Les plans s'affinent pour amener des astronautes chinois fouler le sol lunaire d'ici la fin de la décennie. Un programme de plus en plus concret, et des missions de plus en plus ambitieuses, même si elles devraient toujours être limitées par les capacités de leurs fusées à moyen terme.
Une nouvelle course à la Lune ? Pas vraiment, le projet chinois est la suite de plus d'une décennie de progrès.
Pas qu'une question de bureau d'étude
Bien sûr, tout est encore préliminaire, s'agissant d'un plan qui concerne la fin de la décennie. Mais l'architecture de mission qui permettra à la Chine d'envoyer deux de ses ressortissants fouler le sol lunaire se met doucement en place. Elle devrait finalement reposer sur le lanceur CZ-10, en cours de développement actuellement et moins ambitieux que la gigantesque fusée CZ-9, qui ne sera disponible que plus tard, lorsque les technologies seront plus matures (notamment parce qu'elle sera réutilisable).
CZ-10, qui reprend plusieurs éléments déjà disponibles dont des moteurs en test actuellement, devrait voler dans une première version dès 2027, et sa capacité espérée en 2028-29 devrait permettre d'envoyer jusqu'à 27 tonnes vers la Lune. Assez pour y envoyer une capsule habitée et un atterrisseur ? Non, pas les deux. Mais chaque élément de 26 tonnes fera le voyage indépendamment, et ils se retrouveront en orbite lunaire, avant de se séparer provisoirement et d'emmener les astronautes (ou taïkonautes) tenter de se poser et de fouler le régolithe.
Un plan réaliste ?
Ce « plan » détaillé par Zhang Hailian, l'un des responsables de la CMSA (China Manned Space Agency) correspond à d'autres déclarations plus tôt dans l'année affirmant que la Chine tenterait ses premiers pas lunaires avant la fin de la décennie. Deux véhicules différents (capsule et atterrisseur) de 26 tonnes chacun, c'est dans l'air du temps : Orion (États-Unis) et son module de service ont à peu près cette masse au décollage.
Les discours sont aussi renforcés par les appels récents aux laboratoires internationaux pour de nouvelles opportunités d'expériences sur des missions lunaires. La Chine prépare également les autres briques technologiques nécessaires pour soutenir une telle architecture à moyen terme : une nouvelle combinaison extravéhiculaire (ou une Feitan adaptée) pour évoluer à la surface lunaire, et une petite « jeep lunaire » très légère pesant environ 200 kilos et capable d'emmener ses occupants dans un rayon de 5 kilomètres de leur point d'alunissage. Les vues d'artistes « officielles » de ces éléments commencent à émerger.
En (longue) marche vers l'ILRS
Ces développements ne surprendront pas les observateurs réguliers du programme spatial chinois, qui continue de gagner en ambition, en particulier pour ses missions lunaires, depuis plus d'une décennie. Pour sa mission la plus complexe à ce jour en 2020 (Chang'E 5), le pays avait tout de même réussi à se poser sur la surface pour en redécoller, avant de rejoindre un véhicule en orbite lunaire et de ramener une capsule d'échantillons sur Terre.
La Chine devrait retenter la même aventure sur la face cachée en 2024, avant deux autres missions robotisées d'envergure près du pôle Sud lunaire. Ces dernières, en particulier Chang'E 8 (prévue en 2028) qui testera l'utilisation de ressources in-situ, prépareront, si tout va bien d'ici là, l'installation d'une base avec de potentiels habitats et modules expérimentaux, l'ILRS. Tout cela est encore loin ? Oui, mais pour que ce soit une réalité à l'horizon 2030, il vaut mieux s'y préparer maintenant… La Chine a son propre rythme et ses propres ambitions lunaires, sans particulièrement tenir compte de ce que font les autres grandes nations spatiales. Et qu'importe si les États-Unis évoquent une course.
Source : spacenews.com