Avec ses cinq instruments encore actifs, la sonde Voyager 2, lancée en 1977, transmet patiemment ses données après le passage de la « frontière solaire », l'héliopause, il y a un an. Les précieux relevés documentent la zone pour la seconde fois...
Il y a tout juste un an le 5 novembre, Voyager 2 franchissait la frontière de l'héliosphère, cette zone au sein de laquelle les vents solaires de notre étoile sont prédominants, et atteignait l'héliopause. Le flux de particules (le plasma, très peu dense) dans lequel elle évolue a changé ainsi que les mesures du champ magnétique auquel elle est soumise.
Après Voyager 1 en 2012, elle devenait seulement la seconde sonde active à pouvoir faire des mesures hors de la « bulle » solaire... La NASA, dans un vocabulaire controversé, parle même d'espace interstellaire. Peu importe le nom, les équipes scientifiques ont saisi avec enthousiasme l'opportunité d'exploiter ces données, malgré les 16h30 de trajet que les relevés parcourent entre le véhicule et notre planète. Ce lundi, ils ont publié 5 articles dans Nature Astronomy.
Se prendre un vent interstellaire
Même si elle se trouve physiquement encore dans le Système Solaire, la sonde Voyager 2 n'est donc plus impactée par les vents solaires. Ses capteurs ont mesuré des changements des plasmas dans lesquels elle évolue, avec des particules chargées de beaucoup d'autres étoiles et des rayonnements cosmiques issus d'événements extrêmes comme les supernovae.De ces 5 articles, qui correspondent aux 5 instruments de Voyager 2 encore actifs (un capteur de champ magnétique MAG, deux capteurs pour détecter les particules à faible énergie LECP et CRS, et deux capteurs pour étudier le plasma PLS et PWS), les principaux constats établis par Voyager 1 sont confortés, avec plus de précision car l'instrument PLS est en panne sur ce dernier.
Si loin de toi, Soleil
Il y a toutefois quelques différences dans les mesures, notamment parce que les trajectoires de Voyager 1 (actuellement à 22,1 milliards de km) et Voyager 2 (18,3 milliards de km) n'ont pas suivi le même cap. Voyager 1 a franchi l'héliopause dans la même direction globale que celle que poursuit le Soleil dans son mouvement au sein de notre galaxie, ce qui a aussi donné des mesures différentes au niveau des plasmas. Et le Soleil, entre 2012 et aujourd'hui, n'est pas dans la même « saison » de son cycle d'activité.Stamatios Krimigis, l'un des scientifiques originels de la mission et chercheur à l'Université John Hopkins, a cependant déclaré que nous en savions toujours très peu sur la physique de l'héliopause, malgré ces deux visites. « C'est une bulle toute entière, que nous n'avons franchie qu'à deux points distincts ». Malheureusement, aucune autre mission ne devrait la franchir en étant active prochainement (New Horizons se sera éteinte avant), et à court de chaleur les deux sondes Voyager devraient lentement s'éteindre dans les 5 ans à venir... Après plus de 45 ans de découvertes !
Source : NASA.