L'agence fédérale majeure de protection de la santé publique américaine a lancé une grande étude qui devrait bientôt fournir ses résultats sur la dangerosité des trottinettes électriques.
Partout dans le monde, des pistes sont étudiées pour réfléchir à un encadrement du moyen de transport de mobilité urbaine qui a le vent en poupe : la trottinette électrique. Alors que les accidents se multiplient un peu partout et que le flou juridique entourant le modèle (notamment en France) fait réfléchir, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), qui forment une agence fédérale des États-Unis, étudient la recrudescence des accidents.
L'insouciance provoquée par ce que représente la trottinette dans l'imaginaire collectif conduit à l'accident
Les trottinettes électriques sont présentes dans plus d'une centaine de villes américaines et dans une demi-douzaine de pays. Mais à mesure qu'augmente le nombre d'appareils en circulation, augmente mécaniquement le nombre d'accidents. Le critère premier est celui de l'insouciance. Pamela Tick, gravement blessée à Austin, au Texas, alors qu'elle circulait sur sa trottinette, se souvient : « Vous avez ce sentiment de nostalgie, comme si vous étiez enfant à nouveau et que rien ne compte » .Il y aurait donc quelque part une forme d'irresponsabilité des utilisateurs dans l'utilisation d'un appareil qui se révèle extrêmement difficile à contrôler à pleine vitesse, en cas de danger imminent. Les trottinettes Lime peuvent par exemple circuler jusqu'à 25 km/h. C'est pour cela que les agences CDC et Austin Public Health mènent cette enquête, dont les divers rapports seront très bientôt remis au public.
Des consignes de sécurité peu ou pas respectées
Les agences tiennent rapidement à écarter une contre-vérité : « Il y a une perception selon laquelle les blessures liées aux trottinettes sont provoquées la nuit, mais ce n'est pas vrai », indique Jeff Taylor, Responsable de l'unité d'épidémiologie et de surveillance des maladies chez Austin Public Health, qui confirme que « les accidents se produisent à tout moment de la journée ».Au-delà du simple accident, il y a son caractère aggravant, favorisé par un non-respect quasi-permanent des conseils de sécurité. Nous parlons bien entendu du port du casque... À Marseille, où les trottinettes Lime fraîchement débarquées sont très utilisées, notamment dans le centre-ville et tout le long du littoral, l'Adjoint au maire délégué à la circulation et au stationnement Jean-Luc Ricca, fait état d'une charte plutôt stricte : « Nous informons les utilisateurs sur la vitesse et le port du casque avec pour objectif de minimiser les risques d'accident. Après, nous ne pouvons pas être derrière chaque utilisateur ».
Moins d'une personne sur cent est porteuse d'un casque
L'élu phocéen ne se leurre pas. La grande majorité du parc d'utilisateurs ne porte pas de casque de protection, ce qui accentue le risque d'hospitalisation et de complication (voire pire !) en cas de chute. Les traumatismes crâniens, les fractures de l'avant-bras ou du nez sont des blessures courantes chez les blessés de la trottinette, qui circulent souvent sur des voies de circulation.Selon Jeff Taylor, l'enquête menée par le CDC aux États-Unis devrait rapporter que moins de 1 % des utilisateurs portent un casque. Sans véritable encadrement de l'activité, qui doit passer par l'établissement d'une législation, la prise de conscience n'aura pas lieu et la trottinette électrique deviendra une vraie petite arme, avec ses espérances de liberté envolées.