Maintenant, imaginez que nos voitures profitent des mêmes technologies que nos mobiles. Il faudra accepter la malédiction qui viendra avec. Vous savez, les quatre plaies du mobile : enfermement dans un écosystème, mises à jour au petit bonheur, compatibilité hasardeuse et prix de revente ras les pâquerettes.
Il faut le reconnaître, les voitures ont bien du mal à apprivoiser les téléphones. La mienne par exemple. Elle sait lire les SMS à haute voix dès qu'ils arrivent quand j'utilise un mobile Windows Phone. Mais elle est incapable de les afficher sur le tableau de bord. Avec un mobile Android, c'est tout le contraire. Mes SMS apparaissent sur la console, mais point de lecture automatique, encore moins de réponse mains sur le volant.
Avec l'iPhone ? C'est quitte ou double. Certaines applications comme la musique ou Spotify sont parfaitement répliquées sur le tableau de bord. Magique. Mais pour la gestion des SMS, nada ! Quant au Blackberry, c'est le seul à m'afficher l'agenda de la journée tous les matins sur le tableau de bord. A ne rien y comprendre. Bientôt il faudra choisir sa voiture en fonction du téléphone. Un comble !
Soigner le prix de revente
Android Auto et CarPlay promettent d'en finir avec ce comportement erratique --du moins pour les téléphones IOS et Android. Sauf qu'en débarquant dans les autos, nos OS mobiles embarquent avec eux la notion d'écosystème. Après avoir investi dans une voiture Android Auto, sera-t-on prêt à basculer sur un modèle CarPlay ? Pour soigner le prix de revente, des constructeurs vont certainement gérer les deux standards. Mais pourront-ils garantir que les nouveautés arriveront en même temps sur chaque plate-forme ? Pas si sûr.L'exemple de Tesla est d'ailleurs éloquent. En septembre, il a déployé une mise à jour qui autorise le démarrage de l'auto avec un mobile... mais uniquement un iPhone. Les modèles Android, eux, ont dû attendre plusieurs mois. Ces errements sont déjà difficilement acceptables avec des téléphones utilisés 3 ans en moyenne. Imaginez avec une voiture roulant plus de 10 ans. Obsolescence programmée ?
Certes, l'électronique et les logiciels embarqués prennent une place centrale dans l'automobile. Mais jusqu'ici, les cycles de développement restent plus ou moins calés sur ceux des châssis : version majeure tous les 3-4 ans, peu ou pas d'éditions intermédiaires. Avec la pression des OS mobiles ou de technologies comme le pilote automatique, le rythme pourrait bien s'accélérer. Or qui dit cycles rapides, dit multiplication des versions et par ricochet, des bogues.
Réjouissons-nous. Nos tableaux de bords vont quitter l'âge de pierre. Mais nous regretterons peut-être le bon vieux temps où les voitures ne ressemblaient pas à des smartphones.