Dernière destination au catalogue des planètes officielles, Neptune vaut un long voyage. Mais la véritable « planète bleue », avec sa météo tempétueuse, reste un monde à découvrir.
Même les lunes viennent y faire une pause.
Un minuscule point bleuté...
Dernier arrêt : Neptune ! Au-delà, l'agence de voyage ne propose plus que des charters vers des planètes mineures. Mais à 30 fois la distance Terre-Soleil en moyenne, Neptune est déjà extraordinairement lointaine. Elle n'est visible qu'au télescope, et fut découverte en 1846 grâce aux calculs de mathématiciens (l'anglais John Adams, puis le français Urbain Le Verrier) qui prédirent sa position en fonction de la mécanique céleste d'Uranus, et à l'observation de l'allemand Johann Galle.Une aventure déjà rocambolesque puisqu'on s'aperçut ensuite que plusieurs astronomes avaient déjà observé Neptune, et pour certains avaient même noté un mouvement, mais n'avaient rien publié sur le sujet. Elle est la seconde géante de glace de notre Système Solaire : une planète gazeuse mais avec une composition différente de celle de Jupiter et Saturne. Neptune, c'est aussi ce bleu profond qu'elle doit à... à quoi d'ailleurs ? On ne sait pas exactement. En partie à cause de la présence de méthane.
Avec un rayon quatre fois plus grand que celui de la Terre à l'équateur, Neptune reste une géante. Elle a d'ailleurs des anneaux, mais ces derniers ne sont pas vraiment visibles depuis la Terre : il faudra le survol de Neptune pour confirmer l'existence des cinq anneaux principaux, car contrairement à ceux de Saturne qui contiennent une part importante de glace, ici il s'agit de poussière sombre.
Sur Neptune, les saisons durent 40 ans, ce qui est suffisant pour terminer une partie de Monopoly (avec les hôtels) mais aussi et surtout pour qu'une différence de température significative se créé entre les pôles sur cet enfer froid où les températures moyennes (et ressenties) sont de -200°C.
Des lunes inconnues
Au moment du survol de Neptune par Voyager 2 le 25 août 1989, seuls deux satellites naturels de Neptune sont connus : Triton et Néréide. Une troisième lune, Larissa, n'a pu être observée en détail car sa position n'était pas encore établie. Le survol a permis d'en découvrir cinq nouveaux, tandis que des observations par les télescopes au sol et grâce à Hubble ont mené depuis à la découverte de six autres petits satellites. Dire qu'ils sont généralement mal connus est en dessous de la vérité : pour la majorité d'entre eux, ce sont des points de la taille d'un pixel se déplaçant sur les clichés pris à la faveur d'une occultation... Sauf Triton, bien sûr. La plus grande lune de Neptune est bien particulière.Déjà, elle tourne à l'envers : son orbite est rétrograde (elle va dans le sens inverse de la rotation de Neptune), ce qui physiquement est intéressant puisque ses voisines, elles, vont dans le bon sens. Du coup, les scientifiques ont souhaité l'observer de près, et ont fait passer Voyager 2 à moins de 40 000 km de la surface de Triton. Sur les clichés, on découvre des nuages, des calottes polaires et même des traces de cryovolcans générés par des forces de marée. Avec sa composition et son orbite, on déduit qu'elle ne s'est définitivement pas formée autour de Neptune : Triton est une planète mineure capturée par la géante de glace ! On sait aujourd'hui qu'elle partage plusieurs points communs avec Pluton.
Voyager 2, et puis...
Comme Uranus, Neptune n'a connu qu'une seule visite à ce jour, celle de la sonde Voyager 2. Mais la situation pourrait bien changer : un projet d'étude de Triton (qui décidément interpelle) fait partie d'une liste de finalistes pour des missions NASA et dispose d'environ une chance sur deux d'être sélectionné. On parle, une fois encore, d'un survol ; car entrer en orbite de Neptune nécessiterait énormément de carburant... Mais c'est tout de même mieux que rien ! Il faudra être patients et attendre probablement la fin de la prochaine décennie.Bienvenue chez les trans-neptunéens !
En 2006, l'IAU (International Astronomical Union) a décidé de définir ce qu'était (ou non) une planète, ce qui a eu pour conséquence de déclasser Pluton, et de (re)propulser Neptune à la fin de la liste... sur des considérations qui font toujours débat aujourd'hui. Mais même lorsque Pluton était encore une « planète officielle », Neptune était périodiquement la plus lointaine du Soleil. En effet, à cause de son orbite elliptique, Pluton passe plusieurs années (terrestres) avec un périgée plus proche de notre étoile que l'orbite de Neptune.Et c'est aussi le cas pour plusieurs petits corps célestes, et d'autres planètes naines. Cette famille a un nom : on les appelle les TNO, pour Trans-Neptuneans Objects. Mais cela ne veut pas dire qu'il y a en permanence des objets sur la trajectoire de Neptune : la grande majorité des TNO ont des orbites inclinées et n'ont aucun risque de rencontrer la grande bleue lorsqu'ils sont au plus près du Soleil.
Le 12 juillet 2011, Neptune avait fait exactement une révolution autour du Soleil depuis sa découverte en 1846. Durant cette période, elle n'a été visitée qu'une seule fois. Il ne tient qu'à nous d'augmenter le compte avant 2176 !
Notes touristiques :
- Voyage 1/10 : Il a fallu une décennie que Voyager 2 atteigne Neptune dans les meilleures conditions... Pour un véhicule plus lourd, il faut imaginer plus du double. Et prévoir des piles nucléaires : les panneaux solaires sur place ne sont d'aucune utilité.
- Paysages 6/10 : Quelques mordus de nuages viennent faire du vol à voile à Mach 2 sur un océan couleur saphir. Les physiciens se passionnent pour Triton et ses cryovolcans. Et si la prochaine découverte était la vôtre ?
- Habitabilité 2/10 : Etant donné les températures globales sur place, le système planétaire est réservé à ceux qui se refusent à mettre un pull et une écharpe au milieu de l'hiver. Attention, les igloo en glace de méthane sont inflammables.