Test Fujifilm X-Pro1 : le compact hybride ultime ?

Aurélien Audy
Publié le 21 mars 2012 à 17h00

Fujifilm X-Pro1

Après un FinePix X100 qui nous avait littéralement conquis et un X10 franchement séduisant, Fujifilm passe la vitesse supérieure, en poussant sa gamme prestigieuse X à son apogée. L'idée : ajouter une monture d'objectifs interchangeables sur un compact à capteur APS-C. Et le X-Pro1 était né. Nous l'avons pendant quatre jours, c'est peu, mais nous l'avons manipulé intensément pour vous proposer un test le plus complet possible. Voici notre ressenti !

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Le Fujifilm X-Pro1


 Fujifilm FinePix X100Fujifilm X-Pro1
Caractéristiques générales comparées (en vert les améliorations, en orange les régressions)
BoîtierMagnésium - Revêtement cuir synthétiqueMagnésium - Revêtement cuir synthétique
Pixels / Résolution max12,3 Mpix
4 288 x 2 848 pixels
16,3 Mpix
4 896 x 3 264 pixels
Capteur - tailleCMOS
Format APS-C 23,6 x 15,8 mm
CMOS X-Trans
Format APS-C 23,6 x 15,6 mm
Densité de pixels3,3 Mpix / cm²4,4 Mpix / cm²
Anti-poussièreNonOui, vibrations ultrasoniques
ViséeOVF
EVF 1 440 000 pixels
Live View
OVF, grossissement 0,37X / 0,6X
EVF 1 440 000 pixels
Live View
MontureNon-interchangeableX-Mount
Objectif(s)Focale fixe 23 mm f:2 (équiv. 35 mm)18 mm f:2,0 (équiv. 27 mm)
35 mm f:1,4 (équiv. 52,5 mm)
60 mm f:2,4 (équiv. 90 mm)
StabilisationNonSelon objectif
Ecran2,8 pouces de 460 000 pixels3 pouces de 1 230 000 pixels
ISO en natif200 à 6 400 ISO
(100 et 12 800 ISO en étendu)
200 à 6 400 ISO
(100, 12 800 et 25 600 ISO en étendu)
Obturateur1/4 s à 1/4 000 s
+ pose T (30 s à 1/2 s)
+ pose B (60 min max)
1/4 s à 1/4 000 s
+ pose T (30 s à 1/2 s)
+ pose B (60 min max)
Balance des blancsAuto + 7 modes + manuel (2 500 à 10 000 K) + mesureAuto + 7 modes + manuel (2 500 à 10 000 K) + mesure
Formats de fichiersJpeg, RAW, RAW + JpegJpeg, RAW, RAW + Jpeg
RafaleJusqu'à 5 im/s
(10 vues)
Jusqu'à 6 im/s
(20 vues)
FlashIntégré 9 m max + griffe porte-flashgriffe porte-flash
StockageCartes SD/SDHC/SDXC (UHS-1) + 20 Mo internes
Cartes SD/SDHC/SDXC (UHS-1)
ConnectiqueMicro USB, mini HDMIMicro USB, mini HDMI, synchro flash
Câbles fournisUSB, chargeurUSB, chargeur
Dimensions126,5 x 74,4 x 53,9 mm139,5 x 81,8 x 42,5 mm (nu)
Poids (avec cache objectif, carte mémoire et batterie)450 g446 g (nu)
572 g (avec 18 mm)
AlimentationBatterie NP-95 1 800 mAhBatterie NP-W126 1 260 mAh
LogicielsSILKYPIX Raw ConverterSILKYPIX Raw Converter
Caractéristiques vidéo
Qualité maximum1 280 x 720p à 24 im/s1 920 x 1 080p à 24 im/s
Conteneur - codecMOV - Mpeg-4 AVCMOV - Mpeg-4 AVC
SonStéréoStéréo
AF pendant vidéoOuiOui
Vidéo stabiliséeNonSelon objectif
PrixEnviron 999 €Environ 1 700 € nu


Prise en main et ergonomie[/anchor]

Nous n'allons pas nous épancher outre mesure sur le design : le X-Pro1 tire sur les mêmes ficelles du « rétro à la mode » que le X100. Fujifilm indique à ce sujet que son nouvel appareil est fortement inspiré du Fujica ST801 datant de 1972... Ca peut charmer comme rebuter, à chacun sa vérité. En tout cas, tout le monde se mettra d'accord sur l'excellente finition de l'appareil. Boîtier en magnésium, cuir synthétique, molettes en métal... Le tout assemblé avec un soin méticuleux, suggérant un travail de fourmi en amont.

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Fujifilm joue plus que jamais la carte du rétro avec le X-Pro1 et sa housse en cuir (optionnelle)


L'esprit « photo à l'ancienne » du X100 est bien évidemment intact : nous retrouvons des molettes pour régler la vitesse d'obturation (avec un nouveau bouton cran d'arrêt en son centre) et la correction d'exposition, le bouton Fn personnalisable, et des bagues de diaphragme qui sont ici crantées sur des 1/3 de valeur, du moins pour les trois focales fixes reçues. Un très bon point !

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Un look rétro mais également l'ergonomie typée qui va avec. Un bouton à cran d'arrêt permet de bloquer la molette pour éviter les fausses manipulations. Notez sur les trois focales fixes proposées que la bague de diaph est crantée par tiers de valeur. Les tiers qu'on obtenait sur le X100 via la petite commande à bascule en haut de l'appareil


La principale nouveauté du X-Pro1, l'intégration de la monture X-Mount spécialement conçue pour l'appareil, lui a fait prendre de l'embonpoint : plus large, plus haut, plus épais, plus lourd. La prise en main et l'ergonomie sont directement impactées, en positif, pour ce qui est de la tenue du boîtier. Les boutons sont bien espacés, Fujifilm a pu former un galbe de pouce au dos, où les touches AE-AF Lock et Q, et ajouter un grip en caoutchouc sur la poignée. Cette nouvelle touche Q fait apparaître le Quick menu, affichant tous les réglages en cours de l'appareil et permettant leur modification. La roue codeuse du X100 a disparu, la petite commande à bascule été remplacée par une vraie molette circulaire crantée, plus accessible quand l'œil est rivé dans le viseur.

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Le grip de poignée et le petit galbe de pouce, avec légèrement sur la gauche la molette qui a remplacé la roue codeuse du X100. Et le Quick Menu.


En revanche, le côté encore assez compact du X100, donnant un fantastique bloc-notes photo, disparaît ici. L'augmentation du gabarit n'est pas si énorme que ça, mais elle est suffisante pour faire passer le boîtier d'un appareil qu'on peut glisser dans une poche de veste (comme le X100) à un appareil qu'il faut transporter en sacoche. Ca change pas mal la donne...



La visée inchangée...

...ou presque. Le concept de la visée optique hybride, avec renvoi d'informations du capteur dans le viseur reste le même. Seulement, comme l'appareil est supposé accueillir différentes focales, Fujifilm a mis au point un système de grossissement variable. Histoire qu'on ne se retrouve pas avec un cadre minuscule perdu au milieu d'un champ beaucoup trop large par rapport à l'optique. Deux prismes différents, logés à l'entrée de la fenêtre de l'OVF, vont automatiquement se relayer en fonction de l'objectif monté. Le premier offrant un grossissement de 0,37X se met en position avec le 18 mm, l'autre magnifiant à 0,6X s'impose sur les focales de 35 et 60 mm.

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Le X-Pro1 laisse toujours le choix entre visée optique avec remontée d'informations ou visée 100 % électronique


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Nous changeons d'optique et hop, le relai de prisme s'opère automatiquement à l'allumage


Il est toujours possible de basculer sur l'EVF via la manette en façade. La qualité est toujours aussi fabuleuse, forte de ses 1,4 million de pixels (pour 0,47 pouce). Ce sera d'ailleurs bien souvent préférable, pour avoir 100 % du cadrage, pour voir plus clair par faible éclairage, ou encore à l'avenir avec les zooms que Fujifilm devrait proposer (l'OVF devrait en toute logique être alors désactivé). Eh oui, si le viseur optique hybride possède toujours autant de charme, il souffre également toujours des mêmes limitations : cadrage limité, parallaxe, visibilité par faible lumière... Ajoutons également, et c'est nouveau sur le X-Pro1, l'absence de réglage dioptrique ainsi qu'un capteur de proximité (pour automatiser la bascule LCD/viseur) qui se montre instable quand nous posons l'œil droit dans le viseur...

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La manette en façade pour basculer entre OVF et EVF, le viseur et ses capteurs de proximité


Bon point en revanche : la problématique de la distance minimum de mise au point, excessive sur le X100, s'est ici nettement améliorée. Avec les 18 mm, 35 mm et 60 mm, le X-Pro1 peut respectivement faire sa mise au point naturellement à 18 cm, 28 cm et 27 cm environ. C'est seulement en-dessous de ces distances qu'il faut régler l'appareil en mode macro. Ca change des 80 cm du X100...

Quoi d'autre ? Signalons d'abord que l'écran a gagné en qualité, passant de 2,8 pouces avec 460 000 pixels à 3 pouces avec 1 230 000 pixels : l'affichage est superbe ! En revanche, le flash intégré à disparu : il ne reste ici que la griffe porte-flash et une prise de synchro qui fait son apparition. Côté connectique, le X-Pro1 est doté des mêmes prises micro USB et mini HDMI. Enfin, la batterie gagne en volume mais perd en capacité : plus que 1 260 mAh au lieu des 1 800 mAh du X100. Mais l'autonomie semble mieux gérée : nous avons pu prendre 330 vues en moyenne avec une charge complète. C'est encore assez peu mais mieux que les 235 vues environ du X100.

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La prise synchro flash et la batterie de 1 260 mAh


Quid de l'ergonomie des menus ?

Peu de changements au niveau des menus. Les onglets de réglage de la prive de vue d'un côté et de l'appareil de l'autre sont désormais directement numérotés, ce qui ne modifie pas grand-chose dans la pratique. Notez le passage à 7 modes « C » personnalisables (contre 3 sur le X100) ou encore l'apparition d'entrées liées à la présence d'une monture d'objectifs interchangeables : Régl. Long focale, Photo sans objectif, Nettoyage capteur...



Performances : réactivité et objectif[/anchor]

Plus rapide, moins furtif

Ceux qui ont lu le test du X100 auront noté l'inversion des qualificatifs dans l'intitulé de cette partie. En effet, le X-Pro1 gagne globalement en rapidité mais son obturation bruyante (comparée à celle parfaitement silencieuse du X100) rend l'appareil nettement moins discret. Allez, ne boudons pas notre plaisir, le X-Pro1 affiche dans l'ensemble d'assez nets progrès.

La latence au déclenchement est le seul domaine où le X-Pro1 fait moins bien que le X100 : l'obturateur à rideau du boîtier mettant plus de temps à se débattre que l'obturateur central (intégré à l'optique) du X100. Le X-Pro1 affiche ainsi une latence comprise entre 0,075 et 0,1 s (là où nous avions mesuré le X100 à 0,02 s). Mais il se rattrape sur le calcul de l'autofocus, opéré entre 0,3 s et 0,65 s, latence comprise, selon l'objectif monté. En mode macro, ces délais s'allongent inévitablement et fortement, comme sur le X100, avec des patinages vous murmurant bien souvent à l'oreille « passe en mise au point manuelle »... Cette dernière s'est améliorée, offrant désormais des paliers d'ajustement plus fins et réactifs. Mieux que le X100... mais rien à faire : la détection de contraste reste et restera toujours plus lente que la détection de phase des reflex !

L'allumage s'effectue en 1,4 s en mode Démarrage rapide (contre 1,9 s sur le X100). Le délai entre deux déclenchements reste à 0,8 s comme sur le X100. Mais la rafale passe à 6 im/s sur une vingtaine de vues en Jpeg, soit 1 im/s de mieux.

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Mesures exprimées en secondes : la plus petite est la meilleure


Des focales fixes haut de gamme

Une monture d'objectifs interchangeables, oui ; trois objectifs au catalogue pour l'heure, soit ; mais que des focales fixes... Si la polyvalence s'améliore nettement par rapport à l'optique inamovible équivalant à du 35 mm sur le X100, la commodité reste elle toute relative. Il va vraiment falloir recourir à une sacoche de transport ! Maintenant, focale fixe rime la plupart du temps avec qualité, le credo de Fujifilm pour cette gamme X. Physiquement, les trois objectifs sont très bien finis : tout en métal, belle construction, grandes ouvertures, bague de diaphragme, bague de mise au point agréable... Voyons dans le détail ce que ces optiques donnent.

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Les trois focales fixes proposées au lancement du X-Pro1


18 mm f:2,0

Commençons par la focale de 18 mm, qui ouvre à f:2,0. Elle équivaut à un 27 mm en 24x36, ce qui correspond donc à un grand-angle. Pratique pour du paysage, des scènes urbaines ou de la photo d'intérieur quand le recul manque, cette focale est aussi celle qui présente l'avantage d'être la moins encombrante, en attendant un prochain « pancake ». Le piqué délivré est très bon au centre dès la grande ouverture et jusqu'à f8. Au-delà, il diminue légèrement mais reste tout à fait satisfaisant. Sur les bords, l'objectif n'est jamais parfaitement net, mais par rapport à ce que produisent la plupart des zooms à cette focale (nous n'avons pas eu l'occasion de tester d'autres focales fixes de 18 mm), la perte de piqué reste complètement acceptable.



En revanche, si la distorsion reste bien maîtrisée, les aberrations chromatiques sont elles bien présentes, cela à toutes les ouvertures et davantage sur les bords de l'image dès que les contours se trouvent dans un milieu contrasté.

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Des aberrations se forment à f:2,8 mais aussi à f:8, de façon quasi systématique


35 mm f:1,4

Optique intéressante s'il en est, cette focale de 35 mm couvre un 50 mm en 24x36 (52,5 mm exactement). Typiquement pour de la scène urbaine (avec du recul), des travaux nocturnes et bien sûr, des portraits. Eh oui, parce que ce 35 mm ouvre à f:1,4 ! Une caractéristique qui ne coure pas les rues dans les gammes d'optiques dédiées aux compacts à objectifs interchangeables... Seul Panasonic propose un 25 mm doté d'une pareille ouverture. Cette générosité du diaphragme est-elle bien exploitée ? Si ça n'est clairement pas l'ouverture qu'il faudra choisir pour obtenir le plus de piqué, elle ne sera pas à proscrire pour autant. Au centre, le niveau de netteté est tout à fait respectable (plus en tout cas que sur le X100 à f2,0). Le piqué augmente très nettement dès qu'on visse à f:2,8, voire f:2,0, et reste très bon au centre jusqu'à f:16, avec une légère atténuation liée à la diffraction dès f:11. Les bords sont assez mou à f:1,4, et il faudra fermer à f:5,6 ou plus pour obtenir les meilleurs résultats.



Aucun problème d'aberration à déplorer ici, une distorsion négligeable et un superbe bokeh entre f:1,4 et f:2,8. Clairement notre optique préférée pour ce X-Pro1 !

60 mm f:2,4

Enfin, Fujifilm propose un 60 mm f:2,4 (équivalent 90 mm), dit macro. Pour la macro, le rapport de grossissement s'établit à 1 : 2, ce qui commence à donner des résultats très sympathiques... sans pour autant être comparable à une véritable optique macro avec un rapport de 1 : 1 au minimum. Mais c'est une très bonne focale pour faire du portrait serré ou pour composer en commençant à tasser les perspectives (sans être non plus un télé...). Le bon point ici, c'est que ce 60 mm est redoutablement homogène : bien piqué au centre comme sur les bords, à toutes les valeurs de diaphragme !



Pour être tout à fait honnêtes, avec le peu de temps à disposition, nous avons préféré privilégier les deux autres optiques. Nous avons donc assez peu d'images prises au 60 mm à scruter pour tenter d'observer des aberrations. Sur la quarantaine de clichés environ, seule une macro affiche une double frange colorée de part et d'autre de la zone de mise au point (violette avant, verte après).

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La photo macro faite à f:2,4 et l'extrait vu à 100 %


La bonne nouvelle, c'est que la roadmap de Fujifilm en matière d'objectifs est assez alléchante. Outre deux autres focales fixes, un 14 mm et un pancake 28 mm f:2,8, le X-Pro1 verra débarquer trois zooms stabilisés à ouverture constante f:4,0 : un 18-72 mm, un 70-200 mm et un 12-24 mm ! S'ils sont aussi qualitatifs que les trois focales fixes disponibles pour l'heure, ça promet !

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Une roadmap prometteuse !


Qualité d'image et hautes sensibilités[/anchor]

X-Trans et moiré

Nous voici arrivés à la partie probablement la plus attendue de ce test : la qualité d'image. L'autre grande nouveauté sur ce X-Pro1, après la monture X-Mount, c'est le capteur CMOS X-Trans de 16,3 MPix. Fujifilm aime décidément concocter ses capteurs maison !

En quoi le X-Trans rompt-il avec ce qui existe déjà ? Il délaisse la matrice coloré de Bayer (2 x 2 = 4 pixels) au profil de l'étrange matrice dite X-Trans (6 x 6 = 36 pixels), supposée parvenir à reproduire « la disposition aléatoire naturelle des grains d'halogénure d'argent dans les pellicules photographiques ». Coup de bluff ou de génie ?

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La différence entre une matrice de Bayer et le X-Trans


Le premier avantage, c'est que cette matrice X-Trans irrégulière permet d'éviter l'apparition de moiré. Ce phénomène se manifeste quand deux trames fines et régulières se superposent (lignes parallèles, croisillons, etc.) : une interférence visuelle fait voir des motifs inexistants (effet de contraste aux intersections des trames). En photo, un sujet tramé peut entrer en interférence avec la matrice de Bayer, faisant apparaître du moiré, souvent coloré. D'où l'idée de Fujifilm : si la matrice apposée sur le capteur est irrégulière, les risques de moiré sont réduits. Reste après coup à dé-matricer l'image capturée pour recomposer les couleurs RVB naturelle, algorithme dont se charge le processeur EXR de l'appareil.

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La périodicité irrégulière de la matrice X-Trans et la recomposition RVB effectuée par le processeur EXR


Une bien belle théorie, mais est-ce que ça marche ? Nous avons tenté de mettre à l'épreuve les X-Pro1 et X100 (doté lui d'une matrice de Bayer) avec différents sujets, notamment des rideaux. Et force est de constater que le X-Pro1 se débrouille relativement bien ! Si le moiré apparaît à la visée, les photos en sont généralement dépourvues, une fois la recomposition effectuée. La coloration demeure parfois, assez diffuse, mais les motifs sont bien évités.

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Le moiré est bien visible à l'écran. Mais sur le premier extrait issu du X-Pro1, le moiré reste très léger car diffus. Tandis que sur le second capturé avec le X100, le moiré coloré est beaucoup plus net


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Sur cette autre scène, le moiré visible à l'écran n'est pas capturé dans la photo finale. En revanche, une coloration diffuse demeure sur l'ensemble de l'image


Si le phénomène n'est pas totalement éradiqué, il n'est en tout cas pas plus présent que sur un capteur normal avec matrice de Bayer. Une performance en soi, puisque que cette matrice X-Trans permet dès lors à Fujifilm de se débarrasser des deux filtres passe-bas présents sur les capteurs traditionnels. Filtres ayant pour but de contenir le fameux moiré. Filtres encore qui, comme tout intermédiaire, ont le défaut de ponctionner en amont, en l'occurrence de la netteté. Impossible en revanche de quantifier ce gain théorique de netteté...

Hautes sensibilités

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Le capteur X-Trans dans sa monture X-Mount
Le X100 avait placé la barre très haut en matière de gestion du bruit. La densité du CMOS X-Trans, avec ses 16,3 MPix contre les 12,3 Mpix du X100, n'évoluant que modérément (4,4 contre 3,3 MPix/cm²), nous nous montrons plutôt confiants quant aux résultats. Et la pratique conforte nos espérances.

Le comportement du nouveau capteur se montre très proche de celui du CMOS du X100. De 100 à 1 600 ISO, en dehors de l'écart de résolution, rien ne distingue les deux appareils. Ca n'est qu'à partir de 3 200 ISO que le X-Pro1 montre sa supériorité pour contenir le bruit. Une valeur à laquelle le X100 commence à lisser certains contours importants, alors que le X-Pro1 ne bronche toujours pas. Notez que la différence n'est pas encore très significative. A 6 400 ISO, en revanche l'écart devient bien réel. Sur le X100 le bruit de luminance devient prononcé (même si toujours fin), le traitement provoque une perte de netteté et de détails palpable. Sur le X-Pro1, le lissage est nettement moins prononcé, donnant davantage l'impression de voir un extrait du X100 à 3 200 ISO !

Sur les sensibilités étendues, le X-Pro1 conserve son ascendant, avec un résultat encore utilisable à 12 800 ISO (en affichage écran ou impressions A4 max). Et à 25 600 ISO, le X-Pro1 ressemble au X100 à 12 800 ISO ! De loin ce qu'il se fait de mieux en matière de compacts à objectifs interchangeables, et même supérieur à de nombreux reflex ! La première galerie montre les résultats du X-Pro1, la seconde rappelle ceux du X100, que nous avons refaits pour l'occasion :





A l'instar de son ainé chronologique, le X-Pro1 propose un réglage de la réduction du bruit sur cinq niveaux. Et là aussi, le - 1, dit Moyen bas semble être celui qui offre le meilleur compromis entre conservation des détails et contrôle du bruit numérique. Allez, pour le plaisir, voilà une photo de nuit prise à 12 800 ISO :

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Photo de nuit prise à 12 800 ISO, 35 mm f:2,8


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Et des extraits à 100 %


Mais encore ?

Rien de fondamentalement nouveau à ajouter par rapport à ce qui a été dit sur le X100. Les mesures de la balance des blancs comme de l'exposition n'ont pas évolué (sauf apparition d'une vraie mesure spot...), et sont toujours aussi fiables et satisfaisantes. La fonction de dynamique étendue DR, permettant de gagner jusqu'à 2 EV, est fort heureusement toujours de la partie : elle fonctionne à merveille ! La récupération de matière est considérable dans les hautes lumières. A noter qu'il faut toujours régler l'appareil sur 800 ISO pour accéder au DR 400. Mais ça n'est pas un problème pour le X-Pro1 !

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De gauche à droite, une série de vues prises en DR 100, DR 200 et DR 400 (en bracketing de DR)


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... et les extraits correspondants à 100 %


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Enfin, Fujifilm a implémenté deux nouvelles simulations de film. Aux déjà existantes Provia, Astia et Velvia simulant des films inversibles, s'ajoutent désormais les Pro Neg Hi et Pro Neg Soft, singeant respectivement les films négatifs Pro 160C et Pro 160S. Ces deux traitements visent à reproduire au mieux les tons chair, avec une gradation allant du très doux (soft) au dur (Hi). Comme un message aux professionnels tentés d'utiliser le X-Pro1 en studio...

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La première vue est prise en Provia, le rendu standard, la seconde en Pro Neg Hi


Nous apprécions toujours autant l'étendue des réglages proposés : netteté, saturation, tons clair et ton foncé, chacun sur cinq niveaux. De quoi se régler son appareil aux petits oignons !

Fonctionnalités et vidéo[/anchor]

Les fonctionnalités

Sur ce point, le X-Pro1 ne se différencie pas vraiment du X100. Nous retrouvons les mêmes modes bracketing variés, d'exposition, de simulation de film, de plage dynamique et de sensibilité. Mais aussi le niveau électronique, la conversion du RAW vers le Jpeg intégrée, ou encore la panoramique à la volée. Cette dernière fonctionnalité très en vogue n'a subi aucune amélioration depuis le X100. Tout au plus elle profite de l'image par seconde supplémentaire en rafale. Mais dans la pratique, si la panoramique est simple à utiliser (réglage de la taille et du sens), la capture se montre un peu poussive. Surtout sur la fin du balayage où l'écran affiche encore les vues prises quelques secondes auparavant. Le résultat, en 7 680 x 2 160 pixels au maximum reste cependant assez convaincant, sans égaler le NEX-5N à ce jeu pour autant.

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Une grande panoramique, appareil tenu à la verticale, donne 7 680 x 2 160 pixels


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Une petite panoramique donne 5 120 x 2 160 pixels. Si on tient l'appareil à l'horizontale, la hauteur tombe à 1 440 pixels


Quelque chose de nouveau ? En dehors de la fonction exposition multiple (que nous n'avons pas essayée), non. Le X-Pro1, comme le X100, est avant tout un appareil photo : il se concentre ainsi sur son cœur de métier !

Et la vidéo ?

Le X-Pro1 filme en 1 080p à 24 im/s, en Mpeg-4 AVC (encapsulage .MOV, bitrate d'environ 13 Mbps) avec prise de son en stéréo. Par rapport au X100, la seule évolution tient donc dans la progression de HD à FullHD, avec un gain sensible du bitrate. La qualité d'image est toujours aussi belle MAIS les faiblesses observées sur le X100 à l'époque sévissent toujours : absence très pénalisante de stabilisation, AF inconsistant (et bruyant de surcroît sur le X-Pro1) et cadence limitée à 24 im/s. Clairement, si vous avez le budget et que vous voulez faire de la vidéo, ce n'est pas le X-Pro1 qu'il faudra choisir mais plutôt le NEX-7, pour le coup nettement moins cher...









Conclusion[/anchor]

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Avec le X-Pro1, Fujifilm réussit son pari : proposer un appareil aussi authentique que le X100 mais plus polyvalent, grâce à une monture d'objectifs interchangeables. Le tout sans rien perdre sur le plan qualitatif, bien au contraire. Le X-Pro1 se manipule avec le même plaisir que le X100, fort d'une ergonomie inspirée des belles heures de l'argentique. Les photographes fervents de Cartier Bresson et autres grands noms de la photo trouveront là un outil parfaitement adapté pour tenter de marcher dans les pas de leurs modèles. La visée est toujours aussi agréable (même si perfectible en OVF), l'appareil se montre assez réactif. Et la qualité d'image délivrée par le X-Pro1 est tout simplement la meilleure de tous les compacts hybrides du moment ! Le capteur X-Trans aidé par des focales fixes aussi qualitatives que lumineuses et un traitement d'image abouti comme jamais chez Fujifilm donne des résultats superbes, ce jusqu'à 6 400 ISO. Résultats encore exploitables à 12 800 ISO !

Mais l'appareil n'est pas parfait. Son plus gros défaut restant incontestablement son prix : 1 599 € le boîtier nu, entre 579 € (18 mm et 35 mm) et 629 € (60 mm) pour un objectif. La qualité ça se paye mais tout de même ! Le X-Pro1 avec un objectif arrive plus ou moins au même tarif qu'un Canon EOS 5D Mark II avec 24-105 mm IS USM f:4. Certes les deux boîtiers n'ont pas grand-chose à voir mais est-ce bien raisonnable de positionner le X-Pro1 aussi haut ? Admettons maintenant que l'argent ne soit pas un problème... dans ce cas, le X-Pro1 souffre tout de même d'un embonpoint conséquent, qui combiné à l'obturateur bruyant, réduit à peau de chagrin ou presque la discrétion si séduisante du X100. Sans compter que pour profiter de la polyvalence offerte par la monture, il faudra transporter plusieurs focales fixes. Il faudra voir ce que donneront les zooms annoncés.

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Le mode vidéo n'est pas à la hauteur par rapport à la concurrence, l'AF moins rapide que sur les NEX de Sony ou GX1 de Panasonic, surtout dans l'obscurité et en macro. Cependant la mise au point manuelle fonctionne mieux que sur le X100 et l'autofocus n'est la plupart du temps pas un problème. Bref, à peser le pour et le contre, le X-Pro1 reste in fine un outil photographique exceptionnel, véritable coup de cœur de la rédaction. Mais il restera un produit de niche à ce prix (d'où l'appréciation finale moindre), c'est dommage...

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Fujifilm X-Pro1

8

Les plus

  • Capteur X-Trans / hautes sensibilités
  • Objectifs de qualité (18 mm un peu moins)
  • Ergonomie (touche Q) / design / finition
  • Bagues en 1/3 de diaph / MAP manu. fluide

Les moins

  • Gabarit en hausse / obturateur bruyant
  • Autonomie / AF par faible lumière
  • OVF à 90% (+parallaxe)
  • Vidéo / Prix frustrant...

Qualité d'image10

Réactivité8

Ergonomie8

Fonctionnalités8



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