Les deux géants de la distribution d'eau ne s'entendront pas. Veolia tente désormais un rachat hostile de Suez, qui se targue d'avoir la justice de son côté. Le point sur un dossier aussi long que tortueux.
Veolia et Suez sont deux géants irréconciliables. Si le premier groupe cité a tenté de nouer un dialogue pacifique avec le second, au moins en façade, les choses sont rapidement en train d'évoluer ces dernières heures. Ou plutôt de se dégrader. Après avoir acquis 29,9 % des parts de Suez en octobre dernier puis déposé une offre amicale pour racheter les parts restantes au début de l'année, Veolia semble se lasser. Le mastodonte a cette fois déposé une offre publique d'achat hostile, le dimanche 7 février. Depuis, les événements s'enchaînent.
Veolia et Suez : la paix, ce n'est pas pour tout de suite
Dimanche, Veolia a donc a annoncé le dépôt d'une offre publique d'achat sur l'ensemble du capital de Suez, soit les 70,1 % restants. L'OPA hostile, qui atteint comme prévu les 18 euros par action, pousse Veolia à poser 7,9 milliards d'euros sur la table pour s'offrir son concurrent.
Habité par l'idée de créer un champion mondial de la transformation écologique, Veolia commence à perdre patience face aux poursuites judiciaires et aux recours lancés contre les décisions qui lui sont favorables.
Suez, qui n'avait jamais fermé la porte aux discussions dans la mesure où elles restaient amicales, a rapidement réagi, ce dimanche, en dénonçant une « manœuvre déloyale de Veolia en violation manifeste de ses engagements d'amicalité ». Vexée, l'ex-Lyonnaise des eaux a confirmé dans la foulée que son conseil d'administration n'avait pas été mis au courant de l'intention du dépôt d'offre publique, ce qui confirme le caractère inamical de l'approche, qui tranche avec les intentions initiales de Veolia. « Avec cette tentative, Veolia trompe la justice dont la décision rendue le 3 février, relative à l’information-consultation des salariés de Suez, reposait sur son engagement d’amicalité » rappelle le destinataire de l'offre.
La justice désapprouve l'OPA hostile
Lundi, les choses ont encore bougé, puisque Veolia a relayé la communication de l'Autorité des marchés financiers (AMF), qui a accusé réception de l'offre du géant de la gestion des déchets, indiquant qu'elle avait été valablement déposée et qu'elle ferait l'objet d'un examen de conformité. Ce qui, malgré tout, n'est pas synonyme de succès à venir.
Car, alors qu'a démarré le délai d'un mois pour consulter les instances représentatives du personnel de Suez, la justice a interdit à Veolia de déposer une OPA hostile (« hostile », il est important de le préciser) sur son concurrent. Le tribunal de commerce de Nanterre a en effet rapidement statué sur une affaire qui oppose différentes parties, parmi lesquelles les autorités financières, la justice, le gouvernement et les principaux concernés.
Qu'en pense-t-on chez Clubic ?
Il va être difficile de s'y retrouver. On ne compte désormais plus les échanges plus ou moins cordiaux entre Veolia et Suez, dans cette longue croisade lancée par le premier visant à racheter le second. Suez, qui craint que des emplois soient sacrifiés (Veolia s'engage à maintenir l'emploi et les avantages sociaux sur le sol français), a peur d'une déroute sociale.
Désormais, Veolia va devoir composer avec la décision d'urgence rendue par le tribunal de commerce de Nanterre lundi, qui l'exhorte à mener une OPA amicale et uniquement amicale sur Suez. En d'autres termes, il faudra d'abord que le conseil d'administration de Suez donne son feu vert.
Source : communiqué de presse