Explorant le cratère de Gale depuis 2012, le rover Curiosity analyse et collecte de précieuses informations pour les chercheurs, ainsi que d'étonnantes photographies. Une nouvelle étude réalisée grâce à ses données met en évidence que le cratère de 155 km de diamètre a pu abriter un lac salé, ou bien plusieurs étangs saumâtres.
Via son communiqué de presse, le Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA questionne : « À quoi ressemblerait Mars si nous pouvions voyager 3,5 milliards d'années dans le passé ? ». Une chose est sûre, la planète rouge nous semblerait beaucoup plus familière et certainement moins hostile.
Un voyage dans le temps
Une nouvelle étude publiée le 7 octobre 2019 dans la revue Nature Geoscience nous apprend que le cratère Gale, site d'atterrissage de l'astromobile, a pu abriter des étangs aux eaux saumâtres au sein d'un cycle qui a mené à leur disparition complète.Mis en évidence grâce à la découverte par Curiosity de roches enrichies en sels minéraux, ces étangs peu profonds auraient été alimentés par des ruisseaux sillonnant les bords du cratère et se seraient taris à plusieurs reprises, comme le montre l'animation ci-dessous.
Des changements climatiques comme facteur de transition
Le cratère Gale accueille en son centre Aeolis Mons, une montagne de plus de 5,5 km de hauteur, plus connue sous le nom de Mont Sharp. Formé par les couches de sédiments qui s'y sont déposés pendant près de 2 milliards d'années et, probablement, grâce aux vents qui l'ont balayé, ce monticule regorge d'histoire, celle de la géologie martienne et de son évolution au travers des âges, comme le rappel William Rapin, chercheur au sein de l'équipe de Curiosity : « Nous avons choisi le cratère Gale, car il conserve une trace unique de l'évolution de Mars ».Si cette étude démontre que la planète Mars a connu d'importantes fluctuations climatiques, elle permet également de mettre en évidence le fait que l'eau sur Mars ne s'est pas évaporée à la suite d'un seul épisode intense de sécheresse.
Étudiant les couches de sédiments du Mont Sharp, Curiosity a permis, depuis le début de son périple en 2012, de mettre en lumière un certain cycle climatique : « À mesure que nous escaladons le Mont Sharp, nous observons la tendance générale d'une transition d'un paysage humide vers un paysage plus sec », explique Ashwin Vasavada, elle aussi chercheuse au sein de l'équipe du JPL. En prenant en compte les découvertes réalisées plus tôt sur le site de Sutton Island, la scientifique ajoute : « Cette tendance ne s'est pas nécessairement produite de manière linéaire. Cela semble davantage désordonné, avec des périodes plus sèches, comme ce que nous avons vu à Sutton Island, suivies de périodes plus humides, comme ce que nous voyons actuellement dans l'argile que Curiosity analyse ».
Encore de belles découvertes à l'avenir ?
Alors que Curiosity se dirigera vers d'autres couches sédimentaires dans les deux prochaines années, cette mission future devrait tenir de belles promesses, comme le soulignent les chercheurs : « Ce qui nous attend sera différent de ce que nous avons vu jusqu'à présent ».Malgré tout, William Rapin, qui est l'auteur principal de l'étude, estime que « Comprendre quand et comment le climat de la planète a commencé à évoluer est une autre pièce du puzzle » et pourrait permettre de répondre à une question fondamentale : « Quand et combien de temps Mars a-t-elle été capable de soutenir la vie microbienne à sa surface ? ».
Source : NASA / JPL