© Florence Jeux
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Le praticien a mis en vente en début d'année le NFT d'une radiographie de l'une de ses patientes, touchée par une balle de kalachnikov.

Pour quelques centaines d'euros, beaucoup sont prêts à se livrer à des actes particulièrement indignes. L'histoire jugée ces jours-ci par le tribunal correctionnel de Paris le démontre, hélas, bien tristement.

Une radio vendue aux enchères aux États-Unis sous la forme d'un NFT

Emmanuel Masmejean, chirurgien de la main à l'hôpital Georges-Pompidou de Paris, est accusé d'avoir vendu, sur deux sites internet américains spécialisés dans les NFT, une radiographie d'une patiente blessée par une balle de kalachnikov lors des attaques terroristes du Bataclan le 13 novembre 2015.

L'homme avait fixé comme prix de départ pour cette radio une somme de 2776 dollars. En légende, le chirurgien expliquait avoir opéré cinq femmes rescapées du Bataclan, dont cette patiente « qui a perdu son petit ami dans cette attaque ». M. Masmejean avait cru bon d'ajouter la légende « Hope you like it », « j'espère que vous apprécierez » en français.

La patiente ignorait bien évidemment tout de cette mise en vente et était présente lors de l'audience tenue au tribunal.

L'accusé justifie une démarche « pédagogique » et risque un an d'emprisonnement avec sursis

Le chirurgien s'est excusé auprès de la victime, mais a paru tout autant chercher à justifier son acte devant la Cour.

Poursuivi pour « violation du secret professionnel » et « utilisation de données personnelles », Emmanuel Masmejean explique avoir « respecté les règles déontologiques d’une publication, la radio était anonymisée » et que la vente de cette radio était une démarche « pédagogique ».

Il a toutefois été rappelé devant le tribunal que le fils du praticien, aujourd'hui suspendu par sa hiérarchie, est également le fondateur du site de vente Showtime.

« Diffuser une radio, ce n’est pas de la pédagogie, c’est du voyeurisme », lui répond sa patiente à la barre qui explique avoir reçu un coup de fil du chirurgien une fois l'affaire révélée par le site Mediapart. Celui-ci voulait lui présenter des excuses « purement formelles ». « Il n’est pas un ado qui a découvert les NFT dans sa chambre. C’est un adulte et un professeur. Il est formé à la déontologie médicale. Ce n’est pas un simple dérapage », ajoute t-elle.

M. Masmejean risque un an d'emprisonnement avec sursis, 15 000 euros d'amende et un an d'interdiction d'exercice de la médecine. Le jugement sera rendu le 30 novembre prochain.

Source : Le Monde