Huawei avait profité du MWC de Barcelone pour lever le voile sur son smartphone pliant : le Mate X. Ce concurrent de Samsung et de son « Fold » devrait être commercialisé dans le courant de l'année 2019, probablement pas avant cet été. Seul problème : pendant le salon du mobile, le fameux Mate X était sous cloche. Impossible de le toucher et encore moins de le plier... autant dire rageant. Mais heureusement, la frustration a pris fin hier matin. La division française de Huawei, sous houlette de Bruce Li, l'un des vice-présidents du constructeur, avait convié la presse française à une rencontre plus intime avec l'un des smartphones les plus attendus de l'année. Voici donc nos premières impressions.
Mise en garde
Avant toute chose, il convient de souligner que le produit que nous avons brièvement eu entre les mains n'est pas tout à fait le Mate X qui sera commercialisé dans quelques mois. Il s'agit plus précisément d'un modèle de présérie qui devrait encore subir des modifications substantielles. Des caractéristiques aussi importantes que le poids du smartphone seront modifiées lors des derniers mois de développement. C'est la raison pour laquelle Huawei n'a pas souhaité nous communiquer certaines des spécificités techniques du produit. Dans la même optique le « look and feel » sera lui aussi amené à évoluer. Certaines des imperfections que nous avons pu ressentir et dont nous allons vous faire part seront à n'en point douter gommées dans la version finale du Mate X. En conséquence, cette première prise en main ne saurait avoir valeur de premier test.Néanmoins c'est l'occasion parfaite de manipuler une nouvelle forme de smartphone, celle qui est censée révolutionner le marché dans les mois à venir.
Quelques pixels de douceur dans un monde de brutes
Le premier contact avec le Mate X est forcément particulier. La fragilité apparente du produit nous contraint à « prendre des gants » et à surjouer la délicatesse. Forcément un écran OLED pliable ça perturbe, même des paluches habituées à jongler avec des smartphones haut de gamme. On effleure le produit, on le fait pivoter en douceur jusqu'au premier pliage, et là... magie ; un léger appui permet d'accompagner le mouvement initié par la charnière centrale et son mécanisme au nom barbare : « falcon wing hinge mecanism ». Un clic d'un autre âge (ce détail sera sans doute changé dans la version finale) nous informe que le Mate X est replié. Pour revenir au mode tablette, rien de plus simple : il suffit d'appuyer sur le bouton central et de laisser la magie opérer. Là aussi, la main accompagne naturellement le dépliage mais n'influe en rien sur la vitesse. Il faut moins de trois secondes pour que le smartphone se plie ou se déplie, ce qui est tout à fait acceptable.Notre délicatesse exagérée laisse bientôt place à davantage d'assurance et ce ne sont pas les ingénieurs chinois présents pour l'occasion qui s'en plaindront. Eux manipulent le Mate X de manière très classique et nous incitent à en faire de même. Une seule contrainte : ne pas déplier l'écran sans avoir appuyé sur le bouton au préalable au risque de le faire voler en éclats.
Mate X : des dimensions XXL
L'autre surprise vient de la relative finesse du Mate X. On pourrait s'attendre à ce que dans sa forme pliée, le smartphone de Huawei paraisse bien épais. Et pour cause : ne sont-ce pas deux écrans qui se superposent ? Il n'en est rien. Avec ses 11 mm d'épaisseur, il est à peine plus grassouillet que les smartphones haut de gamme actuels, qui affichent autour de 8 mm d'épaisseur.Plié, le Mate X présente donc deux écrans, un sur chaque face. Le plus grand affiche une diagonale de 6,6'' (19,5:9 en 2480 x 1148 pixels). Le second de 6,38'' (25:9 en 2480 x 892) doit abandonner son flanc gauche à une charnière sur laquelle se trouvent une partie des composants et le bouton de déverrouillage.
Déplié, il prend une forme assez proche d'une Kindle Oasis, la liseuse d'Amazon, avec un grip latéral et affiche surtout une finesse déroutante de seulement 5,4 mm. En main, le Mate X est très agréable, à peine plus lourd qu'un smartphone classique. On s'imagine tout à fait en train d'enchainer les épisodes d'Umbrella Academy sur Netflix ou de jouer à Command and Conquer Rivals. L'expérience est malgré tout perturbée par quelques boursouflures au bas et au centre de l'écran, là où il est censé se plier, mais chez Huawei on assure que ce défaut n'aura plus lieu d'être dans la version commerciale.
Deux écrans ? Pour quoi faire ?
Au bout de quelques instants d'utilisation se pose l'inévitable question : quel usage pour ces deux écrans ? Pour le moment, les réponses de Huawei sont assez approximatives. Et pour cause, ce sont les utilisateurs et les développeurs d'applications qui définiront, avec le temps, les nouveaux usages du smartphone pliant. En attendant, les démonstrations du constructeur chinois sont assez sommaires : du multitâche sur chaque écran, un grand confort de lecture en vidéo, et un mode selfie assez intéressant qui permet à la personne photographiée de se voir dans le second écran. En dehors de ces quelques prouesses, l'utilisation est assez proche d'un smartphone classique ou d'une tablette. La faute sans doute à un OS qui n'a pas encore intégré la spécificité du double écran.Même si on sait que Google a participé au développement du Mate X, force est de constater qu'Android n'est pas adapté au format pliant. Là aussi, le temps et l'implication des développeurs devraient changer la donne.