Le petit rover Pragyan a photographié l'atterrisseur qui l'a amené sur la surface © ISRO
Le petit rover Pragyan a photographié l'atterrisseur qui l'a amené sur la surface © ISRO

Le jour lunaire touche à sa fin sur la zone où s'est posé Chandrayaan-3. Presque deux semaines de mesures, de premières pour l'Inde spatiale et de promesses pour l'avenir. Le matériel s'est comporté comme prévu, et les équipes se sont même permis une petite nouveauté audacieuse, un saut avant la mise en sommeil.

Le soleil, prochain objectif de l'Inde, se lèvera sur la zone d'ici 16 jours.

C'est l'heure d'un gros dodo

Depuis ce 4 septembre, l'atterrisseur Vikram et le petit rover Pragyan ont été mis en sommeil par les équipes du centre de contrôle de l'ISRO, l'agence spatiale indienne. Ces derniers ont pris les devants en téléchargeant un maximum de données, et en prenant une marge de sécurité pour ne pas que les instruments ou d'autres éléments des véhicules ne tombent en panne, faute d'énergie disponible.

En effet, la mission Chandrayaan-3, qui s'est posée sur le sol lunaire le 23 août, ne pouvait pas durer plus de deux semaines. Les deux véhicules sont alimentés par des batteries rechargées par des panneaux solaires, et le soleil est progressivement en train de se coucher sur la zone proche du pôle Sud lunaire. Contrairement à d'autres missions, comme Chang'E 3 ou 4 (Chine), l'Inde n'a pas équipé Chandrayaan-3 de générateurs de chaleur radioactifs. Vikram et Pragyan vont épuiser leurs batteries, se refroidir et s'éteindre définitivement.

La trajectoire du rover Pragyan sur la surface lunaire © ISRO
La trajectoire du rover Pragyan sur la surface lunaire © ISRO

Tout est bien qui…

Définitivement, vraiment ? L'ISRO tentera tout de même, d'ici la fin du mois, de reprendre contact avec ses véhicules lunaires, mais l'espoir est faible, et ils n'ont pas été conçus pour cela. Reste que Chandrayaan-3 a jusqu'ici dépassé tous les espoirs de ses concepteurs. Il s'est tout d'abord posé sans encombre sur un site dégagé (baptisé Shiva Shakti), mais a aussi exécuté avec succès toute la suite de sa mission.

Le déploiement des instruments et leurs mesures ont été enregistrés et transmis, la rampe du rover s'est abaissée, et ce dernier a pu rouler. Les équipes ont calculé que, tout compris, Prayan (26 kilos) a parcouru environ 101 mètres. C'est un peu moins que ce qui avait été imaginé lors de sa conception, et les scientifiques espéraient 300 mètres, mais il a toutefois pris des photos, analysé le sol, permis de valider les algorithmes de sa trajectoire, etc.

Les images avant et après le "saut" à la fin de la mission. Notez les traces du rover, à 40 centimètres environ du bas de la rampe © ISRO

Un dernier saut avant de l'éteindre

Quelques poignées d'heures avant d'éteindre progressivement l'atterrisseur, les équipes indiennes ont tenu à profiter du carburant qu'il restait dans les réservoirs et qui n'avait pas servi le 23 août. Elles ont programmé une manœuvre rarissime (seule une mission Surveyor américaine l'avait exécutée jusque-là) et demandé à l'atterrisseur un petit « saut ». Le véhicule de plus de 600 kilos a rallumé ses propulseurs pour se soulever du sol avant de se poser à nouveau, 40 centimètres plus loin.

Techniquement, cela peut sembler timide… mais ce n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît ! Il faut déjà que les propulseurs répondent présents après 2 semaines d'inactivité, mais également que le contrôle soit impeccable pour ne pas basculer sur le côté. Les images et les mesures des capteurs après ce petit déplacement ont été parmi les dernières à être transférées sur Terre avant la mise en sommeil.

Les responsables du programme ont déjà annoncé que leur programme lunaire serait poursuivi avec des missions encore plus ambitieuses.

Source : SpaceNews