Vue d'artiste d'un satellite OneWeb © OneWeb Satellites
Vue d'artiste d'un satellite OneWeb © OneWeb Satellites

Après le dernier lancement entièrement consacré à sa constellation de connectivité dimanche, OneWeb dispose d'assez d'unités pour relayer les signaux tout autour du globe. L'année 2023 marque donc la fin de la « première phase », malgré un déploiement particulièrement compliqué, mais aussi d'importantes perspectives économiques.

Il s'agit de la première constellation complète pour de la connectivité haut débit en orbite basse.

Un dernier lancement consacré à la superconstellation

Le soulagement était palpable ce dimanche 26 mars pour les équipes de OneWeb après le déploiement en orbite basse de la nouvelle « grappe » de 36 satellites de l'entreprise. Le décollage, en préparation depuis plusieurs mois, a eu lieu depuis le Centre spatial Satish Dhawan en Inde, avec le lanceur GSLV Mk-3, le plus puissant dont dispose le pays. Comme nous l'avons appris cette semaine, cette fusée ne devait initialement pas être proposée pour des services commerciaux en 2022-2023, mais OneWeb a reçu l'aval politique du Premier ministre indien.

Il faut dire que l'enjeu était important. Non seulement l'Inde tente de se faire une place alors que SpaceX cannibalise le marché mondial des lancements commerciaux, mais en plus, depuis sa faillite et sa restructuration en 2020, OneWeb est bien en partie indien (grâce à l'opérateur Bharti). L'initiative a payé, et ce sont 72 satellites de la superconstellation qui ont décollé depuis le pays, y compris donc ce lancement, le dernier entièrement consacré à la constellation. Avec 614 satellites en opération, OneWeb atteint une couverture mondiale en 17 lancements.

OneWeb a une constellation globale !

Concrètement, cela signifie qu'à part 15 satellites qui seront envoyés en orbite en tant qu'unités « de remplacement », le déploiement de OneWeb est complet. Et ce, même si 36 satellites sont toujours retenus en otage dans la base russe de Baïkonour au Kazakhstan. L'opérateur les considère comme perdus. Tant pis, il faut aller de l'avant.

L'entreprise a pris un peu de marge, le temps que toutes les unités soient à la bonne place dans la constellation, et annonce la pleine capacité de son service pour le deuxième semestre. Il faut en effet que les unités, de 150 kilos chacune, prennent leur place et soient testées avant d'être activées pour les opérateurs partenaires de la constellation. OneWeb, à l'inverse de Starlink ou du futur concurrent Amazon, ne vend pas directement aux consommateurs, mais aux opérateurs et aux grands comptes (compagnies d'aviation et maritimes, opérateurs mobiles, services d'urgence, etc.). En théorie, ils auront donc du haut débit en continu grâce à la constellation globale.

La dernière "grappe" complète de satellites OneWeb avant leur mise sous coiffe © OneWeb
La dernière "grappe" complète de satellites OneWeb avant leur mise sous coiffe © OneWeb

Place aux revenus ?

Le grand opérateur français Eutelsat, qui aimerait bien finaliser son rachat de OneWeb (en cours depuis plus d'un an), estime qu'avec plus de 600 satellites en orbite, la constellation pourrait rester stable jusqu'à 2026 environ et générer dès cette année plusieurs centaines de millions de dollars de revenus. Cela laisserait le temps de préparer la prochaine génération de satellites, qui seront plus performants et permettront une connectivité de meilleure qualité.

Eutelsat prévoit d'ailleurs de mettre en place des « ponts » entre orbite basse et haute à l'avenir. Il faut ajouter que s'il est moins visible que Starlink, le service de OneWeb est fortement demandé, les services de connectivité itinérante étant en très forte hausse. Y en aura-t-il pour tout le monde ? Pour l'instant, la question ne se pose pas. Le déploiement de Starlink n'étant pas terminé malgré ses wagons de nouveaux satellites et ses plus de 4 000 unités en orbite, OneWeb compte bien montrer à ses clients que tant qu'il lui reste des capacités à allouer, sa constellation répond à leurs attentes.