Le régulateur financier allemand est dans le collimateur de l'Union européenne, qui l'accuse de manquements à sa mission de contrôle de la société de gestion de paiements, qui s'est déclarée en faillite jeudi.
En cette fin de semaine, l'actualité se bouscule autour de Wirecard. La fintech allemande, spécialisée dans les paiements en ligne, a demandé l'ouverture d'une procédure de dépôt de bilan, jeudi 25 juin, après la découverte d'un trou de près de 2 milliards d'euros dans ses comptes. La BaFin, l'Autorité fédérale de supervision financière allemande, a-t-elle fait défaut à son rôle de surveillance ? Les institutions européennes veulent en avoir le cœur net.
Une enquête préliminaire qui devrait être bouclée au plus tard le 15 juillet
Wirecard pourrait être déclarée officiellement en faillite et laisser 3,5 milliards euros de dettes sur la table, qui ne retourneront probablement pas dans les poches des nombreux créanciers de l'entreprise cotée en Bourse à Francfort. Il y a quelques jours déjà, les regards s'étaient tournés vers la BaFin, le gendarme allemand financier, accusée de ne pas avoir été suffisamment prévenante avec à l'entreprise aux 6 000 salariés.
Jeudi soir, la Commission européenne a adressé un courrier au président de l'Autorité européenne de supervision des marchés financiers (ESMA), Steven Maijoor, pour demander l'ouverture d'une enquête préliminaire sur un scandale qui secoue l'Allemagne et qui s'étend bien au-delà des frontières du pays.
La Commission somme l'institution basée à Paris de procéder à une analyse préliminaire et d'en livrer les résultats très rapidement, « au plus tard le 15 juillet », a-t-on appris.
Bruxelles veut détecter « d'éventuelles défaillances en matière de surveillance »
La Commission européenne souhaite que les superviseurs européens étudient de près le cas de la société de paiement en ligne et la gestion de ce dernier par le gendarme allemand de la finance, afin de déterminer s'il a enfreint la loi européenne sur les rapports financiers. « Nous allons faire ce travail et présenter nos conclusions », a d'ores et déjà prévenu un porte-parole de l'ESMA. Du côté de Bruxelles, on redoute « d'éventuelles défaillances en matière de surveillance ».
Dans le cas où il y aurait eu manquement de la part de l'autorité allemande, l'Union européenne pourrait sommer la BaFin d'introduire de nouvelles réformes dans ses méthodes de travail. Le gouvernement allemand, lui, a évoqué un « scandale sans équivalent dans le monde de la finance » et en a profité pour annoncer un durcissement des contrôles du secteur.
En l'espace d'une semaine, Wirecard a créé une véritable onde de choc en Allemagne, symbolisée par le départ de son président-directeur général Markus Braun et de la perte des 1,9 milliard d'euros, qui n'auront jamais existé et n'auront été qu'un prétexte pour gonfler les comptes de l'entreprise.
Source : Ouest-France