L'éditorial de Anicet Mbida, rédacteur en chef de Clubic Pro.
Il existe désormais un baromètre des salaires dans le numérique. On le doit à un partenariat entre l'Acsel, l'association de l'économie numérique et Hay Group un cabinet de conseil en management. C'est la deuxième année qu'ils publient ce baromètre. Et rien ne semble bouger : à niveau de poste équivalent, les rémunérations dans le numérique restent inférieures d'environ 7% à celles du marché général.
L'explication (ou plutôt la justification) tiendrait dans l'âge des travailleurs du numérique. Ils sont en moyenne 5 à 6 ans plus jeunes que leurs collègues du marché général. On les paie moins... parce qu'ils manquent d'expérience ! On croit rêver. C'est le cas typique des politiques RH où il faut absolument 5 ans de pratique dans un domaine pour être confirmé. Mais certaines technologies en vogue aujourd'hui n'existaient pas il y a 5 ans : marketing social, responsive design, beacons et j'en passe.
Beaucoup de développeurs en ont fait l'expérience sur des offres d'emploi un peu trop standardisées. « Langage Swift - minimum trois ans d'expérience » alors qu'il a été lancé en 2014. Ces incohérences commencent au recrutement et se poursuivent sur toute la carrière des talents du numérique. Ils sont victimes collatérales du rythme effréné des évolutions technologiques. On pourrait donc imaginer que leur rémunération progresse plus vite. Mais non, elle reste équivalente à celle du marché général.
Leur seule consolation, un salaire 9% plus élevé à âge égal. Pour les auteurs du baromètre, c'est une bonne nouvelle : « dans le numérique, on accède plus tôt à des postes à responsabilité ». Encore heureux ! Les salaires y sont déjà dévalués par un hypothétique manque d'expérience. Il ne faudrait pas rajouter un plafond de verre.