Vue d'artiste du télescope James Webb, à présent pleinement déployé. Crédits NASA
Vue d'artiste du télescope James Webb, à présent pleinement déployé. Crédits NASA

Alors que l'étalonnage de ses instruments scientifiques se termine, les équipes du télescope James Webb s'entraînent aussi à le manœuvrer, et à suivre le lent ballet des objets de notre Système Solaire. Car s'il est équipé pour voir loin, le télescope sera régulièrement tourné dans notre voisinage…

Au menu, astéroïdes, comètes et lunes gelées !

Vision de loin, vision de près

Depuis que l'alignement optique des miroirs et des instruments est terminé, le télescope James Webb, à 1,5 millions de kilomètres de la Terre, n'a plus que quelques étapes à valider avant de démarrer sa longue carrière scientifique. Ces dernières semaines de préparation ont été dédiées au test et à l'étalonnage des 17 modes de fonctionnement, impliquant ses quatre instruments NIRCam, NIRSpec, NIRISS et MIRI, et pour l'instant tous les échos sont très positifs. Il semble qu'après une très longue attente, les performances seront encore meilleures que prévues ! Le JWST a également réalisé ses premiers tests de suivi dynamique, au cours desquels il pointe un objet du Système Solaire, en pivotant sur lui-même pour le suivre dans son mouvement relatif. Une capacité essentielle pour observer les événements proches, mais un exercice délicat également, car les capacités de manœuvre du télescope sont limitées : il doit rester à l'ombre de son gigantesque pare-soleil.

Une affaire de pionniers

Pour le premier objectif de suivi à moyen terme, les équipes ont choisi l'astéroïde 6481 Tenzing, situé dans la ceinture d'astéroïdes entre Mars et Jupiter. De l'aveu même des scientifiques, autant choisir une cible qui représente un succès pionnier : ce grand rocher spatial est nommé d'après le sherpa Tenzing Norgay, qui accompagna en 1953 l'alpiniste Edmund Hillary pour vaincre l'Everest. Il ne s'agit pourtant que de « suivre » l'astéroïde, pas de l'étudier en détail… Au contraire des futures cibles du JWST.

S'il sera pionnier pour voir loin, étudier les galaxies et les amas d'étoiles lointaines, le télescope sera en effet régulièrement pointé beaucoup plus près de nous. Les équipes scientifiques comptent en particulier sur ses capacités spectroscopiques pour étudier la composition des geysers des lunes gelées, en particulier Encelade (autour de Saturne).

Simulation de ce qui pourrait être mesuré avec l'instrument NIRSpec lors d'une émanation de vapeur d'eau sur la lune Europe ! Crédits NASA-GSFC/SVS, Hubble Space Telescope, Stefanie Milam, Geronimo Villanueva
Simulation de ce qui pourrait être mesuré avec l'instrument NIRSpec lors d'une émanation de vapeur d'eau sur la lune Europe ! Crédits NASA-GSFC/SVS, Hubble Space Telescope, Stefanie Milam, Geronimo Villanueva

Découvertes proches en approche !

Comme Hubble avant lui (avec néanmoins des limites d'emploi supplémentaires), le télescope James Webb sera sollicité pour observer des astéroïdes, en particulier ceux qui feront l'objet de missions dédiées, mais aussi les comètes, car ses équipements permettront d'en savoir plus sur la composition des gaz éjectés. Il sera également tourné, tout simplement, vers les planètes Uranus et Neptune, très peu visitées mais pour lesquelles la communauté scientifique attend de nouvelles découvertes. Et c'est sans compter la chasse à l'hypothétique « planète 9 », l'observation des planètes naines comme Pluton ou Eris, et la recherche de nouveaux petits corps dans la ceinture de Kuiper.

Heidi Hammel, responsable du JWST pour les observations du Système Solaire rappelle que l'astéroïde Arrokoth a été découvert par Hubble dans le cadre d'une campagne dédiée, ce qui avait permis ensuite son survol par la mission New Horizons en 2019. Une chose est sûre, dès qu'il sera lancé, le programme du James Webb sera incroyablement chargé !

Source : NASA