Tout ce qui est rare est cher, c'est bien connu. Et en ce moment, les parcelles dans Decentraland semblent particulièrement rares.
Les promoteurs du metaverse nous l'assurent, ils construisent un nouveau monde pour demain. Ils oublient de préciser que celui-ci ressemble furieusement à celui d'hier : quelques grands propriétaires terriens accaparent l'immense majorité de la richesse créée par d'autres, et aucune régulation n'est à l'ordre du jour pour limiter les effets de leur domination.
Louer une parcelle dans le metaverse, mais pour quoi faire ?
Il faut bien reconnaître à ceux qui ont acheté des parcelles dans Decentraland (autour de 20 dollars l'unité en 2019) ont eu le nez creux. En effet, si toutes ne trouvent pas de locataires de longue durée, celles qui le font remboursent largement l'investissement dès le premier jour. Ainsi, des marques comme Mastercard ou Heineken ont loué certaines d'entre elles en 2022 pour quelques jours ou quelques mois à l'occasion de campagnes de communication. Des artistes ont également loué des parcelles pour y donner des concerts.
Si l'immobilier 3.0 reste un marché de niche, il est suffisamment important pour générer de nouvelles vocations, et des agents immobiliers virtuels existent déjà. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ont du travail. Dans Decentraland, l'un des univers virtuels les plus populaires, seules 40 parcelles en moyenne sont louées, sur plus de 300 disponibles. La plus chère d'entre elles, située au centre de ce monde, est disponible pour la modique somme de 7 000 $… par jour.
Changer le monde ? Mais il est très bien comme ça !
Si vous avez l'intention de vous lancer dans l'immobilier virtuel, c'est probablement déjà trop tard. Aujourd'hui, il vous faudra débourser beaucoup plus que les 20 dollars initiaux pour devenir propriétaire et plutôt compter votre investissement en dizaines de milliers de dollars. Les propriétaires actuels sont donc assis sur un tas d'or qui ne leur a rien coûté ou presque, et qui ne génère pas les coûts de gestion et d'entretien que les bâtiments du monde réel entraînent forcément. La concentration de richesse dans le metaverse a donc le potentiel de se faire infiniment plus vite qu'ailleurs. Les rares professionnels qui y font des affaires autrement doivent en effet verser une partie de leurs revenus à des gens qui rechignent à créer de la valeur.
Aujourd'hui déjà, ces quelques grands propriétaires sont une classe à part dans le monde virtuel, et rares sont les nouveaux entrants qui peuvent espérer l'intégrer. De ce point de vue au moins, le metaverse n'a rien inventé. Nous leur souhaitons de bien profiter avant l'invention de la e-fourche, de la cyber-torche et de la meta-guillotine.
Source : Wired