MWC2012 : C. Lefort, DG de RIM France, revient sur les stratégies de la société

Guillaume Belfiore
Par Guillaume Belfiore, Rédacteur en chef adjoint.
Publié le 28 février 2012 à 09h34
Après avoir pu décortiquer les nouveautés techniques à venir sur les prochains terminaux de RIM lors de la DevCon, nous avons tenté d'en savoir un peu plus sur les stratégies de la société et l'état du marché en France.

Face à la rude concurrence d'iOS, Android, et récemment de Windows Phone, Research In Motion perd quelques parts de marché sur le terrain des smartphones. Selon Christophe Lefort, directeur de RIM France, ce serait dû à une phase de transition technologique couplée à divers facteurs.

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Lors du sommet DevCon Europe la société RIM a fait savoir qu'elle était injustement victime d'une mauvaise presse aux Etats-Unis. Selon vous, le groupe a-t-il fait des erreurs ces dernières années qui expliqueraient cette chute de parts de marché outre-Atlantique ?

Si nous regardons 5 ans en arrière, l'évolution de toute une flotte de terminaux était sur des cycles de 18 mois. Aujourd'hui ces cycles sont de 5 à 6 mois. Il y a deux ans RIM a pris un grand tournant en rachetant QNX afin de répondre aux attentes de nos clients professionnels qui étaient partis sur le marché du grand public. Nous avons franchi le pas mais cette transition ou mutation prend du temps. Et puisque les cycles sont de plus en plus courts, cela a donc des impacts immédiats.

Il y aura BlackBerry 7.1 pour montrer que nous ne sommes pas en reste mais avec l'arrivée de BlackBerry 10, cela va forcément avoir des impacts. Après si vous ajoutez un Android qui arrive systématiquement avec 6 ou 7 constructeurs sur la table, nous arrivons à une situation, notamment en Amérique du Nord, ou l'on perd des parts de marché.

Pour conclure je dirais que nous sommes en phase de reconquête des Etats-Unis qui se positionne en 16e place sur le marché mondial de la croissance du smartphone. Cependant nous ne nous focalisons pas sur le marché US, bien au contraire.

A quoi ressemble l'adoption de BlackBerry en France ? Le BlackBerry semble particulièrement populaire auprès des adolescents aujourd'hui ?

En 2007-2008, il y avait l'arrivée des forfaits bloqués avec l'aspect SMS illimités. Parallèlement, un an et demi plus tard nous avons souhaité cibler le bas du marché avec la famille Curve et notamment le 8520. Je me souviens très bien en août 2009, il y a eu une explosion complète. Les forfaits bloqués plaisaient aux parents et les adolescents aimaient le clavier physique mais égalemenrt BBM (NDLR : BlackBerry Messenger). Nous avons lancé plusieurs campagnes autour des fonctionalités de BBM et le groupe 15-24 ans a totalement adopté le produit. Cela a créé cet effet boule de neige qui s'est transformé en avalanche qui montre aujourd'hui que nous avons une position dominante sur le segment 15-24 ans au niveau des smartphones principalement lié à BBM.

Que pensez-vous de la récente restructuration du conseil de direction de RIM ?

Après dix années de BlackBerry , Mike et Jim se sont légitimement interrogés sur les manières de faire croître la société et notamment au niveau de la gestion de l'entreprise. Ils ont pris cette décision eux-mêmes, elle leur appartient pleinement. Thorsten (NDLR : le PDG actuel) était un peu le fédérateur des opinions que l'on pouvait avoir au sein-même ou à l'extérieur de l'entreprise. Son expérience depuis quatre ans chez RIM avec la prise en charge et les succès autour de la gamme Bold ou Torch lui donnent toute la légitimité pour porter la société un cran plus haut.

Si RIM devait procéder à des acquisitions, ce serait dans quels domaines ? Le logiciel, le matériel ou l'infrastructure ?

Nous sommes présents sur les 3 domaines. Sur les deux dernières années nous avons fait douze acquisitions qui ont principalement été axées autour de l'OS et des serveurs. Ces 12 derniers mois nous avons annoncé 7 services autour de l'entreprise. Aujourd'hui si l'on veut se démarquer il nous faut compléter ces acquisitions. Au coeur de nos préoccupations actuelles se trouve véritablement l'OS. Tout comme pour iOS ou Android, ce dernier doit toujours être plus puissant. Ce n'est pas une réponse précise à votre question mais sachez mais que cela fait partie de notre stratégie.

Avec Windows Phone, la société Microsoft est-elle aujourd'hui considérée comme une menace pour RIM ?

RIM a toujours considéré que sur un marché aussi fort et puissant que celui du smartphone, tout acteur est à prendre en compte et notamment une société comme Microsoft qui pèse quand même un certain poids. On ne prend pas du tout cela à la légère. L'histoire est faite de rebonds. Il faut rester humble. Je leur souhaite du succès parce qu'il faut aussi de la diversité, il faut des alternatives. Avec 7 milliards de personnes, il y a du potentiel.

Récemment, vous avez présenté Mobile Fusion, permettant, entre autres, de gérer des terminaux iOS et Android sur BES. N'est-ce pas là un aveu de perte de marché de RIM dans l'entreprise ?

Un Blackberry plait à un certain type d'utilisateur tandis que d'autres préféreront iOS et Android. Aujourd'hui les utilisateurs veulent continuer leur expérience sur les applications qu'ils utilisent au quotidien. Ils veulent pouvoir utiliser ces services personnels lorsqu'ils sont au bureau. Aujourd'hui c'est l'entreprise qui doit ouvrir son environnement et permettre aux utilisateurs de prolonger leur environnement dans un contexte professionnel. Quand vous arrivez dans une entreprise, vous ne voulez pas entendre dire « ah non ce n'est pas ce téléphone, c'est celui-là ». Nous avions besoin d'apporter une réponse parce que nous avions la légitimité pour le faire en terme de sécurité. Nos clients nous demandaient précisément de faire quelque chose dans ce sens.

On peut retourner la chose en disant que si je peux rester maitre de la gestion de l'ensemble du parc des entreprises au travers de notre plateforme et de nos propres services et seveurs, alors là j'ai un véritable atout.

Que pensez-vous de la polémique sur la gestion des serveurs de BlackBerry en Inde ou dans les pays du Moyen Orient ?

il y a un faux débat qui est toujours lié au fait de dire que nous détenons les clés et pouvons déchiffrer vos messages. Soyons clairs, RIM n'a pas de serveurs. Les serveurs sont chez nos clients en entreprises. C'est eux qui maitrisent l'entrée et la sortie. Moi je fournis un pipe chiffré de bout en bout. Le serveur détient les clés, le serveur est chez le client. Et en BIS (NDLR : BlackBerry Internet Service par opposition à BES, BlackBerry Enterprise Server), c'est l'opérateur qui a les serveurs et les clés.

Si à un moment ou à un autre il y a une nécessité de vouloir accéder à ces informations, c'est du ressort du client entreprise ou de l'opérateur. Après, notre objectif est de nous conforter aux lois qui sont en vigueur dans chaque pays.

Et côté produit, à quand un PlayBook de 10 pouces ?

Le format 7 pouces est particulièrement apprécié par les professionnels et notamment au sein des métiers mobiles comme les ouvriers en déplacement ou les médecins qui parfois accrochent directement le PlayBook sur leur bras via un bracelet pour un accès rapide. En revanche sur le marché du grand public cela fera effectivement sens d'aller sur le 10 pouces. Nous réfléchissons actuellement à la question.

Je vous remercie.
Guillaume Belfiore
Par Guillaume Belfiore
Rédacteur en chef adjoint

Je suis rédacteur en chef adjoint de Clubic, et plus précisément, je suis responsable du développement éditorial sur la partie Logiciels et Services Web.

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