À en croire certains, la planète rouge est notre salut ! Pourtant, si elle reste l'une destinations les plus prisées pour nos robots, Mars renferme plusieurs secrets. Celui de notre futur, ou celui d'une vie passée ?
Cousine éloignée
Mars est la « dernière » des planètes telluriques classiques, et comme ses cousines plus proches du Soleil, elle est observée par les habitants de la Terre depuis des milliers d'années. Mars y a d'ailleurs gagné son surnom de planète rouge (alors qu'elle tire plutôt sur l'orange mais que voulez-vous) et même une connotation guerrière. En réalité, sur place, tout est calme et froid depuis des centaines de millions d'années.Si elle fut un temps habitable, avec une atmosphère plutôt favorable aux conditions de vie, Mars est aujourd'hui un désert minéral, sur lequel il fait entre -163°C et 20°C (choisissez bien votre site d'atterrissage), entouré par une atmosphère très fine à base de CO2. Les journées y durent 24 heures et 40 minutes, mais l'orbite de Mars loin du Soleil implique qu'une année dure 687 jours terrestres (un martien de dix ans est donc majeur).
Un physique de rêve
Les destinations intéressantes ne manquent pas sur notre petite voisine, dix fois moins massive que la Terre. On y retrouve Olympus Mons (le mont Olympe donc), le plus grand volcan (et la plus grande « montagne ») du Système Solaire avec ses 22,5 km de dénivelé positifs. Mars abrite aussi le très connu et titanesque canyon Valles Marineris, qui forme tout un réseau de canyons sur pratiquement un quart de l'équateur martien, avec des parois présentant par endroit un dénivelé de 9 000 m (et non, il n'est pas possible d'y sauter en Wingsuit).Il y a de la glace solide aux pôles, mais aussi un cycle de l'eau dans plusieurs régions à cause des températures : du givre se forme, puis se sublime en gaz dans la journée. Pour le reste, c'est le désert à l'échelle planétaire. Des montagnes, d'anciens cours d'eau, des cratères, des plaines vastes parcourues par les dunes aux grès des vents légers. D'étranges chemins sillonnent les plaines : ce sont les restes des tourbillons de sable (dust devils) qui peuvent, dans de bonnes conditions, parcourir plusieurs dizaines de kilomètres.
Je vous parle d'un temps...
Mars a la douce réputation d'être la seule planète uniquement habitée par des robots. C'est en tout cas la seule sur laquelle ces derniers sont actifs au sol depuis 2004 et en orbite depuis 1996. Pourtant, malgré la diversité des sondes et des missions qui se sont posées sur la planète rouge, il reste une montagne de questions sans réponses à son propos.Sur son passé d'abord. Il y a 3 milliards d'années, pourvue d'une atmosphère plus dense, elle abritait visiblement des cours d'eau et même des océans. Des conditions propices à la vie, dont on n'a pour l'instant pas retrouvé trace. La question est au centre des débats depuis plus d'un siècle, lorsque des astronomes croyaient observer des canaux artificiels à la surface en observant Mars au télescope. La planète a été cartographiée, photographiée, creusée, forée (en surface), brûlée au laser, on écoute son cœur et ses tremblements, on mesure sa rotation, la densité des gaz de son atmosphère, et on continue d'en apprendre de plus en plus à son sujet...
Passer à travers
À cause de son absence de magnétosphère, la surface de Mars subit un taux important de radiations comparé à sa voisine la planète bleue, ce qui n'arrange rien pour y aller. Et puis, il y a son atmosphère. Elle paraît bien insignifiante, mais quand il s'agit de la traverser pour atterrir sur les sables orangés, quel obstacle ! Assez dense pour nécessiter un bouclier thermique afin de ne pas brûler le véhicule arrivant de l'orbite, mais trop peu dense pour pouvoir atterrir juste avec un parachute. Il faut freiner.Pour cela, depuis 20 ans les ingénieurs rivalisent d'audace. Propulseurs à usage unique, airbags comme des grappes de raisin, jusqu'à la « skycrane » de Curiosity, une grue qui a déposé délicatement le rover de près d'une tonne sur la surface de Mars avant de partir s'écraser quelques centaines de mètres plus loin.
Destination Mars quand même
Mars fascine, tant par la difficulté à l'atteindre (presque la moitié des missions ont échoué, la dernière en 2016) que par son attrait. Après la Lune, elle est « la plus évidente » de nos envies de conquêtes habitées. Si Elon Musk en a fait publiquement l'objectif de l'entreprise qu'il a créée il y a moins de 20 ans (SpaceX), les agences spatiales, elles, restent plus prudentes.On évoque à présent la décennie 2030-2040, en attendant de futurs progrès. Mais cela ne veut pas dire que nos aventures sur et autour de Mars seront moins passionnantes, bien au contraire. En 2020, trois missions sont destinées à notre voisine : l'orbiteur Hope des Emirats Arabes Unis, la mission chinoise Huoxing-1 (orbiteur, atterrisseur et rover) et le grand « laboratoire sur roues » Perseverance de la NASA. La mission Européenne et Russe ExoMars tentera de se poser en 2023, quand, en 2024, c'est la mission japonaise MMX qui visera les deux petites lunes de Mars, Phobos et Deimos...
Et les scientifiques préparent déjà le prochain grand défi : concevoir une mission pour ramener des échantillons sur Terre.
Quant à la terraformation, il vaut mieux se tourner vers la littérature SF ou les jeux vidéo...
Notes touristiques :
- Voyage 5/10 : Une fenêtre tous les 26 mois, ça peut sembler acceptable, mais pour un aller-retour, cela implique de passer deux années sur place, sans compter les six à huit mois de trajet. Ça fait beaucoup de congés à poser.
- Paysages 9/10 : Plus on a été capables d'observer Mars en détail, plus elle s'est révélée incroyablement belle. Sauf si vous préférez la mer. Ou la jungle. Ou les cultures. Une minute, vous aimez les roches, non ?
- Habitabilité 4/10 : Malgré les annonces de terraformation future, Mars ne mérite pas la moyenne. L'atmosphère est irrespirable, les radiations nous rendent la vie dure, les hivers sont rigoureux et le sable se fiche partout.