience, Matt Romeyn.
L'APH est un caisson automatisé avec des caméras et plus de 180 capteurs, et pourtant ces six mois avec des poivrons ont nécessité de multiples interventions des astronautes. Pour installer les plants (Shane Kimbrough en juillet), mais aussi pour les polliniser, et sélectionner les plus performants afin que seules quatre pousses puissent occuper cet espace réduit, d'environ la taille d'un four de cuisine.
Cultivateurs en herbe
L'APH est un matériel plus complexe, et normalement plus autonome que Veggie, l'autre expérience qui permet d'observer des pousses au sein de la station spatiale. Reste que les équipes au sol ont observé que les astronautes étaient aux petits soins pour leurs plants de piments doux. Chaque jour en effet, les capteurs ont détecté plusieurs ouvertures de la façade avant de l'APH, les occupants de l'ISS venant observer, photographier et simplement admirer leur petite culture.
Plusieurs études ces dernières années et les retours d'expérience des astronautes eux-mêmes pointent d'ailleurs vers un bénéfice psychologique à faire pousser des plantes dans ce type d'environnement fermé, et l'engagement des participants est maximal : Veggie et l'APH sont régulièrement cités tout en haut des expériences que les astronautes préfèrent ! Il faut dire que cette fois, ils en ont en plus bien profité, en consommant un bon tiers de la récolte avec un enthousiasme visible.
Poivrons d'aujourd'hui, plantes de demain
Les piments doux restants, ainsi que les feuilles des plants et les racines ont été prélevés et congelés pour des études postérieures après leur retour au sol. En effet l'expérience ne s'arrête pas là, et il faudra comparer le résultat de la production en orbite avec les plants témoins en Floride. D'ores et déjà, les scientifiques ont observé des différences avec un retard de l'apparition des piments (environ 2 semaines) et des formes différentes pour les fruits ainsi que leurs pédoncules.
Les astronautes, eux, commencent à avoir l'habitude de consommer leur « petite production perso ». Sur Veggie, ce sont plusieurs générations de salades qui se succèdent depuis 2014 (laitue, romaine rouge, chou chinois et chou rouge russe, salade mizuna japonaise…), et les astronautes peuvent couper et utiliser presque une moitié des feuilles, ce qui n'est pas très nourrissant à moyen terme, mais apporte une belle satisfaction ! Sur l'APH, les piments doux ont succédé aux radis, que les astronautes n'avaient cependant pas pu goûter.
Pourra-t-on s'appuyer uniquement sur les plantes ?
Et à l'avenir ? Eh bien, plus de piments à l'horizon, mais les équipes vont préparer l'APH pour tenter de faire pousser des grappes entières de tomates cerises, si tout va bien en 2022. Il est aussi question de voir comment se débrouillent des plans de coton, et différentes autres cultures de plantes à feuilles ainsi que des herbes aromatiques dans les années à venir. Les deux expériences serviront encore plusieurs années à tester différentes techniques et sélections des espèces, mais la NASA réfléchit très sérieusement à inclure à l'avenir dans de futures stations (et pas qu'en orbite basse) des caissons pour de la production régulière de nourriture incluse dans le régime « habituel » des astronautes.
Source : NASA