Après avoir acquis les parts du capital de Suez détenues par Engie (29,9%) cet automne, Veolia a adressé, jeudi, son offre pour racheter les parts qui ne sont pas encore en sa possession.
Ce début d'année 2021 marque la relance du dossier du potentiel futur « champion mondial de la transformation écologique ». Jeudi 7 janvier, le président-directeur général de Veolia, Antoine Frérot, a pris sa plume et écrit à son homologue Philippe Varin, P.-D.G. de Suez, pour lui adresser sa proposition d'offre publique et lui expliquer sa démarche. Veolia souhaite à présent acquérir les 70,1 % restants du capital de Suez, et ainsi détenir 100 % du groupe de gestion de l'eau et des déchets. Et pour cela, il semble que l'on ait sorti le grand jeu, même si le chemin est semé d'embuches.
Un rapprochement qui donnerait naissance au premier acteur mondial du secteur
Jusqu'à maintenant, Veolia n'avait formulé qu'une intention d'offre publique d'achat sur Suez. En parallèle, le groupe avait racheté en octobre dernier les 29,9% du capital de Suez que détenait Engie, qui cette fois n'est plus dans le jeu.
Veolia est donc passée à l'étape supérieure en adressant au Conseil d'administration de Suez sa proposition d'OPA, dans le but d'acquérir les 70,1 % du capital de l'entreprise. Cette proposition n'est pas encore formellement déposée, puisqu'il faudra d'abord passer par l'Autorité des marchés financiers (AMF), ce qui ne sera pas une simple formalité.
Le but de Veolia, qui détient entre 2 et 3 % des parts de marché mondiales de la transformation écologique, est de convaincre Suez, son challenger qui tourne autour des 2 % de parts de marché, de l'intérêt de consolider le secteur et de créer un champion planétaire, notamment pour résister au rachat d'Urbaser par China Tianying, ou celui de Viridor par KKR.
Un rapprochement des deux groupes donnerait tout simplement naissance au plus puissant acteur mondial de la gestion de l'eau et du traitement des déchets.
Veolia veut séduire, Suez accuse réception de la proposition
Veolia promet à Suez que les actionnaires et clients des deux groupes ressortiront gagnants. La société propose un rachat numéraire de 18 euros par action, ce qui représente une prime de 75 % par rapport au cours de clôture de l'action d'Engie au 30 juillet 2020 (alors de 10,31 euros). Il est à noter que la proposition a fait grimper l'action d'Engie autour des 13 euros en cette fin de semaine. L'entreprise a aussi tenu à rassurer sur le plan social. « Ce nouveau groupe Veolia - Suez sera résolument ancré en France », promet Antoine Frérot, qui garantit une préservation des emplois, des acquis sociaux, et de nouveaux investissements en R&D, notamment en France.
Pour autant, pour satisfaire aux exigences réglementaires, Veolia devra céder certaines de ses activités françaises en cas de rachat. Le groupe indique que les repreneurs conserveront les mêmes engagements en matière d'emploi. « Meridiam a d'ores et déjà pris les mêmes engagements sur le périmètre qu'il reprendrait et même à recruter dès la première année plus de 1 000 apprentis », assure monsieur Frérot. Et en outre, quatre ou cinq des douze dirigeants issus de Suez feront partie de l'instance dirigeante issue du rapprochement des deux entités. La répartition devrait être proportionnellement la même s'agissant des responsables du futur groupe théorique à l'étranger.
Le 7 janvier, dans la foulée de la proposition de Veolia, Suez a accusé réception de celle-ci. L'entreprise semble se satisfaire des précisions fournies par celle qui la sollicite. Suez va désormais étudier l'offre et attendre l'issue des procédures judiciaires qui ont donné lieu à des décisions de justice de suspension.
Veolia reste aussi dans l'attente, mais assure, dans sa missive envoyée à Suez, avoir pris des contacts du côté de l'Union européenne, qui devra donner son aval. « Les premières pré-notifications ont été réalisées mi-novembre », assure le P.-D.G. de Veolia.
Qu'en pense-t-on chez Clubic ?
Veolia sort le grand jeu. Alors que les choses avaient mal commencé, le groupe ne ménage pas ses efforts pour séduire Suez. Le prix tout à fait attractif de l'offre pourrait aider à convaincre les investisseurs. En effet, Antoine Frérot dit rester ouvert à propos de divers sujets, comme les modalités dé l'offre ou la cession des activités « Eau » de Suez, pour lesquelles Meridiam s'engagerait à investir 800 millions d'euros dans les 5 à 7 ans qui viennent. Frérot a enfin insisté sur les engagements sociaux, voulant faire preuve de la plus grande transparence possible sur un domaine auquel Suez tient énormément.
La procédure sera longue, car tumultueuse, mais indéniablement, il va être difficile de stopper la machine Veolia à présent.