Et décollage d'Artemis I ! © NASA/Keegan Barber
Et décollage d'Artemis I ! © NASA/Keegan Barber

Ce 16 novembre restera gravé dans l'histoire de l'agence américaine : après plus d'une décennie de développement et plusieurs reports, le Space Launch System (SLS) a réussi son premier décollage. La mission Artemis I est en transit pour la Lune et signe dans les premières heures un succès déterminant pour la NASA.

Les équipes sont enfin récompensées pour leurs efforts.

Une longue nuit de préparation…

La saga du premier décollage du Space Launch System (SLS) a pris fin ce 16 novembre à précisément 7 h 47 (heure de Paris) et 1 h 47 en Floride. Après 7 ans de développement, 2 de production et d'assemblage, presque une année de tests avant l'arrivée sur la Space Coast, puis plusieurs mois de tentatives de décollage, le soulagement de l'ensemble des équipes était palpable lorsque le centre de contrôle a annoncé les dernières minutes du compte à rebours.

La dernière nuit elle-même n'aura pas été des plus calmes. Dans la soirée du 15 novembre, le centre de contrôle a autorisé le remplissage des réservoirs, une étape particulière, car lors des tentatives précédentes, les équipes au sol avaient détecté plusieurs fuites. Il y en avait notamment sur les lignes d'approvisionnement en hydrogène (les 4 moteurs principaux RS-25 sont alimentés en oxygène et hydrogène liquides). Cette fois, le remplissage a bien eu lieu, mais il a fallu plusieurs interventions.

Arrivée de la "red team" au pied du lanceur, partiellement rempli de ses ergols © NASA / J. Kowsky
Arrivée de la "red team" au pied du lanceur, partiellement rempli de ses ergols © NASA / J. Kowsky

… et quelques frayeurs avant le décollage

En particulier, la NASA a autorisé la « red team », une équipe spécialisée, à intervenir sur la structure de lancement pour vérifier et resserrer manuellement une vanne après avoir détecté une nouvelle petite fuite. Une manœuvre dangereuse, mais réussie ! Plus tard, la NASA a également subi un problème de connexion Ethernet qui a été rectifié, puis des vérifications nécessaires sur le système de sauvegarde de la fusée, qui permet de la détruire à distance si jamais elle dévie de sa trajectoire.

Mais, à 6 h 45 (heure de Paris) environ, après le retour de la « red team » et la fin du remplissage des réservoirs, les équipes n'ont plus soulevé publiquement aucun problème. Il y avait toutefois encore suffisamment de travail pour décaler le tir, et le compte à rebours final n'a pu redémarrer à T-10 minutes qu'à 7 h 37. La séquence, amplement automatisée, a pu arriver à son terme. Et, dans un moment d'incrédulité, d'excitation partagée et de formidable spectacle, le Space Launch System a allumé ses 4 moteurs centraux. Quatre secondes plus tard, les deux boosters auxiliaires à poudre s'allumaient à leur tour, et Artemis I fonçait à travers le ciel clair de Floride.

Des flammes et du fun © ESA / S. Corvaja

Puissance maximale !

SLS est l'un des plus puissants lanceurs à s'être jamais envolé vers l'orbite. Pourtant, son rapport entre masse et poussée est bien plus important que celui de l'iconique Saturn V qui partait du même site. Aussi SLS a-t-il bien plus vite déchiré le ciel, dans le crépitement intense de ses boosters. La météo clémente a même permis au très large public sur place (plusieurs dizaines de milliers de spectateurs) d'observer en détail l'éjection de ces boosters après 2 minutes et 12 secondes de vol.

Ce véritable show pyrotechnique a fini par masquer l'image de l'étage central, qui a pour sa part foncé vers l'orbite pour s'éteindre enfin après 8 minutes et 20 secondes. L'éjection de l'étage supérieur a donc eu lieu en quasi-orbite (apogée à 1 800 km), ce qui a donné le temps à la capsule Orion, toujours attachée au propulseur, d'étendre ses quatre panneaux solaires. Ce déploiement délicat a été observé avec excitation par les équipes de l'ESA et d'Airbus Defence & Space en particulier, puisque c'était l'une des premières tâches dévolues au module de service livré par les Européens sur cette mission américaine.

Objectif Lune !

Il a ensuite fallu pratiquement 2 heures de patience pour observer l'action de l'étage supérieur ICPS (Interim Cryogenic Propulsion Stage), qui a allumé une première fois son moteur pour ajuster l'orbite basse de la mission, puis accéléré l'ensemble pour son injection translunaire, à T+1 heure et 26 minutes. Et il ne s'agissait pas que de quelques secondes d'action, mais de 18 minutes de poussée pour conduire la capsule Orion et son module de service en transit vers la Lune.

Les équipes qui ont travaillé tant d'années sur SLS peuvent être fières, car non seulement la trajectoire était bonne, mais l'éjection d'Orion a pu avoir lieu comme prévu 2 heures et 5 minutes après le décollage. Dans les 90 minutes qui suivent, 10 petits satellites au format CubeSats (6U) seront éjectés à leur tour, avant une dernière manœuvre de l'ICPS qui a déjà réussi sa mission principale. Orion, elle, est en route pour la Lune, et elle s'en approchera jusqu'au 21 novembre, le jour de sa manœuvre d'injection sur une orbite distante rétrograde (DRO) très elliptique. L'ensemble de la mission va durer 26 jours et testera tous les éléments critiques pour le retour des astronautes autour de la Lune.

La Terre, vue depuis Orion peu après la séparation © NASA

50 ans après la mission Apollo 17, Orion est le premier véhicule habitable (mais non habité) à se rendre autour de la Lune. Son début de mission est une réussite très attendue pour la NASA.

Source (direct) : NASA