C'est pas gagné pour la voir décoller... © NASA / Cory Huston
C'est pas gagné pour la voir décoller... © NASA / Cory Huston

La mission réussie en mai 2022 avait laissé une note positive pour le programme entre Boeing et la NASA, mais la capsule ne passe pas les dernières étapes de la certification à cause de problèmes matériels. Il faudra la modifier, et il n'est plus question qu'elle emmène son premier équipage cet été.

La NASA n'abandonne pas, mais les vols de Crew Dragon ont de beaux jours devant eux.

Oh non, encore !

Le décollage de Barry Willmore et Sunita Williams était prévu pour le 21 juillet prochain et promettait de mettre un point final au long développement de la capsule Starliner de Boeing. Sélectionnée par la NASA en même temps que Crew Dragon en 2015, elle était au coude-à-coude avec la capsule de SpaceX jusqu'en décembre 2019… Lors de son premier vol orbital de test (OFT-1), Starliner n'avait pu atteindre l'ISS et avait révélé un nombre important de problèmes.

Un second test inhabité avait eu lieu en 2022, retardé de plus d'un an par des soucis de vannes et de propulseurs. Cette fois, le succès était au rendez-vous, et la NASA n'attendait plus que la certification de la capsule pour autoriser un dernier vol de démonstration vers l'ISS avec deux astronautes avant de l'intégrer dans ses rotations d'équipages. Mais patatras ! Ce 1er juin, la NASA et Boeing ont tenu une conférence de presse pour expliquer que le vol serait repoussé. En effet, deux éléments particuliers doivent être modifiés pour assurer les niveaux de sécurité attendus et certifier la capsule.

Cette fois, c'est parachutes et câbles…

Les éléments en cause sont différents l'un de l'autre. Le premier est au niveau des filins des parachutes utilisés pour Starliner. Après étude, il s'est avéré que ces derniers résistaient moins bien que prévu, ce qui pourrait potentiellement poser problème si l'un des trois parachutes de la capsule ne se dépliait pas de façon nominale. Il faudra donc sortir le matériel, changer les filins, montrer les résultats avec de nouveaux tests et les remplacer (pour un vol fin juillet, cet équipement était déjà en place).

L'autre problème identifié est en rapport avec les adhésifs utilisés pour les chemins de câbles au sein de la capsule, qui pourraient dans certaines conditions être inflammables (il semble qu'ils soient employés en grande quantité). Ces deux soucis vont probablement mener à un démontage partiel de la capsule prête pour son vol, ce qui va entraîner plusieurs semaines, et même probablement plusieurs mois de retard. En fonction des travaux et du planning de l'ISS qui intègre de nombreuses contraintes d'équipage et de matériel, il est bien possible que le premier vol habité de Starliner bascule en… 2024.

Starliner en approche de l'ISS, en 2022. Un vol réussi ! © NASA
Starliner en approche de l'ISS, en 2022. Un vol réussi ! © NASA

L'addition sera salée

C'est Boeing qui va payer pour ce retard, étant engagé sur un contrat à coût fixe avec la NASA qui a déjà payé sa part depuis longtemps. Ce surcoût global pour le géant de l'aéronautique américaine se chiffrait à environ 1 milliard de dollars l'année dernière… et va naturellement grimper. Double coup dur, si le vol avec astronautes de Starliner se décale trop, la NASA attribuera très probablement ses rotations d'équipage du printemps et de l'automne 2024 à SpaceX (Crew-8 et 9) par sécurité.

Cela pose aussi le problème des lanceurs Atlas V, dont toutes les dernières unités seront consacrées à Starliner, et qu'United Launch Alliance devra stocker tout en terminant la transition vers Vulcan, son nouveau lanceur pour lequel Starliner n'est, à nouveau, pas encore certifiée. Dans tous les cas, le fossé de perception entre Starliner et Crew Dragon va encore croître. La capsule de SpaceX a pour l'instant emmené 38 astronautes en orbite, et deux à trois vols habités supplémentaires devraient prendre place d'ici l'hiver prochain.

Source : SpaceNews