DxO One : le module photo pour iPhone en test

Aurélien Audy
Publié le 13 octobre 2015 à 18h05
Inauguré par Sony et sa gamme QX il y a deux ans, le concept de module photo autonome pour smartphone n'a pas spécialement fait d'émule. Et pour cause, en dépit d'une originalité certaine, ces appareils ont eu du mal à démontrer leur pertinence. Armé de son savoir-faire en matière de traitement d'image, et adossé à Apple, DxO réussira-t-il à transcender le genre ?

A une époque où certains constructeurs ciblaient la convergence à tout prix en tentant de fusionner smartphone et appareil photo, Sony a pensé complémentarité. Le QX10 a surpris, assurément, et aussitôt déçu. L'objet de la taille d'une focale fixe n'était pas si pratique à transporter qu'annoncé, et la connexion au smartphone en Wi-Fi s'est vite révélée problématique en termes de réactivité.

Le DxO One a, sur le papier, toutes ses chances, puisqu'il est nettement plus compact et qu'il se connecte via la prise Lightning d'Apple. Voyons cela.

Présentation du DxO One

Le DxO One est un petit module parallélépipédique, légèrement arrondi sur les bords, de 6,8 cm par 4,9 cm, et 2,6 cm d'épaisseur pour 108 g. Le boîtier de plastique et aluminium se glisse aisément dans une poche, y compris à l'arrière d'un jeans. En cela, la différence avec le QX10 de Sony est flagrante : le DxO One marque un point en matière de transportabilité.

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Ce petit appareil renferme un capteur CMOS BSI de 20,2 mégapixels au format 1 pouce (13,2 x 8,8 mm) dont on ne connait pas l'origine. Mais il s'agit probablement du même composant d'imagerie que sur le RX100 de Sony, de troisième voire quatrième génération. Ce CMOS est associé à une optique à six éléments de focale fixe, équivalent 32 mm, avec autofocus.

Voilà un premier facteur possible de déception : le module photo de DxO ne dispose pas de zoom, alors qu'on se rappelle que les QX10 et QX100 tiraient en partie leur légitimité de leur vrai zoom optique, 10 X ou 3,6 X, attribut faisant défaut aux smartphones. Ici, on pourra zoomer par recadrage dans les 20,2 mégapixels mais c'est tout. Et DxO n'a pas non plus voulu, ou pu, adjoindre une stabilisation optique : elle est électronique et limitée à la vidéo. A ces lacunes, il convient d'opposer la belle luminosité de l'optique (F:1,8) et le véritable diaphragme mécanique à six lames.

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Le DxO One intègre sa propre batterie rechargeable - malheureusement peu endurante puisqu'elle ne dépasse pas les 200 vues au maximum - son lecteur de carte microSD, un gyroscope et un accéléromètre. Le reste - traitement d'image, visée de cadrage, flash, réglages ou encore géolocalisation - est assuré par l'iPhone auquel le One est branché. L'appareil est potentiellement autonome, mais alors très limité.

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À appareil photo séparé, ergonomie en kit

A l'usage, il y a du pour mais surtout beaucoup de contre... Pour animer le DxO One, il faut abaisser le cache de l'objectif, une opération qui tend à se produire assez facilement par erreur dans le sac ou la poche. Puis pour déployer la fiche Lightning, il convient de descendre ce cache jusqu'à la butée de la glissière : elle sort comme une lame de couteau à cran d'arrêt. Le connecteur est situé au centre d'une rotule qui pivote à plus ou moins 60°, et permet d'atteindre des angles de prise de vue potentiellement intéressants quand le One est relié à un iPhone (comme un écran orientable sur un compact). L'inconvénient en revanche, c'est que pour replier cette fiche, il faut d'abord s'assurer qu'elle est bien sur sa position initiale, à 0°, quand le point de repère rouge et le point noir - difficile à voir - sont alignés. Il faut alors baisser à nouveau le cache en bout de glissière tout en repliant le connecteur.

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Le mécanisme a beau être astucieux dans sa conception, à l'usage il n'est guère pratique. Déjà, sauf habileté particulière, les deux mains sont requises pour replier la connectique (alors que le DxO One se met facilement en branle à une main). Si on considère qu'une main doit rester libre pour ranger son iPhone dans la poche, ça signifie qu'il va falloir songer à se faire greffer une troisième main ! Plus sérieusement, et c'est un reproche que l'on pouvait également faire aux QX de Sony, le fait de devoir assembler deux appareils séparés pour prendre sa photo tue la spontanéité qui fait précisément du smartphone un outil photographique puissant. Même s'il faut admettre que l'intérêt d'une connectique physique par rapport au Wi-Fi des modules Sony, c'est que ça fonctionne immédiatement, dès que la fiche est branchée.

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L'ensemble formé par l'iPhone et le DxO One ne confère pas non plus une prise en main exemplaire. Contrairement aux QX qui venaient se fixer au dos du smartphone (ou restaient vraiment distants grâce au Wi-Fi), ici la greffe en bout d'iPhone crée un déséquilibre. Plus ou moins gros selon le modèle d'iPhone, mais tout de même. Avec les iPhone 5, le tandem tient à plat. Avec l'iPhone 6 il faut légèrement incliner l'objectif, avec le 6 Plus on est quasiment aux 60° maximum d'inclinaison pour se mettre à niveau... Notez que le DxO One est dépourvu d'attache trépied.

Application DxO sur iPhone 6s
Application DxO sur iPhone 6s
Application DxO sur iPhone 6s
Application DxO sur iPhone 6s
Application DxO sur iPhone 6s
Application DxO sur iPhone 6s

Il faut quoiqu'il en soit tenir l'ensemble à deux mains : une sur le DxO One, pour profiter notamment du déclencheur physique, l'autre sur l'iPhone pour stabiliser la prise et éviter que la connectique ne prenne trop de jeu et casse possiblement. Au passage, nous émettons de sérieux doutes sur la résistance de cette attache dans la durée. Et pourquoi ne pas tenir simplement l'iPhone ? C'est envisageable mais attention, ça force tout de même sur la connectique (moins qu'en faisant l'inverse) et ça rend l'iPhone encore plus glissant.

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Quoi d'autre ? DxO nous vante son produit pour faire des selfies. Il suffit de raccorder le One dans l'autre sens. Soit, mais avec une focale de 32 mm, il faudra avoir le bras long pour cadrer plusieurs personnes. Et si on utilise le DxO One en module autonome ? Là, le doigt vient régulièrement balayer le petit écran carré tactile d'information et on se retrouve avec une vidéo au lieu d'un selfie... Etant donné le caractère binaire de cette couche tactile (mode photo ou vidéo), DxO aurait pu se contenter d'un bouton interrupteur.

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Finalement, c'est solo que le DxO One est le plus agréable et prompt à utiliser. Bien sûr, il faut cadrer à l'aveuglette, et c'est troublant de tenir un appareil à la verticale pour faire une photo horizontale et inversement, mais l'effet « surprise », une fois à la maison en découvrant ses photos, est grisant. Et d'ailleurs, nous avons noté qu'il existe un décalage entre la prévisualisation de l'image sur l'iPhone et ce qui est réellement capturé, la notion de cadrage est donc toute relative avec le DxO One.

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A gauche, le cadrage de la visée, à droite, celui réellement capturé

Réactivité et efficacité

Voici un autre domaine où le DxO One ne brille pas comme on l'espérait, ce qui est pénalisant pour de la photo prise sur le vif. On ne parle même pas ici du temps nécessaire pour sortir de ses poches et assembler iPhone et One, mais juste de l'autofocus (entre 0,5 et 1 s, latence comprise) ou encore, du délai entre deux vues (1,75 s à 2 s, et parfois beaucoup plus en Super RAW dans certaines conditions). La latence au déclenchement de 0,15 s n'est pas mauvaise, mais pour obtenir cette « réactivité », il faut impérativement utiliser le déclencheur du One : via l'interface tactile de l'iPhone, la latence double à 0,30 s.

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Le délai avant première vue comprend l'assemblage du One et de l'iPhone (appareils déjà sortis), c'est donc une durée minimum.

Le DxO One n'est donc pas préconisé pour les sujets exigeant une prise de vue instantanée ou la photo d'action en général. D'autant que l'autofocus n'est ni rapide, ni véritablement précis. Régulièrement, l'appareil nous restitue des clichés légèrement hors de focus. C'est embêtant, d'abord parce que le DxO One indique que la mise au point est juste, mais surtout parce que la résolution restreinte de l'affichage (malgré l'iPhone 6s) ne permet pas de constater les erreurs de mise au point avec précision. Un bon compact offre une meilleure lisibilité d'écran.

Logiciel DxO Connect
Logiciel DxO Connect
Logiciel DxO Connect
Logiciel DxO Connect

De retour à la maison, il faut transférer ses images sur ordinateur. Soit on fait avec ses logiciels habituels, soit on utilise DxO Connect. Pour le JPEG et le RAW, libre à chacun. Mais pour le Super RAW - un format propriétaire en .DXO qui effectue un assemblage de quatre vues brutes désentrelacées (jusqu'à 160 Mo le fichier) -, le logiciel DxO est pour l'instant nécessaire. Dans cette interface qui permet de trier les images par type de fichier ou statut d'importation, on peut automatiser la conversion des RAW et Super RAW en JPEG selon deux niveaux : vitesse ou qualité. C'est le niveau de performance du traitement antibruit qui va changer principalement. Eh bien là non plus, il ne faut pas être pressé. Sur notre machine de test, il faut compter entre 25 secondes et 1 minute par image selon la qualité choisie.

Qualité d'image et vidéo

DxO n'y est pas allé de main morte en évoquant une qualité d'image comparable à celle d'un reflex dans un format ultra compact. Oui, le DxO One réalise de belles images, mais ça reste un appareil doté d'un capteur de 1 pouce. Et surtout, l'optique n'est pas exempte de défauts, notamment entre la grande ouverture et F:2,8, puis entre F:8 et F:11. Il n'y a qu'entre F:4 et F6,3 que les images « piquent » bien. C'est dans cette fourchette qu'on retrouve une homogénéité correcte, même si les bords restent toujours imparfaits. Et disons qu'à F:1,8, les bords occupent les deux tiers de l'image... Pour un appareil de ce prix et en focale fixe, pas spécialement grand-angle, on espérait mieux.

Photo prise à F:1,8
Extrait au centre
Extrait au bord #1
Extrait au bord #2
Photo prise à F:1,8
Extrait au centre
Extrait au bord #1
Extrait au bord #2

Là où le module fait bonne impression en revanche, c'est qu'il monte bien en sensibilité, et que le tandem capteur 1 pouce et focale relativement longue permet de chercher des effets de profondeur de champ esthétiques. Effets qu'un smartphone est moins armé pour produire. Mais c'est surtout l'usage du RAW qui fait la différence.

Entre 100 et 800 ISO, le capteur sort des images quasi constantes, détaillées et fidèles. A 1 600 ISO, on baisse notre éclairage et on voit que le degré de précision diminue ; toutefois, ça reste infime. C'est à 3 200 ISO que la qualité diminue visiblement mais de façon encore tout à fait acceptable. Le DxO One atteint ses limites vers 6 400 ISO voire 12 800 ISO, dernière valeur native de sensibilité proposée. DxO accomplit ici un travail assez remarquable, notamment dans la préservation de la saturation à haute sensibilité, sans pour autant faire apparaître de bruit chromatique. Ça en devient presque excessif, les teintes de noir ayant tendance à virer au bleu. Les deux modes étendus, 25 600 et 51 200 ISO sont à bannir en revanche.


Quid du RAW et Super RAW ? Le traitement automatisé par DxO Connect est sans surprise de grande qualité, notamment avec les vues capturées à haute sensibilité (au-delà de 3 200 ISO). Disons qu'il parvient à trouver un bon compromis entre la richesse des détails du format brut et le traitement efficace du bruit. Le Super RAW se montre un peu plus doué, mais ça ne saute pas suffisamment aux yeux pour justifier à la fois les délais de capture et de traitement supplémentaires. La différence ne tient que dans la réduction de bruit temporelle qu'applique le Super RAW. Les quatre vues prises à 24 im/s sont comparées de sorte à observer les variations entre les vues, pour identifier et supprimer le bruit aléatoire.

D'une manière générale, nous préférons faire du RAW et le développer nous-mêmes, avec Lightroom ou Photoshop : on laisse ainsi filtrer un peu plus de bruit de luminance mais on préserve aussi plus de détails. Et surtout, le développement automatisé du RAW par DxO Connect sature complètement le processeur de notre machine : un Core i5 2400 ce n'est certes pas démentiel mais tout de même.

Photo de la scène à 1600 ISO en RAW traitée via DxO Connect en mode qualité
Photo de la scène à 1600 ISO en Super RAW traitée via DxO Connect en mode qualité
Photo de la scène à 1600 ISO en RAW traitée via Photoshop CC
Extrait 1 du RAW traité via DxO Connect
Extrait 1 du Super RAW traité via DxO Connect
Extrait 1 du RAW traité via Photoshop
Extrait 2 du RAW traité via DxO Connect
Extrait 2 du Super RAW traité via DxO Connect
Extrait 2 du RAW traité via Photoshop

Balance des blancs et mesure d'exposition œuvrent avec constance et relative justesse (un poil « sous-ex » mais bon...). Il n'y a que sur le plan de la dynamique qu'on se trouve encore limité : c'est bien mieux qu'avec un smartphone mais on est loin des capacités d'un reflex. DxO aurait dû proposer un mode HDR, d'après nous. Un pouce, c'est certes grand dans un gabarit aussi compact, mais avec 20,2 mégapixels, ça ne fait des photosites « que » de 2,4 µ. Sur un Nikon D5500 en APS-C à 24 mégapixels, on dispose de photodiodes de 3,8 µ.


En vidéo, le DxO One ne présente pas grand intérêt par rapport à un iPhone 6/6s. Il filme en 1 080p à 30 im/s, avec un encodage maîtrisé, bien que modeste de 15 Mbps en H.264. Le souci, c'est que l'autofocus trop incertain et peu réactif n'est pas vraiment à la hauteur. Et le One aurait gagné à disposer d'une stabilisation optique plus efficace que celle électronique en présence. Enfin, notez que le module DxO souffre d'un problème de chauffe, qui se révèle assez vite quand on filme, mais également quand on enchaîne quelques vues en Super RAW. Nous avons mesuré un point chaud à 44°, après trente minutes d'usage combiné photos et vidéos. Et parfois, ça fait planter le module qui doit être réinitialisé par un hard reset (le trombone dans le petit trou).



Conclusion

Si vous avez lu l'intégralité de ce test, vous vous doutez que l'épilogue ne sera pas heureux. Il suffit de lister les points positifs, qui se comptent sur les phalanges d'un pouce, pour se rendre compte de l'étendue du hors sujet réalisé par DxO : très bonne qualité d'image, discrétion (utilisé seul) et compacité. Tout le reste n'est que déception, à différents degrés : appareil globalement lent, pas pratique à manipuler, connectique articulée fragile, homogénéité de l'optique non satisfaisante (à ce niveau de prix) sous F:2,8, absence de zoom et de stabilisation optique, focale 32 mm un peu entre-deux-eaux, mise au point minimum de 20 cm trop longue, autofocus imprécis et peu véloce, autonomie faible, dynamique pas exceptionnelle (et pas de HDR), prévisualisation qui ne correspond pas au cadrage réel, résolution de la prévisualisation insuffisante, chauffe et plantage du produit, offre réservée aux appareils Apple en connectique Lightning, etc...

Bref, pour 599 euros, sauf à être sensible à l'argument « on vous offre DxO OpticsPro et FilmPack en licence illimitée, pour une valeur de 328 euros » et à ne juger que la qualité d'image brute, on trouve meilleur placement. Un Sony RX100 M2 ou M3 pour rester dans des tarifs similaires, le Canon G9 X récemment annoncé, un Panasonic LX100 (un peu plus gros mais en Micro 4/3) ou un Fujifilm XQ2, le choix en compact avec des capteurs plus grands que la moyenne ne manque pas (ou plus). Parce que tout ne réside pas uniquement dans la qualité d'image : l'ergonomie, la réactivité, la fiabilité ou encore la polyvalence sont d'autres critères fondamentaux en photo, des domaines où le DxO One ne convainc pas. Étrangement, c'est utilisé seul, sans iPhone, que le One nous a le plus plu. Seulement pour pouvoir cadrer, il faudrait que DxO intègre un mini écran juste pour la visée et/ou un niveau. Maintenant, si vous n'avez aucune contrainte de budget, le DxO One reste un beau joujou.

DxO One

4

Les plus

  • Capteur 1" bien maîtrisé / hautes sensibilités
  • RAW et Super RAW / qualité développement
  • Compact et discret (utilisé seul)

Les moins

  • Manque de réactivité / développements longs
  • Ergonomie mal pensée / fragilité connectique
  • Optique imparfaite / pas de zoom ni de stab
  • Prix exorbitant / Autonomie / pas de HDR, etc...

Qualité d'image9

Réactivité5

Ergonomie3

Fonctionnalités4





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Aurélien Audy
Par Aurélien Audy

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