- Consultez notre sélection de cadeaux geeks pour Noël
Polar, une histoire à rebondissements
On pourrait croire ce marché, de niche, mais il repose en fait sur un véritable gisement : 15 millions de Français pratiquent des activités de fitness, 8 à 10 millions courent (chiffres avancés par Polar). L'offre est essentiellement assurée par quatre grandes marques : Garmin, TomTom, Suunto et Polar. Seules les deux dernières, finlandaises, sont historiquement consacrées à la conception d'outils de mesure pour le sport. Garmin et TomTom ont bifurqué de leur métier d'origine, le GPS. Et si Suunto est plus ancienne, c'est bien Polar qui est commercialement la plus présente.
La marque impute en partie son succès d'aujourd'hui à ses concurrents. Fondée en 1977, Polar reconnaît bien volontiers que l'arrivée de Garmin en 2000 l'a poussé vers le sportif amateur et même carrément le grand public. Autrement dit, vers l'explosion des débouchés. Les objets connectés en ligne de mire, mais surtout, la généralisation du Bluetooth, ont été des facilitateurs. Avant, chacun utilisait sa norme propriétaire de liaison sans fil, le Bluetooth a apporté une ouverture émancipatrice.
Avec la A300, Polar investit un peu plus le terrain de la montre de sport connectée, aux côtés de la très haut de gamme V800 (450 euros) et de sa proche cousine M400 (200 euros). La A300 (160 euros) appartient, elle, à la famille « Sport Loisir & Fitness », alors que les deux autres sont dans la catégorie « Course à pied & Multisport ». La petite nouvelle ne serait donc qu'une M400 dépourvue de GPS ? Pas tout à fait exact, ni complètement faux...
Présentation de la montre
En apparence, la A300 est assez proche de la M400, avec un écran moins grand et un corps plus joufflu. Ecran réduit, c'est un fait : la A300 n'a pas autant d'informations à afficher. Pour ce qui est du regain d'épaisseur, la nouvelle montre hérite de bracelets interchangeables (25 euros pièce) qui englobent le boîtier et débordent même sur la façade de la montre pour bien la maintenir : quand on change de bracelet, on a vraiment l'impression d'avoir une nouvelle montre. Polar les décline en six coloris. La finition est soignée, on apprécie notamment les boutons et la boucle en acier inoxydable. Sport oblige, le bracelet est, lui, en silicone. Pour le reste, c'est un peu la fête du pétrole (polycarbonate, acrylonitrile-butadiène-styrène, uréthane thermoplastique, polyméthylmétacrylate) : il n'y a plus qu'à faire confiance aux chimistes finlandais.L'écran monochrome faiblement résolu utilise un contraste inversé, avec écriture claire sur fond noir. On dirait un peu de l'encre électronique, mais non, c'est bien du LCD. L'avantage, c'est que l'affichage reste parfaitement visible en toutes circonstances. Au besoin, une pression sur la touche lumière le rétroéclaire en bleu. Cet écran se révèle également économe en énergie : la montre tient jusqu'à un mois ! Lors de nos tests, à raison de deux trajets à vélo avec mesures cardiaques par jour (17 km, environ 50 min), de plusieurs synchronisations quotidiennes avec le téléphone, et en effectuant la mesure du sommeil, au bout de sept jours, la jauge de batterie de la montre était encore au-dessus de la moyenne.
Niveau électronique, Polar ne dit pas grand-chose. On sait que la A300 utilise a minima un accéléromètre 3D, pour faire le suivi d'activités, et du Bluetooth Low Energy. Elle est étanche à 30 m.
Dans son édition à 160 euros, la montre est vendue avec la ceinture cardiofréquencemètre H7 Bluetooth. Un accessoire indispensable pour des mesures fiables lors de ses entraînements, mais il est possible d'acheter la montre seule pour 40 euros de moins. Le package comprend également un câble USB pour recharger la batterie de la montre. La fiche USB se dévoile quand on sort le bloc électronique du bracelet.
Initialisation
Rien de sorcier, mais prévoyez un peu de temps avant de lacer vos baskets. A la première utilisation, il faut télécharger et installer le logiciel Polar FlowSync (Windows et Mac), se créer un compte Polar et renseigner les données physiques (sexe, âge, taille, poids, poignet choisi). Pendant tout ce temps, la montre branchée en USB se recharge, se synchronise et effectue une rapide mise à jour de firmware.Deux autres renseignements vous seront demandés : le niveau d'entraînement (occasionnel, régulier, fréquent, intensif, soit de 0-1 heure par semaine à 5-8 heures) pour affiner les calculs de la montre, et l'objectif d'activité quotidienne sur trois niveaux (fonction du métier exercé, plutôt statique et assis, debout avec une activité normale, ou exigeant sur le plan physique). Ce dernier déterminera la quantité d'efforts à produire pour remplir à 100 % sa barre d'objectifs.
Chose faite, on peut mettre sa montre au poignet. Elle conserve un historique des activités accomplies pendant 60 jours au maximum (avec suivi quotidien et 1 h d'entraînement), ce qui la rend plutôt autonome. Ceci étant dit, il est préférable de synchroniser les données de la montre avec l'application mobile Polar Flow, disponible sur iOS et Android. Parce qu'on profite alors de représentations visuelles et d'explications rendant cette montre beaucoup plus utile, et les données qu'elle enregistre, pertinentes. Une fois l'application lancée et le Bluetooth du smartphone activé, il n'y a qu'à presser le bouton Retour de la montre pendant trois secondes et tout se fait automatiquement. Fiable et efficace !
La A300 dans la pratique
Première observation à formuler : la montre est simple à utiliser et à comprendre. Le bouton marqué du pictogramme rond rouge sert à démarrer les entraînements et avancer dans les menus, le carré blanc de l'autre côté de la montre, à revenir en arrière. Les flèches haut et bas permettent les déplacements au sein des menus, le petit soleil pilote le rétroéclairage : c'est enfantin. D'autant plus que l'arborescence reste bien contenue : jauge d'activité, historique, réglages et test fitness.Côté activité, la montre mesure en permanence le temps d'activité, le nombre de calories brûlées, les pas effectués, la distance parcourue et l'activité restant à effectuer pour atteindre l'objectif de 100 %. Par exemple, 37 minutes de marche, 16 minutes de jogging ou 2 h 05 à rester debout. D'où l'intérêt de bien déterminer son niveau dans les réglages : atteindre les 100 % sera plus ou moins difficile. Et si vous restez trop longtemps sans bouger, la montre vous rappellera à votre devoir.
Il faut bien distinguer ce suivi d'activité des phases d'entraînement, pour lesquelles la ceinture cardio est quasi impérative. En effet, la mesure du rythme cardiaque est la seule donnée véritablement fiable pour évaluer un effort et comprendre ses bénéfices. On peut faire sans, mais la montre se contentera alors de chronométrer l'entraînement et d'estimer à la louche les calories brûlées. Ça serait dommage de se passer de la précision de la ceinture cardio. Cette dernière est réglable et légère : elle tient bien sans procurer de gêne. On humidifie l'intérieur, la zone caoutchoutée où sont disposées les électrodes puis on fixe le module Bluetooth. Quand on lance une activité depuis la montre, il suffit de faire se toucher la A300 et ce module pour les appairer. Très simple et encore une fois, fiable.
Le monstre du fitness
Plusieurs visualisations sont possibles : nombre de battements par minute et chronomètre, nombre de battements et seuil Energy Pointer, chronomètre avec jauges Energy Pointer ou encore, heure et nombre de calories. Qu'est-ce que l'Energy Pointer ? Une fonction qui vous dit en temps réel si vous êtes en train de brûler des graisses ou du sucre en fonction de votre fréquence cardiaque et de sa variabilité quotidienne. Le palier change selon votre état physique. L'Energy Pointer est la principale spécificité de la A300.Il est possible de verrouiller manuellement la zone de fréquence dans laquelle on se trouve, en pressant longuement la touche Démarrer pendant l'entraînement. Si vous avez trouvé un bon rythme de croisière pour faire fondre les graisses par exemple, en verrouillant la zone, la montre vous aidera à y rester (à coups de bips et de vibrations reconnaissables). Autre fonction sympathique : le Heart Touch. Typiquement, quand on veut connaître l'heure pendant l'entraînement, il suffit de toucher le capteur cardiaque avec la montre, et celle-ci bascule un instant sur l'heure. On peut paramétrer le Heart Touch différemment (activation du rétroéclairage par exemple) et par type de sport.
Pour améliorer la précision des mesures, il convient également d'effectuer le test de fitness, au moins une fois, puis régulièrement, pour constater ou non des évolutions. Ce test consiste à mesurer le VO2 Max, c'est-à-dire la consommation maximale d'oxygène et donc la capacité d'aérobie (au repos). Polar définit la chose ainsi : « VO2 max (consommation maximale d'oxygène, puissance aérobie maximale) est le taux maximal auquel l'oxygène peut être utilisé par le corps pendant un effort maximal ; cette valeur est directement associée à la capacité maximale du cœur à acheminer le sang jusqu'aux muscles. Plus votre capacité d'aérobie est bonne, plus votre cœur est solide et efficace ». Pour faire le test, c'est simple, il n'y a qu'à s'allonger pendant 3 à 5 minutes, dans le calme le plus absolu qui soit.
La mesure des entraînements est une chose, maintenant, il faut aussi de la motivation et de la constance. Polar a donc prévu un système de planification d'objectifs d'entraînement, via l'interface Web Polar Flow (en anglais). On peut baser ses objectifs sur du quantitatif (durée à tenir ou nombre de calories à brûler) ou bien sur du méthodique (définition de zones de fréquences cardiaques en fonction de phases comme l'échauffement, le travail, la récupération ou le repos). L'intérêt, c'est qu'on peut ainsi orienter ses exercices sur du développement cardio-vasculaire ou plutôt de l'élimination de graisses. Attention simplement à bien synchroniser Polar Flow avec la montre pour voir et accéder aux objectifs.
L'application au service de la montre, et pas l'inverse
Si la A300 est autonome, dans le sens où on n'a pas besoin d'avoir son smartphone à côté quand on fait ses exercices, l'usage du smartphone et de l'application Polar Flow (à défaut, l'interface Web Polar Flow) pour visualiser ses résultats demeure quasi indispensable. Dans les deux cas, la présentation des données est riche et soignée. Sur l'application Android, les tranches d'activités sont réparties sur un cadran de 24 h, d'après une échelle de couleurs, fonction de l'intensité. Ce patchwork est additionné quand on touche le cadran : on visualise alors directement la dose d'activité effectuée dans la journée (et donc le ratio actif/inactif).Les entraînements sont matérialisés par un cœur. Derrière ce pictogramme, on accède au détail de la session : FC Max, FC moyenne, calories, pourcentage de graisses brûlées, bénéfice de l'entraînement et graphique montrant l'évolution du rythme cardiaque et la répartition par zones de fréquences. Tout cela bien sûr si l'entraînement a été effectué avec la ceinture cardio. Sinon, l'application ne livre que la durée et les calories.
Plus bas, on retrouve sa jauge d'activité, assortie de commentaires : des félicitations si les 100 % sont atteints voire dépassés, ou des tuyaux sur ce qu'il aurait fallu faire en plus pour y parvenir. Sont également recensés les calories brûlées dans la journée, le nombre de pas ou encore la durée du sommeil.
Terminons en évoquant la mesure du sommeil. Polar l'a voulue automatique, ça signifie que la montre est capable de détecter une position allongée, puis l'endormissement grâce aux mouvements spécifiques du poignet. Pas besoin donc de penser à activer un mode nuit. Il faut une interruption de plus d'une heure pour stopper le suivi du temps de sommeil. Autrement dit, si on se lève pour aller aux toilettes la nuit, ça ne fait pas repartir la mesure à zéro. La A300 distingue le sommeil agité de celui réparateur, et livre un ratio pondéré (« l'algorithme accorde plus de poids aux périodes immobiles longues qu'aux courtes. ») de qualité du sommeil.
Soit. Sauf que d'une, la comptabilisation semble défectueuse (on m'annonce par exemple une nuit de 2 h 12 clairement sous-estimée, ou carrément une nuit blanche du dimanche au lundi !) et de deux, Polar n'a pas prévu LA fonction intéressante avec les analyseurs de sommeil, à savoir le réveil variable sur une période de sommeil léger. La montre fait réveil, via des vibrations, mais à heure fixe, déterminée par l'utilisateur.
Conclusion
Polar nous propose là une montre séduisante, principalement parce qu'elle est simple et efficace. Dédiée au sport et connectée à la fois, la A300 trouve un bon équilibre : elle respecte ses classiques de montre (ergonomie à boutons, bonne autonomie, lisibilité, confort) tout en ouvrant des perspectives supplémentaires (mesures cardiaques, suivi d'activité, centralisation, synchronisation et interprétation des données, définition d'objectifs d'entraînement...). Les mesures cardiaques semblent précises, en tous cas réactives. On a une montre au poignet, pas un mini smartphone.
La fonction Energy Point donne du sens à la pratique sportive, notamment quand on s'y astreint en amateur à des fins « hygiéniques » plus que par plaisir. Le côté coach, même virtuel, motive à améliorer sa pratique, chiffres à l'appui, et apporte une certaine satisfaction. La qualité des interfaces Web et applicatives n'y est pas pour rien. En outre, le réveil par vibrations, réglable très facilement depuis la montre, est appréciable (si tant est qu'on supporte de dormir avec cette grosse montre). Et bien sûr, la A300 n'a pas besoin du smartphone pour fonctionner, il lui est juste utile pour la consultation des données enregistrées, via une synchronisation manuelle de temps en temps.
Evidemment, tout n'est pas parfait. La ceinture cardiofréquencemètre reste une contrainte par rapport aux systèmes de mesure au poignet (même si la ceinture n'est pas gênante une fois mise... cependant il faut la mettre), la montre est assez épaisse, la mesure du sommeil imparfaite et incomplète et il manque un GPS pour les activités outdoor. La M400, quarante euros plus chère, comble cette dernière lacune. Mais cette A300 reste une réussite. Et le fait de savoir que Polar prévoit des ajouts de fonctionnalités, comme les notifications ou la mesure de la vitesse, via des mises à jour de firmware rassure, et rend même un peu impatient. La Polar A300, on peut vivre sans, mais on s'y attache. Reste la question du prix : il est abordable pour une montre connectée. Toutefois, si le cardio est l'unique aspect qui vous intéresse, vous pourrez alors trouver des montres spécialisées moins chères (y compris chez Polar).
Pour aller plus loin, découvrez notre comparatif des meilleures montres connectées.