Ce 16 août, l'atterrisseur lunaire russe Luna 25 entre à son tour en orbite autour de notre satellite naturel. Il y rejoint par coïncidence une autre mission, celle de l'atterrisseur indien Chandrayaan-3. Les deux véhicules devraient tenter de se poser à deux jours d'écart. Vont-ils réussir ?
Le Japon enverra quant à lui sa nouvelle mission lunaire SLIM le 26 août.
L'Inde en orbite d'abord…
Ce 16 août au matin, l'Inde a confirmé avoir à nouveau réussi une petite manœuvre avec son atterrisseur lunaire Chandrayaan-3. Ce dernier, qui a décollé le 14 juillet, avait d'abord été envoyé en orbite autour de la Terre. Puis, à l'aide d'un petit module consacré à son transfert, il a allumé ses propulseurs pour rendre son orbite de plus en plus elliptique, jusqu'à partir pour la Lune. Cette méthode est économique en carburant, mais prend du temps, demande de la précision et expose les composants électroniques plus longtemps aux rigueurs du voyage spatial.
Le 5 août, l'atterrisseur Chandrayaan-3 (1,7 tonne à vide) est arrivé en orbite lunaire, et depuis, il se rapproche de la surface. Demain, il devrait même se séparer de son module de propulsion spécial pour préparer seul son atterrissage près du pôle Sud, actuellement prévu le 23 août. Il n'est plus qu'à 153 kilomètres d'altitude, et pourtant, il devrait se faire dépasser par la mission russe Luna 25.
Mais la Russie va tenter de se poser en premier !
Cet autre atterrisseur lunaire est tout juste arrivé en orbite aujourd'hui grâce à deux allumages de ses systèmes propulsifs (243 secondes et 76 secondes), après son décollage le 10 août. Mais le lancement russe a utilisé une trajectoire beaucoup plus directe et moins économique en carburant pour s'élancer vers la Lune. Cela présente des avantages, comme beaucoup moins de manœuvres, et donc moins de risque d'un raté de ses moteurs.
Luna 25 (615 kilos à vide), qui n'utilise pas de module spécifique de propulsion, est déjà dans la bonne configuration pour se poser, et la manœuvre est pour l'instant prévue le 21 août. Pour ce qui est de la dernière partie, les deux véhicules indien et russe seront logés à la même enseigne : une longue phase de freinage qui se terminera par une dernière approche du sol lunaire et une tentative pour se poser sur le régolithe.
Beaucoup de technique et un peu de chance
L'atterrissage lunaire est un exercice exigeant, nous l'avons vu en 2019 avec la tentative d'atterrissage de la mission indienne Chandrayaan-2, ou au début de cette année avec l'atterrisseur japonais Hakuto-R. Ces deux tentatives seront donc à suivre de près. Cette dernière décennie, seule la Chine a montré son savoir-faire avec succès, et deux autres nations pourraient la rejoindre en seulement trois jours. Certains pointent du doigt cet agenda, même s'il s'agit d'un véritable hasard, et que les deux missions indienne et russe vont se poser à 120 kilomètres l'une de l'autre.
En effet, Luna 25 est retardée depuis plusieurs années à la suite de soucis techniques lors de tests sur Terre, puis à cause de l'invasion russe de l'Ukraine (une participation européenne a été annulée). Ce lancement en août est davantage dû à ces retards et à la mécanique orbitale qu'à une quelconque volonté d'atterrir avant l'Inde. Après tout, les missions Luna ont déjà été à de nombreuses reprises couvertes de gloire, même si c'était il y a un demi-siècle.
En attendant les deux tentatives, il faut enfin souligner qu'il n'est déjà pas simple de conduire ce genre de véhicules complexes dans leur position finale avant la descente, et que les deux nations spatiales ont montré cet été une sérieuse maîtrise de tous les déplacements, des communications ainsi que de l'activation de leurs différents systèmes. Cela sera-t-il suffisant ?
Source : Space