Voilà qui est très ennuyeux pour l'opérateur ViaSat. L'un de ses plus gros satellites de communication destiné à l'orbite géostationnaire, qui a décollé en avril, n'a pas réussi à déployer son énorme réflecteur d'antenne. Sa mission sera au mieux handicapée, au pire complètement fichue. Et surtout, l'addition sera salée !
D'autant que l'assurance ne pourra pas tout couvrir…
Des ennuis grand format
ViaSat-3 Americas est un très grand satellite d'une masse d'environ 6,4 tonnes au minimum, qui a décollé en avril dernier grâce à un lanceur Falcon Heavy. Il s'agit de l'un des lanceurs les plus puissants au monde pour cette unité fabriquée par Boeing en Californie à El Segundo, et parfois surnommé le « fer à repasser ».
Côté satellite aussi, on peut noter une énorme puissance grâce à des panneaux solaires de l'envergure d'un petit avion de ligne, capables de convertir jusqu'à 30 kW d'énergie solaire ! Déployer les panneaux était une étape délicate, mais quelques heures après le décollage, tout s'était bien passé. Il restait cependant un élément particulier, un réflecteur au service de l'énorme débit de 1 To/s pour les antennes du satellite, utilisé pour la connectivité internet. Mais ce dernier n'a pu être déployé comme prévu.
La franchise va un peu grimper
ViaSat, Boeing, qui s'est chargée de l'intégration du satellite, et Northrop Grumman, qui s'est occupée du réflecteur et de son bras de déploiement d'au moins 25 mètres de long (directement dérivé de celui utilisé sur le télescope James Webb), gardent le silence sur les caractéristiques exactes de cet élément très sensible.
S'agissant de l'un des plus grands de sa génération, il fait probablement au moins 6 mètres de diamètre, avec une structure en polymères et carbone, une fine surface traitée à l'or et plusieurs petits moteurs consacrés à son déploiement, qui devait à lui seul prendre plusieurs jours. Cette gigantesque « ombrelle » est indispensable au bon fonctionnement de ViaSat-3 Americas, qui devait rester actif au moins 15 ans, mais rencontre un gros problème.
Le réflecteur est-il endommagé ou déchiré ? Est-il resté partiellement bloqué ? L'information ne filtre pas. Pour autant, ViaSat envisagerait un remboursement par l'assurance de son énorme satellite, même si cette dernière ne couvre « que » 420 millions de dollars pour ce satellite que des experts estiment à environ 700 millions.
Jamais le bon moment
Les trois satellites ViaSat-3 sont très en retard sur les calendriers initiaux prévus par l'opérateur à la fin de la dernière décennie, parce que leur conception est particulièrement complexe. Et cet échec en orbite ne va rien arranger !
Conçus pour assurer la connectivité sur de larges régions pour l'instant mal desservies, ces grands et chers satellites sont déjà soumis à la concurrence directe des constellations de communication de SpaceX ou OneWeb. Malgré tout, avec de grandes capacités pour des marchés émergents, ces unités ont toujours leur place, et les contrats sont importants. La perte d'une grande unité de nouvelle génération va donc faire très mal à un opérateur tel que ViaSat. D’autant plus que l'entreprise a besoin de rembourser ses prêts, puisqu'elle a racheté l'un de ses concurrents, Inmarsat, plus tôt dans l'année…
Source : ArsTechnica