Qui amènera les astronautes des missions Artemis sur la Lune ? Les deux grandes équipes industrielles qui avaient raté leur sélection en 2021 peuvent retenter leur chance, séduire la NASA… Pour emmener des humains sur la Lune, mais aussi pour remplacer au pied levé SpaceX si Starship échoue.
Ce « 2e round » ne concerne que les missions Artemis V et au-delà.
Souvenez-vous, SpaceX avait gagné
C'est l'un des choix les plus étonnants (et contestés) de la NASA ces dernières années. En 2021, à la surprise générale, l'agence américaine a choisi SpaceX et son Starship pour emmener les astronautes du programme Artemis fouler la surface lunaire, attribuant un premier contrat de 2,9 milliards de dollars à l'industriel.
La proposition de SpaceX est audacieuse, avec un énorme véhicule qui devra faire le plein de carburant en orbite de la Terre avant de se diriger vers notre satellite naturel, d'y rencontrer la capsule Orion (ou de s'amarrer à la station orbitale Gateway) pour aller se poser, ramenant pour la première fois en plus de 50 ans des humains sur la Lune.
Les deux équipes concurrentes avaient fait des pieds et des mains pour tenter de changer la décision de la NASA, en vain… mais elles vont avoir une deuxième chance, car voilà, les dossiers sont déposés pour la sélection « bis » que la NASA va finaliser d'ici l'été prochain.
Voici venu le temps du HLS 2
En effet, après le recours de Blue Origin en 2021 (que l'entreprise a perdu), les appels du pied ont tout de même convaincu les politiciens américains. Le Congrès avait alors explicitement demandé à la NASA de sélectionner un deuxième fournisseur pour le « Artemis HLS » (Human Landing System, l'atterrisseur lunaire).
Objectif : s'assurer qu'il y a toujours une solution disponible pour alunir, sans laisser les rênes à SpaceX comme seul maître d'œuvre… mais aussi viser des objectifs de mission plus ambitieux avec des atterrissages répétés, des équipages importants et des missions longues dans la prochaine décennie.
L'équipe sélectionnée recevra de l'argent pour concevoir et réaliser son alunisseur et pour une mission de démonstration, avant que la NASA choisisse au cas par cas les véhicules dont elle a besoin à partir d'Artemis V (2028-2030).
Tout le monde est là ?
La date limite pour déposer les dossiers est donc passée, et les deux équipes déçues de 2021 ont remis le couvert. On retrouve donc la « National Team », menée par Blue Origin avec un groupement d'industriels de choc incluant Lockheed Martin, Boeing, Draper, Honeybee et Astrobotic. Des poids lourds du spatial américain d'hier, mais aussi d'aujourd'hui, forts d'expériences concrètes à plusieurs niveaux. Le challenge sera peut-être de réussir à les faire tous travailler ensemble en temps et en coûts fixes !
On retrouve également l'étonnant atterrisseur lunaire de Dynetics, proposition évaluée comme la moins faisable techniquement il y a deux ans, mais sur laquelle l'industriel a largement avancé, avec l'arrivée dans son équipe de Northrop Grumman. Un nom qui a toujours du poids, puisqu'il fut associé il y a 50 ans aux fameux LEM des missions Apollo.
D'autres industriels ont pu participer à l'appel d'offres, mais n'ont pas communiqué sur la question pour le moment. Même si à vrai dire, il ne reste plus grand monde aux États-Unis qui ne soit pas dans ces deux équipes. Et si vous pensiez à SpaceX, la firme n'avait évidemment pas le droit de concourir pour le HLS n°2, puisqu'elle fait déjà partie intégrante d'Artemis.
De la politique et de la technique
Les études et la démonstration pour ce deuxième atterrisseur vont coûter une somme substantielle à la NASA, mais elles vont aider à fédérer le projet. D'une part parce que c'est une demande des politiciens (la National Team, par exemple, se vante ouvertement d'offrir des emplois dans 48 des 50 États américains), et de l'autre parce qu'elle stabilise le futur du programme Artemis.
En effet la NASA est en train de prouver avec Artemis I la réussite de son programme de lanceur super-lourd et la viabilité de la capsule Orion à destination de la Lune. Ce qui éclaircit le chemin pour Artemis II avec des astronautes, puis Artemis III pour se poser sur le sol sélène. Il y aura sans doute des retards, mais l'agence américaine sera au rendez-vous.
SpaceX avec Starship, qui fait déjà l'objet de critiques, pourrait être en position de faiblesse : le choix du deuxième atterrisseur sera donc observé avec attention… Avec, peut-être, le revers de la médaille. En effet si Starship fonctionne comme prévu et que SpaceX tient ses promesses, cette nouvelle sélection pourrait bien se révéler inutile. Un pari ?
Source : Spacenews