Concepts automobiles novateurs chez Peugeot ou encore BMW, réalité virtuelle en force chez Sony et HTC, mais nouveautés plutôt éparses sur la domotique ou les téléviseurs (malgré quelques innovations intrigantes)… Le CES 2023 n’a pas été aussi riche et prenant dans tous les secteurs. Il l’a toutefois été sur le terrain des PC portables, avec une pluie d’annonces, la confirmation de certaines orientations déjà visibles et l’émergence de nouvelles tendances. Voici ce qui nous a marqués en matière de laptops sur le salon américain.
Si, comme nous, vous avez suivi l’édition 2023 du CES, il ne vous aura pas échappé qu’une importante quantité d’annonces concernaient le seul secteur des PC portables. Alors que le marché du PC dans sa globalité a franchement régressé sur le plan commercial durant la fin d’année 2022 (-28,5 % des ventes selon Gartner au cours du dernier trimestre 2022), les constructeurs continuent de croire aux PC portables et à investir sur ce terrain. Ce n'est certainement par sur Clubic qu'on s'en plaindra.
Malgré des prix qui s’envolent souvent, les nouveautés et les innovations en contrepartie ne manquent pas. Nous avons décidé de revenir point par point sur les éléments marquants qui façonneront sans doute les PC portables de 2023 et ceux qui viendront par la suite.
Intel, AMD et NVIDIA prêts à inonder le marché de leurs nouvelles puces
Difficile de ne pas commencer par les annonces de la palanquée de nouveaux composants à basse consommation lancée à l’occasion du CES. Cette année, Intel a en effet renouvelé l’essentiel de ses processeurs mobiles (passant ainsi sur sa 13e génération de processeur Core) tandis que NVIDIA a profité de l’événement pour lancer ses nouvelles cartes graphiques mobiles RTX 4000 « Ada Lovelace » pour PC portables. AMD, de son côté, était une nouvelle fois présente sur les deux tableaux avec l’annonce de ses cartes graphiques mobiles Radeon RX 7000 et de ses processeurs Ryzen 7000 pour laptop gaming et ultraportables.
Sans vous refaire l’inventaire complet de toutes les annonces, ce que l’on note chez Intel, c’est l’introduction d’une grosse trentaine de nouveaux processeurs au travers de ses lignées HX (55 W), H (45 W), P (28 W) et U (15 W). Avec elles, la marque couvre toutes les catégories de produits en déclinant son architecture Raptor Lake à toutes les sauces sans toutefois changer d’approche par rapport à l’an dernier : on monte surtout en performances.
On retient en revanche une vraie nouveauté chez Intel avec l’introduction d’une toute nouvelle lignée de puces : les Core N. Ces dernières se distinguent par leur approche qui consiste à offrir les meilleures performances possibles sur les PC portables entrée de gamme. En clair, la lignée N devrait faire figure de bon rapport performances-prix sur les machines abordables destinées au marché de masse. Avec ses Core N, Intel fait toutefois quelques concessions. Car si ces puces sont bien fondées sur le même procédé Intel 7 (10 nm) que les autres processeurs de 13e génération, elles se contenteront uniquement de cœurs à haute efficacité énergétique et à performances modérées. C'est suffisant pour le quotidien, assure Intel, mais nous devrons les tester pour en avoir le cœur net.
On ne fait plus la présentation chez NVIDIA des dernières RTX 4000 mobiles, annoncées dès l’ouverture du CES. En tout, la firme a dévoilé cinq nouvelles références d’un coup pour remplacer les RTX 3000 qui équipaient nos PC portables gaming depuis près de deux ans. Au menu : la RTX 4050 pour les machines lancées à partir de 1 000 dollars, suivie des RTX 4060 et 4070 sur les appareils milieu et haut de gamme, puis de la RTX 4080 sur le très haut de gamme. Fait marquant, une RTX 4090 mobile est aussi d’actualité, mais cette référence sera principalement réservée aux flagships et aux modèles destinés aux créateurs de contenu les plus exigeants et fortunés. Son impact sur le marché devrait donc être assez faible, tout à l’inverse de ses performances qui devraient en effet approcher celles d’une RTX 3080 de bureau. Rien que ça.
En matière de cartes graphiques mobiles, AMD reprend pour sa part son architecture RDNA 3 et la porte sur PC portables au travers de quatre nouveaux modèles Radeon : la RX 7600M XT sur le haut de gamme (qui pourra dépasser les 100 W de TGP) ainsi que les 7700S, 7600M et 7600S, moins performantes, mais que l’on trouvera sur des machines plus abordables et/ou plus compactes.
La firme de Lisa Su a également dégainé toute une flopée de nouveaux processeurs basse consommation Ryzen 7000… en « trichant » cependant un peu sur l’architecture embarquée, très variable d’une référence à l’autre, puisque les designs Zen 2, Zen 3, Zen 3+ et Zen 4 sont représentés pêle-mêle dans cette nouvelle gamme. Retenez que les puces 7045 et 7040 « Dragon Range » et « Phoenix » sont les plus novatrices, puisqu’elles adoptent la nouvelle architecture Zen 4. Les premières seront installées à bord des PC portables gaming, tandis que l’on trouvera les secondes sur les PC portables hautes performances un peu plus compacts. Pour les ultraportables, il faudra en revanche se satisfaire de puces Ryzen 7035 et 7030 sous architectures Zen 3+ et Zen 3, plus datées.
L’écran, la pièce maîtresse des PC portables en 2023
Au-delà des nouveaux composants que l’on s’attend à trouver à intervalles réguliers sur PC portables, le CES 2023 aura été marqué par l’adoption quasi généralisée de meilleurs écrans pour les modèles dévoilés sur le salon. S’il faudra clairement débourser d’importants montants pour mettre la main sur les modèles les mieux pourvus, les constructeurs font des efforts de plus en plus marqués pour améliorer la qualité d’affichage sur leurs produits et offrir une meilleure expérience visuelle à leurs utilisateurs.
Menée par ASUS, qui investit massivement sur ce terrain depuis près de deux ans, la tendance de l’OLED sur PC portable se renforce encore plus cette année avec l’apparition de cette technologie d’affichage sur un nombre élargi de références. En plus d’ASUS, qui s’impose désormais comme leader presque incontesté sur ce terrain, LG a choisi l’OLED pour équiper ses nouveaux modèles d’ultraportables Gram. De plus, Lenovo opte maintenant plus largement sur ce type d’écrans, notamment sur ses gammes Yoga, ThinkPad et ThinkBook. Acer et Dell ne font pas non plus exception.
La technologie Mini-LED, qui offre un gain visuel tout aussi notable par rapport aux dalles LCD classiques, a également fait l’objet d’un certain engouement lors de ce CES 2023. Après avoir été embrassée par Apple sur les derniers MacBook Pro (et alors que certains constructeurs comme MSI l’avaient aussi adoptée encore plus tôt sur certains de leurs modèles créatifs), cette technologie se fraye désormais un chemin sur les derniers Blade 16 et 18 de Razer, sur le Titan GT77 de MSI ou sur les nouveaux Predator Helios 16 et 18 d’Acer, pour ne citer qu’eux. Face à l’OLED, le Mini-LED a l’avantage d’offrir une expérience visuelle similaire (bien qu’un peu moins bonne sur le contraste), mais avec une luminosité maximale souvent plus importante et des risques de marquage (burn-in) plus faibles.
Difficile enfin de ne pas noter le passage d’un plus grand nombre de PC portables gaming au format 16:10, notamment chez Razer ou chez Alienware. On remarque également l’adoption de diagonales toujours plus imposantes pour les modèles destinés aux joueurs. L’ancien 15,6 pouces devient de plus en plus régulièrement du 16 pouces tandis que le 17,3 pouces traditionnel semble perdre du terrain face aux écrans de 18 pouces. C’est le cas sur le Razer Blade 18, l’Acer Predator Helios 18, l’ASUS ROG Strix Star 18 ou encore l’Alienware m18. Seul bémol : pour réduire les coûts, certaines configurations se limitent alors à une définition Full HD qui risque fort d’être trop chiche sur ces très grands formats. Là aussi, nous aurons sûrement l’occasion de vous en dire plus lors de tests à venir sur Clubic.
Quelques nouveautés remarquables (et remarquées)
Terminons notre tour d’horizon en évoquant les quelques nouveautés marquantes, étranges et parfois pertinentes observées sur des PC portables annoncés en ce début d’année. On note en premier lieu le retour des écrans 3D sans lunettes chez ASUS, avec un concept proche de celui d’une Nintendo 3DS, mais en beaucoup plus évolué. Destinés principalement aux utilisateurs créatifs, les Vivobook Pro 16X 3D OLED et ProArt StudioBook 16 3D OLED du constructeur taïwanais veulent permettre d’observer en temps réel, en relief, et sans lunettes des rendus façonnés en 3D sur Blender, par exemple. Un concept intrigant et technologiquement abouti qui devrait toutefois faire flamber le prix des appareils sur lesquels il sera décliné.
Quelques form-factors atypiques ont également été aperçus au CES 2023, principalement chez Lenovo avec les ThinkBook Plus Twist et Yoga Book 9i.
Le ThinkBook Plus Twist est un ultraportable doté d’un écran « bi-face ». D’un côté, on trouve une dalle OLED 2,8K de 13,3 pouces, et de l’autre, un panneau e-Ink (comme sur une liseuse) de 12 pouces. Le principe est alors simple : faire basculer l’écran (tactile sur les deux faces) en fonction des contenus consultés et de son utilisation du moment. L’e-Ink est parfait pour la lecture, prendre des notes, travailler en se reposant les yeux ou économiser la batterie (taux de rafraîchissement de 12 Hz seulement). L’OLED, lui, est idéal pour le visionnage de films, les utilisations avancées ou la navigation web. Comptez toutefois environ 1 800 dollars pour profiter de ce que ce modèle intrigant a à offrir.
Le Yoga Book 9i est pour sa part un ultraportable articulé autour de deux écrans OLED tactiles 2,8K de 13,3 pouces, attachés l’un à l’autre par une charnière à l’image de l’ancien concept du Surface Neo. L’appareil rejoint alors la petite lignée des produits qui cherchent à conférer plus de polyvalence que les ultraportables classiques grâce à de nouveaux concepts pliants (il nous rappelle d’ailleurs un peu le ZenBook 17 Fold OLED). L’engin peut en effet servir horizontalement pour la consultation de contenus, replié sous forme de tablette ou à la verticale (un écran par-dessus l’autre) pour booster sa productivité. Prix de départ : 2 299 euros.
Enfin, il nous semble intéressant de mentionner l’apparition désormais assez fréquente de systèmes de dissipation à triple ou quadruple ventilateurs, plus marginalement et bien cachés à l’intérieur des châssis, pour refroidir plus efficacement des composants toujours plus performants (et parfois aussi plus gourmands en énergie). Apparus mi-2021 sur les Alienware x15 et x17, puis sur les ROG Zephyrus ROG Flow X16 d’ASUS, ces nouveaux dispositifs continuent d’être employés chez les deux constructeurs et s’invitent désormais sur les nouveaux Blade 18 de Razer. Nous sommes très curieux de voir si cette tendance encore naissante ira en se renforçant dans les mois et les années à venir.