Nikon D7000
Depuis quelques années, Nikon a pris un ascendant conséquent en matière de reflex. Chaque nouveau modèle améliorant significativement le précédent en bousculant une concurrence qui, en dehors de Canon, semble toujours un peu à la traîne. Les Nikonistes ne vont pas s'en plaindre, mais question suspens on a vu mieux... Seulement aujourd'hui, le marché se montre plus vif et concurrentiel. Le D7000 va donc devoir se surpasser pour parvenir à s'imposer en référence, comme le D90 le fit en son temps. Que les adeptes de la marque se rassurent, le D7000 n'est pas là pour faire de la figuration !Le Nikon D7000
Sommaire
- Prise en main et ergonomie
- Performances : réactivité et objectif
- Qualité d'image et hautes sensibilités
- Fonctionnalités et vidéo
- Note et conclusion
Prise en main et ergonomie
Nikon reste fidèle à ce qui a fait et continue de faire son succès, à savoir des reflex aux formes généreuses (mais bien proportionnées), ne sacrifiant pas l'ergonomie en quête de miniaturisation. Même s'il reste plus compact qu'un D300S, le boîtier du D7000 propose une poignée grippée spacieuse et bien galbée, suffisamment haute pour les grandes mains sans que cela soit pénalisant pour les petites. La différence avec le « petit » K-5 est flagrante. On apprécie également les deux molettes de réglages qui tombent parfaitement sous l'index et le pouce, ou encore la nouvelle gâchette dédiée au mode Live View avec un bouton central de déclenchement vidéo.
Bloc poignée avec déclencheur et molette avant, molette de pouce et gâchette Live View avec bouton central de déclenchement vidéo
Autres nouveautés au menu des réjouissances : le double sélecteur cranté (modes de prise de vue sur le dessus, choix de motorisation en-dessous) ou encore le bouton de réglage de la mise au point ajouté au loquet « AF / M ». Sur le sélecteur, on notera la présence entre les entrées rafale et retardateur d'une option Q, pour « Quiet », produisant un déclenchement plus silencieux (le retour du miroir est ralenti).
Double sélecteur (mode + motorisation) cranté et bouton de réglages de la mise au point sur le loquet « AF/M »
En matière de finition, Nikon a soigné son dernier joujou : éléments de la coque du boîtier en alliage de magnésium (pas le châssis, en plastique), joints d'étanchéité (Nikon ne précise pas combien... moins que sur le K-5 en tout cas), obturateur garanti 150 000 déclenchements et viseur à pentaprisme couvrant 100 % du capteur (comme sur le D300S), nouvelle batterie de 1 900 mAh (contre 1 500 mAh sur le D90)... La connectique se montre par ailleurs complète, puisqu'en dehors de la prise synchro flash pour une utilisation studio rien de manque (USB, A/V, HDMI, entrée micro, infrarouge, télécommande et GPS).
Nouvelle batterie 1 900 mAh, connectique très complète et viseur
On notera également la présence pertinente d'un double logement pour carte mémoire SD. On peut alors paramétrer le fonctionnement du stockage comme on veut : sauvegarde d'une carte sur l'autre, extension de la capacité ou gestion du double format d'enregistrement Jpeg + RAW. Bref, sans dégager la même aura pro qu'un D300S, le D7000 procure une prise en main tout à fait rassurante, confortable et efficace !
Double logement pour carte mémoire SD et réglage du fonctionnement des deux cartes
On pourrait toutefois formuler un reproche : la position de la commande des ISO n'est pas des plus judicieuse : elle exige qu'on ramène la main gauche (qui était alors sur l'objectif) et qu'on décolle l'œil du viseur afin d'actionner la touche. Pour une commande qu'on utilise aussi souvent, c'est pas terrible... Et on notera aussi la grande (excessive ?) sensibilité du déclencheur.
La touche ISO est mal placée
La notion d'ergonomie passe également par le logiciel embarqué, et dans ce domaine, le D7000 n'apporte rien de nouveau. Les menus sont toujours aussi denses, ce qui peut faire peur de prime abord. Mais tout utilisateur avancé qui potassera la documentation trouvera rapidement ses marques, et appréciera l'étendue des possibilités offertes par le D7000, notamment dans « LE » menu « Réglages perso. ». Une fois chose faite, vous tiendrez entre les mains un boîtier sur mesure et vous n'aurez plus qu'à pratiquer l'onglet « Prise de vue », beaucoup plus digeste. L'ensemble se montre fluide et relativement intelligible (hors notions photographiques complexes).
Menus « Prise de vue » et « Réglages perso. »
Menus « Réglages perso. » éclaté
En plus de l'interface de contrôle sur le LCD principal, adressé aux moins experts, le D7000 embarque le classique écran rectangulaire monochrome (rétro-éclairé) sur le dessus du boîtier. Bon point : il donne accès à la plupart des réglages courants de l'appareil et donne toutes les informations utiles. Les utilisateurs confirmés apprécieront le gain de temps et d'énergie (cet écran consomme moins).
Interface de contrôle sur le LCD principal et sur l'écran monochrome
Performances : réactivité et objectif
Un appareil réactif
Comme tout reflex qui se respecte, le D7000 s'allume quasi instantanément (délai non perceptible). Et sa latence au déclenchement se montre particulièrement faible : environ 0,03 s ! L'autofocus, qui bénéficie d'un nouveau module Multi-CAM 4800DX sur 39 collimateurs, se montre très fiable et polyvalent. Question rapidité, plusieurs choses à noter. D'abord les résultats dépendent des optiques employées (qui disposent d'un moteur AF plus ou moins performant) : sur le 18-105 mm fourni, la mise au point est plus longue qu'avec un 17-55 mm f:2,8, par exemple. Ensuite, les délais s'allongent considérablement par faible luminosité. C'est généralement valable pour tous les appareils photo, mais là il arrive que le point (et donc la photo) refuse de se faire. Enfin, il vaut mieux régler le boîtier sur le collimateur central pour obtenir la meilleure réactivité.Comptez entre 0,15 s et 0,75 s en conditions normales (latence comprise) selon la focale et la correction de mise au point à opérer. C'est très bien, mais le K-5 est un soupçon plus nerveux. Attention, si on passe en autofocus à détection de contraste (en mode Live View), ces délais s'allongent considérablement pour atteindre 1,45 s dans le meilleur des cas, 1,8 s dans le pire des cas (voire plus si l'AF patine)...
Côté rafale, le D7000 tient la cadence de 6 im/s pendant 4 à 5 s en Jpeg, soit 24 à 30 images capturées. En RAW (ou RAW + Jpeg), la cadence est maintenue, mais sur 1,5 s seulement (soit 9 images enregistrées). La motorisation se montre donc élevée mais le buffer un peu décevant... Elle a toutefois bien progressé par rapport au D90 et ses 4,5 im/s !
Un objectif polyvalent
Le D7000 peut être acheté nu, mais si vous voulez un ensemble prêt à l'emploi, le premier kit proposé comprend ce zoom 18-105 mm (équivalent 27-157,5 mm en 24 x 36). L'objectif propose des ouvertures classiques (f:3,5 - 5,6) mais intègre la stabilisation optique Nikon VR, toujours aussi efficace. On apprécie la relative polyvalence de la plage de focales (zoom 5,8 X grand angle) ou encore la discrétion de la motorisation SWM. Mais on aurait souhaité que cette dernière soit plus vivace. Et la distance minimum de mise au point de 28 cm est un peu longue (le 18-55 mm du K-5 de Pentax shoote à 12 cm).
Côté piqué, cet objectif d'entrée de gamme ne fait pas d'exploit, mais se comporte correctement. Il y a tout de même des hauts (entre 35 et 70 mm) et des bas (18 mm surtout, 105 mm dans une moindre mesure). Le zoom donne globalement satisfaction au centre, mais rarement sur les bords (jamais à 18 mm), où il faut fermer considérablement le diaphragme (f:11 voire f:16) pour obtenir une amélioration modeste.
Piqué obtenu au centre à 18 mm à f:3,5, f:5,6, f:8 et f:11
Piqué obtenu sur les bords à 18 mm à f:3,5, f:5,6, f:8 et f:11
Piqué obtenu au centre à 35 mm à f:4,5, f:5,6, f:8 et f:11
Piqué obtenu sur les bords à 35 mm à f:4,5, f:5,6, f:8 et f:11
Aux pleines ouvertures, les bords ont du mal à dissimuler leur mollesse, tandis qu'à 105 mm l'objectif exhibe un important vignettage.
Piqué obtenu au centre à 50 mm à f:5, f:6,3, f:8 et f:11
Piqué obtenu sur les bords à 50 mm à f:5, f:6,3, f:8 et f:11
Piqué obtenu au centre à 105 mm à f:5,6, f:8, f:11 et f:16
Piqué obtenu sur les bords à 105 mm à f:5,6, f:8, f:11 et f:16
Pas de problème d'aberrations chromatiques à déplorer en particulier, mais des taux de distorsion assez importants, en barillet à 18 mm puis en coussinet à 35, 50 et 105 mm. Le « contrôle auto » de la distorsion permet de gommer en partie le problème, mais il s'accapare une bonne partie des ressources du D7000, réduisant le buffer à une dizaine d'images.
Distorsion à 18 mm, 35 mm, 50 mm et 105 mm
Distorsion à 18 mm sans puis avec correction, et idem à 35 mm
Qualité d'image et hautes sensibilités
Le capteur CMOS de 16,2 Mpix combiné au processeur de traitement d'image EXPEED 2 s'en sort superbement bien. Entre 100 et 800 ISO, il faut s'accrocher pour distinguer quelle image a été capturée à quelle sensibilité. A 1 600 ISO, on voit poindre un début de grain, du bruit de luminance, très discret.Extrait 1 à 100, 200, 400 et 800 ISO
Extrait 2 à 100, 200, 400 et 800 ISO
Ce n'est qu'à partir de 3 200 ISO que la montée en sensibilité commence à se concrétiser de façon distincte dans les photos. Le bruit de luminance s'épaissit, surtout dans les zones sombres, tandis qu'on parvient à discerner des tâches colorées par endroit. Mais rien de gênant, les détails sont encore nombreux et les images peuvent tout à fait être optimisées en post traitement. 6 400 ISO marque la césure, valeur à partir de laquelle il sera délicat d'exploiter tout le potentiel des 16 Mpix. En effet, le cisaillement affecte désormais les contours, et les formes de bruit observées précédemment s'accentuent. Mais bon... nous sommes à 6 400 ISO ! Le visionnage sur écran et l'impression jusqu'en A4 (avec un peu de post-traitement) ne posent aucun problème.
Extrait 1 à 1 600, 3 200 et 6 400 ISO
Extrait 2 à 1 600, 3 200 et 6 400 ISO
Quant aux modes étendus H1 et H2, respectivement 12 800 et 25 600 ISO, ils ne serviront qu'en dépannage. Et encore pour le 25 600 ISO ça n'est même pas sûr (ou alors en noir et blanc pour limiter la casse). Une belle performance d'ensemble !
Extrait 1 à 12 800 et 25 600 ISO, puis extrait 2 aux mêmes sensibilités
Le D7000 propose par ailleurs plusieurs réglages pour l'algorithme de réduction du bruit, de la désactivation au niveau élevé. Les différents rendus sont intéressants, même si l'utilisation du format RAW reste la façon d'obtenir les résultats les plus pointus. Dommage en revanche que le logiciel ViewNX2 fourni ne propose aucun outil de traitement du bruit...
Extrait 1 à 3 200 ISO avec NR désactivée, faible, normale et élevée
Mais encore ?
Pour ce qui est des autres critères d'évaluation, il n'y a pas de grande surprise. Le D7000 délivre de superbes images dont on peut allègrement modifier le rendu via le menu « Picture Control ». On choisit parmi plusieurs préréglages (standard, neutre, saturé, monochrome, portrait et paysage) et on intervient sur la netteté, le contraste, la luminosité, la saturation et la teinte. Le mode monochrome propose en plus des effets de filtres et des virages colorés ajustables. Par défaut, la colorimétrie est assez flatteuse (moins réaliste que sur le K-5), la netteté un peu basse (mais mieux que sur le K-5).Menu Picture Control
La balance des blancs fait un très bon travail dans l'ensemble, mais lutte comme d'habitude avec les lumières artificielles, notamment incandescentes. On notera l'arrivée d'une balance automatique double, avec un réglage A1 qui cherche à neutraliser toute dominante et un réglage A2 qui à l'inverse veut conserver l'ambiance de la lumière réelle. Bien pensé !
A gauche la balance A1, à droite la A2
Reste la mesure de la lumière, qui se montre tout à fait fiable en intérieur, mais tend légèrement à surexposer en extérieur par beau temps. Il suffit de le savoir. Mais cette tendance est d'autant plus regrettable que c'est précisément par beau temps qu'on a le plus de mal à contrôler ses images sur écran... On pouvait attendre un peu mieux de la part du nouveau capteur RVB de 2016 pixels. Le RAW permet là aussi d'avoir suffisamment de souplesse pour récupérer des détails perdus dans les hautes lumières.
A gauche le Jpeg surexposé, à droite le RAW où on a pu récupérer de la texture dans les nuages
Fonctionnalités et vidéo
Le D7000 propose à peu près tout ce qu'on peut attendre d'un bon reflex. Comme nous l'avons déjà évoqué dans la partie sur l'ergonomie, le boîtier est très largement personnalisable (ré-assignation de commandes, changement des fonctions et du sens de rotation des molettes de réglages...). On ne parlera pas du mode scène, dont on se demande un peu ce qu'il fait là... En revanche, on se réjouit de répertorier la surimpression, l'intervallomètre, les bracketing (exposition, flash, balance des blancs, D-Lighting), le D-Lighting (algorithme d'extension de la plage dynamique), le pilotage des flashs externes de la marque par le flash intégré (sans fil donc et en mesure TTL), un niveau électronique ou encore l'édition intégrée des RAW et des vidéos. On aurait bien aimé un mode HDR façon NEX-5 qui profite des 6 im/s du boîtier mais bon...D-Lighting, menu d'édition, touche Fn réassignable et niveau électronique
Maintenant le plus produit phare de Nikon, c'est la vidéo. Sur la qualité d'image, en 1 920 x 1 080p à 24 im/s ou en 1 280 x 720p à 25 im/s avec le réglage « élevée » activé, les vidéos du D7000 sont excellentes ! Il faut dire que l'encodage en Mpeg-4/H.264 à plus de 20 Mbps sert forcément bien la cause.
Tout n'est pas rose cependant. Il y a déjà cette bizarrerie en matière de réglages manuels. Quand on est en priorité ouverture, si on veut modifier l'ouverture, il faut d'abord shooter une photo pour que le réglage de diaphragme soit pris en compte sur la séquence vidéo à suivre. En plein tournage, impossible de changer... enfin si mais ça n'a aucun impact. Même problème en mode S mais avec la vitesse cette fois. Tandis que le mode M ne laisse l'accès qu'à l'obturation (modifiable en cours de tournage là) mais pas du tout à l'ouverture... Etrange !
Mais le plus gros souci reste l'échec de l'AF-F, à plusieurs niveaux. Sur un plan large fixe, l'AF-F effectue des mises au point intempestives dès qu'un objet bouge dans le cadrage. Si on resserre le plan ou donne du mouvement, les vas-et-viens d'autofocus s'intensifient. Idem en mode suivi, où la détection de contraste actualise le point à tâtons. Le problème c'est que ces tâtonnements occasionnent des flous, mais aussi des bruits d'autofocus (même avec un objectif à moteur ultrasonique) qui sont captés et largement amplifiés par le micro intégré. De deux choses l'une : soit il faut utiliser un micro externe (ou ne pas enregistrer de son), soit il faut se passer de l'AF-F et faire sa mise au point à l'ancienne. Vous voilà prévenus !
Quelques extraits de vidéos
Conclusion
Il n'y a pas à tortiller : le D7000 est un excellent boîtier ! Finition, ergonomie, réactivité, qualité d'image, gestion des hautes sensibilités, réglages... autant de critères sur lesquels le boîtier donne entière satisfaction. Nikon ne s'est pas contenté de mettre à jour son D90, il a vraiment surenchéri et parfois innové (nouveaux modules de mesure d'exposition et d'autofocus). À bien des égards, le D7000 se rapproche plus d'un D300S que d'un D90. On pourra aussi apprécier la bonne polyvalence du 18-105 mm fourni en kit, même si cette générosité de focales se fait un peu au détriment de la qualité d'image. Le D7000 ne révèlera tout son potentiel qu'avec des optiques de qualité ! La seule petite déception concerne la vidéo : on en attendait beaucoup, mais l'autofocus Full Time n'est pas à la hauteur de la belle qualité du Full HD. Il faudra donc se la jouer créatif et tout faire en manuel.Nikon D7000 : trouvez le prix le plus bas pour ce modèle sur notre comparateur de prix !