Les « fake streams » sont plus nombreux qu'on aurait pu l'imaginer, selon un rapport du Centre national de la musique.
Ces fake streams, de fausses écoutes, sont utilisés pour gonfler les chiffres de l'audience d'un morceau ou d'un album sur les plateformes de streaming musical. Alerté par le phénomène, le Centre national de la musique a enquêté. Et il vient de produire son premier rapport.
Jusqu'à 3 milliards de fake streams
Comment savoir si un YouTubeur ou un Instagrameur a de l'influence ? Notre premier mouvement est évidemment de regarder le nombre de vues ou de followers. Un chiffre tellement important qu'il a créé une véritable industrie de la contrefaçon, grâce à laquelle il est possible de booster ses compteurs.
Et cette logique s'applique aussi au streaming musical. Plus un morceau ou un album semble avoir été écouté, meilleure est la vitrine de l'artiste. Alors certains font appel à des fake streams pour faire croire à une popularité plus grande qu'elle ne l'est en réalité.
Les autorités, alertées, ont voulu quantifier le phénomène. En 2021, la ministre de la Culture Roselyne Bachelot avait ainsi demandé au Centre national de la musique (CNM) de se charger de la tâche. C'est maintenant chose faite. Et d'après son rapport, publié ce lundi 16 janvier, 1 à 3 milliards d'écoutes seraient fausses en France, soit 1 à 3 % du marché du streaming musical.
Le rap, principal consommateur de fake streaming
Si les géants américains Apple Music, YouTube et Amazon Music n'ont pas coopéré, le CNM a en revanche pu obtenir des données très détaillées de la part de Spotify, Qobuz et Deezer. Ces acteurs du milieu s'appuient sur certains comportements atypiques pour détecter les faux, comme les écoutes sur une très longue durée, ou bien celles effectuées en accéléré.
Et dans le monde de la musique, un genre semble très friand de ces fake streams : le rap. Avec 85 % des écoutes fictives détectées sur Spotify et 27 % de celles repérées sur Deezer, la musique de la rue est de loin la plus grosse consommatrice de contrefaçons. D'autres secteurs plus étonnants sont aussi concernés, ainsi les musiques de relaxations représenteraient 12,3 % de fausses écoutes sur Qobuz.
Afin de combattre cette tendance, le CNM préconise la mise en place « d'une charte interprofessionnelle de prévention et de lutte contre la manipulation des écoutes en ligne ». L'établissement public demande aussi l'intervention sur le sujet de la répression des fraudes.
Source : France Info