L'avenir des activités spatiales de Boeing s'assombrit un peu plus. L'entreprise se prépare à se séparer de 200 employés travaillant sur le Space Launch System (SLS), la fusée centrale au programme Artemis. En amont, Donald Trump et Elon Musk accélèrent les coupes budgétaires.

Le Space Launch System (SLS), fusée de la NASA produite par Boeing et Northrop Grumman © NASA
Le Space Launch System (SLS), fusée de la NASA produite par Boeing et Northrop Grumman © NASA

Lorsque le projet SLS a été initié en 2011, ses concepteurs ne s'attendaient très certainement pas à une telle issue. Le rôle de la fusée, qui doit transporter les astronautes du programme Artemis jusqu'en orbite lunaire, pourrait être remis en question pour les missions à long terme malgré un vol test réussi fin 2022.

En cause notamment, des coûts exorbitants combinés à plusieurs retards. 23,8 milliards de dollars ont été dépensés entre 2011 et 2022, tandis que la fusée présente d'importantes limites : non réutilisable, elle ne peut être lancée qu'une fois tous les deux ans. Pire encore, un seul lancement vaut 4,1 milliards de dollars.

Certains contrats ne devraient pas être renouvelés

Boeing étant le principal contractant du SLS, la situation se répercute directement sur ses opérations. Le groupe va ainsi licencier 200 de ses salariés qui s'attellent au développement du lanceur. Au départ, ce sont 400 d'entre eux qui devaient être remerciés.

Le timing de cette décision n'est pas dû au hasard. Six représentants de l'industrie spatiale ont conseillé au président Trump et à Elon Musk d'annuler le programme SLS, ou au moins de le supprimer progressivement sur plusieurs années. Dans ce contexte, l'entreprise s'attend à ce que certains de ses contrats avec la NASA ne soient pas renouvelés en mars, lorsque d'importantes décisions seront prises pour l'avenir du programme.

Jared Isaacman, le proche d'Elon Musk nommé à la tête de l'agence spatiale américaine par Donald Trump, s'est lui aussi montré critique à l'égard du SLS et du programme Artemis.

La fusée Starship de SpaceX © SpaceX
La fusée Starship de SpaceX © SpaceX

Starship en embuscade

Il existe une alternative au SLS qui serait bien moins onéreuse. La fusée Starship de SpaceX, bien qu'elle soit encore en phase de test, dispose en effet des capacités technologiques pour acheminer des astronautes jusqu'à la Lune. D'ailleurs, elle a déjà été sélectionnée par la NASA en tant que l'un des alunisseurs du programme. En l'état actuel des choses, le SLS assurera le transport jusqu'à l'orbite, puis Starship prendra la relève pour parcourir la distance entre l'orbite et la surface lunaire.

Mais ces plans devraient très vraisemblablement évoluer au profit de SpaceX, d'autant plus que l'influence d'Elon Musk pèse désormais sur les orientations stratégiques. Si le SLS devrait bel et bien emmener des astronautes en orbite lunaire en 2026, la suite de ses missions demeure, pour l'instant, en suspens.

C'est une déconvenue immense pour Boeing, qui vient s'ajouter à l'échec de son programme Starliner. Sa capsule, qui devait assurer le transport d'astronautes entre la Terre et la Station spatiale internationale, semble au point mort après un premier vol habité entaché par des incidents techniques.

Sources : Space.com, Bloomberg