Test de la Pebble Time : la petite montre qui dure

Stéphane Ruscher
Par Stéphane Ruscher, Spécialiste informatique.
Publié le 10 juillet 2015 à 18h56
La Pebble Time nous rappelle qu'avant de graviter autour de l'Apple Watch et Android Wear, le monde des montres connectées était peuplé d'acteurs y allant chacun de son initiative pour faire bouger les choses. Et la petite startup est de ceux qui s'accrochent. Toujours propulsé par Kickstarter, leur troisième modèle mise sur un design plus fin, un écran e-ink en couleur, et toujours pas de tactile. Une approche rafraîchissante pour une des rares montres compatibles Android et iOS.

De belles intentions et des problèmes de finition

La Pebble Time se veut moins volumineuse que les deux premières tentatives du constructeur et de ce côté, c'est plutôt réussi. La montre vise un design de type sportif, proche de celui de l'Apple Watch, mais plus fin, et légèrement incurvé sur le dessous.

Ça plaira aux utilisateurs allergiques aux boitiers plats, ou même bombés comme celui de la montre d'Apple et son imposant capteur cardiaque, dont la Pebble Time est d'ailleurs complètement dépourvu.



Le boitier mélange plastique mat et bordure en métal, et on pourrait trouver l'ensemble vraiment réussi si la finition ne le trahissait pas. On ne peut pas s'empêcher de trouver à la montre des petits airs de prototype : les boutons ne sont pas très bien alignés, le métal se raye très facilement.

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C'est compréhensible vu les moyens d'une petite entreprise comme Pebble face à des géants. Si la version commerciale ne bénéficie pas d'améliorations par rapport à la version Kickstarter, la Pebble Time risque de mal vieillir, vu son usure déjà perceptible au bout de quelques jours. En revanche, on pourra lui faire prendre l'eau : le boitier est étanche !

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On a évoqué les boutons et ils sont primordiaux, car la Pebble Time, comme les deux précédentes, n'est pas tactile. La navigation s'effectue intégralement via une série de trois boutons (haut, validation, bas) sur la tranche droite, et un bouton back sur la tranche gauche.

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Le tactile sur un si petit écran divise : Apple offre une navigation hybride avec sa couronne digitale, et Android Wear commence à intégrer des gestes permettant de s'en passer partiellement. Faire l'impasse sur la technologie paraît à contre-courant en 2015, mais on verra que l'interface est assez bien pensée malgré tout.

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Pebble a opté pour un bracelet standard et amovible. Notre montre est fournie avec un bracelet en caoutchouc qu'on a trouvé de bonne qualité, peut être un peu trop souple au goût de certains.

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Un écran qui reste allumé !

Pebble se distingue de ses concurrents par la technologie d'écran de sa montre : ni P-OLED, ni LCD, c'est un écran e-paper que le constructeur utilise. Et plus précisément un écran e-Paper en 64 couleurs : ça fait un peu Gameboy Color, dit comme ça, mais l'intérêt de l'encre électronique est évidemment son impact très limité sur l'autonomie, et la possibilité d'avoir un écran visible en permanence, et parfaitement lisible au soleil. Comme un écran de montre électronique quoi !

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Par rapport aux résolutions élevées de certaines montres Android Wear (notamment celles de LG), ou de l'Apple Watch, l'écran de la Pebble Time peut paraître d'un autre âge, mais les polices sont suffisamment lisibles, et on lui reprochera surtout sa petite taille : la dalle est insérée au centre d'une épaisse bordure noire, elle-même entourée de la bordure métallique tout aussi épaisse.

On peut lire l'écran de la Pebble Time au soleil, mais on peut aussi le lire dans le noir : un rétro-éclairage - un peu faiblard - s'active temporairement lorsqu'on actionne un des boutons.

On est surtout bluffé par la réactivité de l'affichage : les petites animations de l'interface sont relativement fluides, les menus répondent efficacement aux pressions des boutons, un choix technologique bien exploité !

Une interface qui voyage dans le temps

Pebble a pensé l'interface de la Pebble Time autour de la notion du temps. Ça peut paraître évident pour une montre, pourtant Apple comme Google approchent le problème d'une manière propre : l'Apple Watch est pensée comme un mini iPhone en mettant les applications au premier plan. Android Wear joue plutôt sur le côté contextuel en faisant remonter des informations pertinentes pour l'utilisateur au fil de la journée ou selon son emplacement.

L'interface de la Pebble Time est une frise chronologique dont le centre, « maintenant » est l'horloge. La navigation s'effectue à l'aide des boutons sur le côté droit. En dessous, on découvre les prochains événements du calendrier. Au-dessus, on revoit des événements passés, mais aussi les appels manqués. Les développeurs d'applications tierces ont accès à la timeline, qui peut s'avérer utile pour les vols, ou les résultats sportifs par exemple.

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L'approche de Pebble prend son sens si on a beaucoup de rendez-vous dans une journée. On ne s'éternisera pas dans la frise avec un usage beaucoup plus modéré du calendrier, mais la métaphore est claire, et une fois de plus bien implémentée, avec des petites animations et des pictos qui donnent un côté ludique.

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Via une pression sur le bouton central depuis l'horloge, on accède à la liste des notifications issues du téléphone (qui apparaissent évidemment au fil de l'eau accompagnées d'une vibration), aux contrôles multimédia, et aux applications tierces que l'on peut installer depuis le smartphone.

L'occasion de se rendre compte qu'il y a déjà un joli petit écosystème d'apps sur la Pebble, et surtout d'applications prenant déjà en charge l'écran couleur et la timeline de la Pebble Time. Comme partout il y a du bon et du moins bon, et il faut malheureusement admettre que le tout est très centré sur le marché américain. Mais on trouve bien quelques apps majeures comme RunKeeper ou TripAdvisor, ainsi que des choses assez réussies comme Morpheuz, une app de surveillance du sommeil.

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Le même dynamisme se retrouve sur les façades de montres, dont certaines exploitent assez bien le côté rétro/pixel art de l'écran.

Compatible Android et iOS... Ou presque

L'intérêt de la Pebble Time, comme les deux précédentes, est de prendre en charge Android et iOS, là où Android Wear et l'Apple Watch sont cloisonnés sur leurs plateformes respectives. Comme on pouvait s'en douter, la compatibilité n'est pas égale. Les bases fonctionnent sur les deux systèmes : on peut visualiser ses notifications, rejeter un appel, contrôler la musique de son smartphone, installer et exécuter des applications.

Les choses se compliquent quand on souhaite faire ce qu'on attend d'une montre connectée : agir sur les notifications. Répondre aux messages par la voix ou des phrases prédéfinies, archiver les mails dès qu'on les reçoit sur l'écran de la montre, c'est possible en associant la Pebble Time à un smartphone Android, mais pas à un iPhone.

On s'en accommodait avant : Pebble était le seul constructeur à s'intéresser à iOS. Mais si la Pebble Time peut être vue comme une alternative sérieuse aux montres Android, elle ne fait clairement pas le poids, sur iOS, par rapport à l'Apple Watch qui a accès à toutes les interactions avec l'iPhone. Si vous pouvez vous limiter à ces fonctionnalités de base, ça reste un accessoire qui permet d'avoir une visibilité sur ses événements et notifications sans sortir son smartphone, mais la montre d'Apple propose évidemment de faire beaucoup plus.

La Pebble Time à l'usage

Après avoir passé quelques jours avec la Pebble Time au poignet, on est assez séduit malgré ses défauts. Les points les plus appréciables sont la lisibilité de l'écran dans toutes les circonstances, y compris (et surtout !) au soleil, et la légèreté de la montre au poignet, qui se fait complètement oublier.

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On craignait de souffrir de l'absence d'écran tactile, et dans l'ensemble, l'interface est suffisamment bien faite pour qu'on s'en passe. La montre est peut-être un tout petit peu trop fine pour que les boutons soient vraiment simples à trouver à coup sûr, d'autant plus qu'à l'aveuglette, ils auraient mérité une séparation un peu plus marquée. Pour certaines fonctionnalités comme le contrôle multimédia, on avoue préférer le tactile des montres Android Wear ou de l'Apple Watch.

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Le vibreur fait partie de ce qui nous a un peu moins plu : trop fort, il est assez désagréable, et si vous utilisez la Pebble Time pour contrôler votre sommeil, vous risquez fort de réveiller votre compagne ou compagnon à la même heure que vous !

Hormis les limitations avec iOS, il ne nous a pas manqué grand-chose lors de notre utilisation, à part peut-être un capteur de rythme cardiaque qui renforcerait son intérêt côté fitness... Avec le risque d'amoindrir l'autonomie, certes.

La plus autonome des montres connectées ?

Si on exclut les initiatives comme la Withings Activité, qui est plutôt une montre « classique » augmentée de capteurs, la Pebble Time est clairement la plus autonome des montres connectées, au sens où on l'entend aujourd'hui, que l'on ait testées depuis 2 ans. Son secret réside évidemment dans son écran, qui consomme beaucoup moins que celui d'une Apple Watch ou d'une LG G Watch R, et ne parlons pas des montres qui ont opté pour du LCD comme la Moto 360.

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À deux reprises, associées à un smartphone Android sur lequel on synchronise réseaux sociaux et mails (pro et privés), nous sommes parvenus à tenir près de 5 jours sans recharge. C'est toujours peu pour une montre, mais beaucoup plus que les 2 jours maximum de l'Apple Watch ou des dernières LG, ou de la journée difficilement dépassée par la Moto 360.

Un bémol malgré tout : si l'écran consomme peu, ça n'est pas le cas de tous les composants, et on a pu remarquer que solliciter en permanence l'accéléromètre avec une application de fitness ou de suivi du sommeil faisait baisser la batterie beaucoup plus rapidement.

Notre avis

Par son modèle de financement, par son approche originale, par ses choix technologiques pertinents, la Pebble Time nous a séduits ! Comment ne pas trouver éminemment sympathique une montre connectée beaucoup plus autonome que ses concurrentes, à l'interface fraiche et agréable, et à l'écosystème plus développé qu'on le pensait, avec un petit côté « on ne se prend pas trop au sérieux » bien plaisant ?

Pour tout dire, on aimerait bien trouver les qualités de la Pebble Time chez ses concurrentes : pouvoir utiliser longuement une montre avec un écran activé en permanence, on trouverait presque que c'est un luxe ! Et s'il manque peut-être une touche de tactile, l'idée de la timeline est originale, à défaut d'être vraiment utile pour qui n'a pas un agenda bien chargé.

On est plus réservé sur le produit que l'on a reçu : si l'écran est lisible au soleil, le rétro-éclairage n'est pas des plus efficace, et beaucoup de petits détails qui fâchent nuisent à la qualité de l'objet. La fragilité de la bordure en métal, notamment, si elle n'est pas améliorée d'ici la « vraie » commercialisation, est problématique.

Pour ceux qui ne l'ont pas backé sur Kickstarter, acheter une Pebble Time sera-t-il une bonne affaire ? Franchement, sur Android, si vous n'êtes pas à la recherche d'une montre particulièrement élégante, la question se pose : la Pebble Time offre une intégration plus que correcte avec Android, et son boitier fin et pas trop encombrant en fait une alternative confortable aux Moto 360, LG G Watch R et autres Asus Zenwatch.

Sur iOS, en revanche, malgré un prix qui sera nettement inférieur, même au modèle Sport 38 mm, la Pebble Time ne fait pas le poids face à l'Apple Watch, à part sur l'autonomie. L'intégration avec iOS, la qualité de l'écran, les fonctionnalités fitness... Tout est nettement plus abouti sur la montre d'Apple, et il est totalement impensable que les choses ne s'ouvrent davantage.

Pebble Time

6

Les plus

  • Très bonne autonomie
  • Interface simple et ludique
  • Légère et confortable
  • Ecran lisible au soleil

Les moins

  • Finition un peu hâtive
  • Compatibilité iOS limitée
  • Pas de capteur de rythme cardiaque

Finition6

Fonctionnalités8

Autonomie9

Ergonomie8



Pour aller plus loin, découvrez notre comparatif des meilleures montres connectées.

Stéphane Ruscher
Par Stéphane Ruscher
Spécialiste informatique

Tombé dans un Amstrad CPC quand j'étais petit, je teste des logiciels, des Mac, des claviers, des souris ou des tablettes pour Clubic depuis 2005. J'aime aussi écouter du rock et de la musique électronique, en faire même un peu, regarder des films pas trop bêtes, et rire d'humour absurde.

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