Le JPL (Jet Propulsion Laboratory) de la NASA a lancé, sur la plateforme de crowdsourcing HeroX, un concours ouvert au public. Celui-ci invite des particuliers à concevoir l'un des systèmes qui équipera le rover de l'agence spatiale, à destination de Vénus.
Pour les personnes dont les projets auront été retenus, la NASA a prévu 30 000 dollars de récompenses : 15 000 dollars pour le premier, 10 000 pour le second et 5 000 pour le troisième.
Voyage en enfer
Sur la page de l'appel à candidature, le ton est donné : « Imaginez un monde suffisamment chaud pour transformer le plomb en flaque d'eau, où la pression atmosphérique peut écraser un sous-marin à propulsion nucléaire ». On l'aura compris : ce monde, c'est Vénus, un endroit où la température à la surface dépasse les 450°C et où la pression est 92 fois supérieure à celle de la Terre. Si les vents y sont faibles (entre 0,3 et 1,3 mètre par seconde), la pression extrême les fait ressembler à de violentes bourrasques sur Terre.Pourtant, la NASA entend bien explorer cet environnement qu'elle décrit comme « proche de l'enfer ». Pour cela, elle veut utiliser un concept de rover baptisé AREE (Automaton Rover for Extreme Environments). Le concours qui vient d'être lancé ne vise pas à concevoir l'ensemble de ce rover, mais uniquement un système de capteurs et d'évitement d'obstacles qui devra l'accompagner sur Vénus. Celui-ci devra être en mesure de résister à son environnement.
Explorer sans électronique
Dans son communiqué, l'agence insiste sur la complexité de la tâche : « Alors que de nombreuses missions ont visité notre planète-sœur, une douzaine seulement ont pris contact avec la surface de Vénus avant de succomber rapidement à la chaleur et à la pression oppressive ». La dernière en date est celle de la sonde soviétique Vega 2, en 1985. Pour la NASA, la principale difficulté sera la température. L'électronique actuelle ne tenant pas au-delà des 250°C, l'idéal serait de concevoir un système de capteurs qui ne repose pas sur l'électronique.L'exploration de Vénus est importante. Pour Jonathan Sauder, ingénieur principal en mécatronique au JPL et chercheur principal de l'AREE, « la Terre et Vénus étaient des planètes similaires à l'origine, mais Vénus a pris un virage à un moment donné et est devenue inhospitalière à la vie telle que nous la connaissons. En atterrissant sur Vénus et en l'explorant, nous pourrions comprendre ce qui a fait que la Terre et Vénus ont continué sur des chemins extrêmement différents ».
C'est pourquoi l'agence est à la recherche d'idées. Ryon Stewart, le coordinateur du concours a déclaré : « C'est une opportunité excitante pour le public que de concevoir un composant qui pourrait un jour se retrouver sur un autre corps céleste. La NASA reconnaît que les bonnes idées peuvent venir de n'importe où. [ ... ] Les concours sont un excellent moyen de susciter l'intérêt et l'ingéniosité du public et de rendre l'exploration spatiale accessible à tous ». Les propositions doivent être déposées avant le 29 mai prochain.
Source : NASA