Un ancien agent du renseignement intérieur, connu sous le pseudonyme « Haurus », est accusé d'avoir vendu des informations provenant de fichiers de police sur le darknet. Il doit s'en expliquer au tribunal.

Un homme menotté et un smartphone avec écran vert © Vitstyle / Shutterstock
Un homme menotté et un smartphone avec écran vert © Vitstyle / Shutterstock

L'affaire « Haurus » met à mal le renseignement français. Un ancien agent de la Direction générale de la Sécurité intérieure, la DGSI, comparaît ce lundi 14 octobre à Marseille devant le tribunal correctionnel, pour avoir vendu des informations confidentielles sur le darknet. Le problème, c'est que les données appartenaient à la police, et qu'elles ont surtout abouti à des règlements de comptes entre narcotrafiquants, comme nous l'apprend La Provence.

Un agent double partagé entre la police et ses activités criminelles en ligne

Derrière « Haurus », on retrouve Christophe Boutry, qui n'est pas un cybercriminel ordinaire. Cet ex-policier de 38 ans, qui officiait au sein d'une unité antiterroriste de la DGSI, menant une double vie. Le jour, il traquait les terroristes. La nuit, il vendait des informations ultra-confidentielles sur le darknet.

Son business ? Les « doxx », ces dossiers contenant des données personnelles d'ordinaire inaccessibles au grand public. Numéros de téléphone, plaques d'immatriculation, adresses, relevés téléphoniques… Tout y passait, pour 40 000 à 50 000 euros de bénéfices. Christophe Boutry utilisait des messageries chiffrées comme Signal et Jabber pour communiquer avec ses clients.

Mais le plus grave reste à venir. Car ces informations, tombées entre les mains de narcotrafiquants marseillais, auraient servi à localiser et éliminer des rivaux. Un véritable jeu de piste macabre, dont l'ex-agent serait le point de départ. Les gangs impliqués, dont l'un est issu de Marignane, auraient utilisé ces données pour prendre l'avantage dans une sanglante guerre territoriale.

Pas moins de cinq homicides permis grâce aux données vendues

Voilà une affaire qui doit sensibiliser sur les dangers du darknet, cette face cachée d'internet où l'anonymat règne en maître. Les criminels y trouvent un terrain de jeu idéal pour leurs activités illicites, loin des regards indiscrets. L'utilisation croissante de cryptomonnaies pour les paiements ajoute une couche supplémentaire de complexité pour les enquêteurs.

Dans le cas d'Haurus, c'est tout un réseau qui s'est construit autour de ses fuites d'informations. Du vendeur à l'acheteur, en passant par des intermédiaires, une véritable chaîne de transmission s'est mise en place. L'organisation, sophistiquée, témoigne ici de la professionnalisation du crime sur le darknet.

Les conséquences ont en tout cas été dramatiques : cinq personnes auraient été localisées et tuées dans des fusillades liées à ces ventes de données. Un malheureux innocent, un passant, figure parmi les victimes. En attendant la décision du tribunal correctionnel de Marseille, Christophe Boutry a d'ores et déjà été reçu une interdiction définitive d'exercer dans la fonction publique ou dans la police.

Source : La Provence