C'est peut-être un nouveau chapitre de la conquête spatiale qui s'ouvre. L'alunisseur privé Blue Ghost, confectionné par l'entreprise Firefly Aerospace, a achevé sa courte mission avec brio. La NASA dispose désormais de nombreuses connaissances supplémentaires pour préparer au mieux le retour de l'être humain sur la Lune.

Lancée à la mi-janvier, la sonde est venue se poser début mars sur notre satellite. Un succès d'autant plus retentissant que les deux alunisseurs d'Intuitive Machines, également soutenus par la NASA, ont fini couché sur le flanc lors de leur arrivée sur la Lune, compromettant les expériences scientifiques que devaient réaliser leurs charges utiles.
De son côté, Blue Ghost a permis d'amasser plus de 119 Go de données, dont 51 Go de données scientifiques et technologiques pour l'agence spatiale américaine, se félicite Intuitive Machines.
Étudier le régolithe
Son objectif était notamment d'étudier le régolithe, c'est-à-dire la fine poussière qui recouvre la surface de l'astre. Les caméras de Blue Ghost ont ainsi capturé des vues du régolithe soulevé par ses propulseurs lors de l'atterrissage, afin de mieux comprendre ce type dynamique. L'enjeu est d'éviter des catastrophes potentielles lorsque des vaisseaux spatiaux plus grands, comme Starship de SpaceX, atterriront avec des astronautes. Car les roches projetées vers le haut pourraient endommager les moteurs ou les structures environnantes.
De même, une charge utile est parvenue à utiliser des champs électriques pour nettoyer la poussière d'une surface. Objectif : maintenir les équipements propres et fonctionnels. Sa foreuse a également exploité des rafales de gaz nitrogène pour creuser le sol lunaire et mesurer la température ainsi que la conductivité thermique du matériau. De quoi offrir des indices sur la formation de la Lune et les différences géologiques entre ses faces visible et cachée.
Quatre petites sondes ont aussi réussi à mesurer les variations naturelles des champs électriques et magnétiques sous la surface de la Lune. Celles-ci vont aider à comprendre la conductivité des roches souterraines.
Préparer le retour de l'être humain sur la Lune
Mais ce n'est pas tout. Une technique consistant à utiliser du gaz comprimé pour créer un petit tourbillon de régolithe et le diriger dans un conteneur a été testée. Cette technologie devrait servir à collecter des échantillons sur Phobos, une lune de Mars, lors d'une future mission japonaise.
Un télescope a en outre enregistré les rayons X émis lorsque les particules solaires entrent en collision avec les atomes de l'atmosphère terrestre. Ces informations devraient aider les scientifiques à comprendre comment le champ magnétique terrestre protège la planète des tempêtes solaires.
« Cette équipe continue de donner l'impression que des réalisations presque impossibles sont faciles, mais un alunissage facile n'existe pas, surtout lors de la première tentative. Nous avons testé tous les systèmes de l'atterrisseur et simulé tous les scénarios de mission possibles et imaginables pour en arriver là », commente Will Coogan, ingénieur en chef de Blue Ghost chez Firefly Aerospace.
Tout comme les deux échecs d'Intuitive Machines, cette mission s'inscrivait dans le cadre du CLPS, ou Commercial Lunar Payload Services, de la NASA. À travers celui-ci, l'agence spatiale engage des entreprises pour envoyer des petits atterrisseurs et des rovers sur la Lune, qui doivent fournir des charges utiles, rapides, abordables et fréquentes sur le satellite, en plus de tester des concepts d'utilisation des ressources et effectuer des recherches scientifiques. Il doit préparer au mieux l'arrivée des astronautes du programme Artemis sur notre satellite.
Sources : Firefly Aerospace, The New York Times