Le départ de la Directrice Générale d'Engie clôt une période conflictuelle avec le Président du groupe, Jean-Pierre Clamadieu.
Seule femme dirigeante d'un groupe du CAC 40, Isabelle Kocher devrait être remplacée par une nouvelle dirigeante. Des noms circulent déjà.
Une semaine décisive pour Engie
Isabelle Kocher n'est plus Directrice Générale d'Engie. Après des mois de tensions internes, le conseil d'administration du groupe énergétique français a remercié la dirigeante, en fonction depuis 2016.L'ex P-DG n'a pas résisté aux critiques et pressions des administrateurs d'Engie. Malgré les soutiens affichés de figures politiques comme Yannick Jadot, Xavier Bertrand ou Anne Hidalgo, Mme Kocher n'aura pas réussi à rallier Emmanuel Macron à sa cause.
Pourtant, un soutien public du Président de la République aurait pu faire basculer le sort de la dirigeante. Actionnaire d'Engie à plus de 23 %, l'État français a donc choisi de lâcher Isabelle Kocher, alors que son mandat devait s'achever en mai dernier.
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Une vision et un bilan critiqués
Élève à l'École normale supérieure et ingénieure du Corps des mines, Isabelle Kocher est notamment passée par le ministère de l'Économie et par le cabinet du Premier ministre Lionel Jospin. Elle intègre le secteur privé en 2002 en rejoignant Suez. Cinq ans plus tard, elle récupère la tête de la Lyonnaise des eaux, puis passe chez GDF Suez en 2011. Le groupe change de nom en 2015 et Mme Kocher en prend la direction l'année suivante, devenant la première femme P-DG d'un groupe du CAC 40.Lorsque Mme Kocher prend la succession de M. Mestrallet, patron historique d'Engie, la santé économique du groupe est inquiétante. Elle décide d'orienter l'activité vers les services et initie un virage écologique : désormais, Engie se positionne comme un acteur de la transition énergétique.
Mais le tournant vert pris par Engie divise : si Mme Kocher prend position pour les énergies renouvelables et les services, on reste très attaché à l'énergie nucléaire et aux énergies fossiles en interne. Ces sources d'énergie représentaient 26,8 % du chiffre d'affaires du groupe en 2018, contre seulement 18,6 % pour les services et 2,7 % pour l'électricité renouvelable.
Côté finances, le bilan de la dirigeante est mitigé : à sa prise de fonction en 2016, Engie réalisait un chiffre d'affaires de 66,6 milliards d'euros. Pour 2019, il est estimé à 63,8 milliards d'euros. Des résultats plutôt bons par rapport aux années précédentes, mais insuffisants pour gagner la confiance du conseil d'administration. En Bourse, Mme Kocher a certes réussi à relancer l'action du groupe, en chute libre depuis la création du groupe jusqu'à sa prise de fonction en 2016.
Qui pour prendre la place d'Isabelle Kocher?
Dans la foulée, Engie a nommé le Directeur Général des opérations Paulo Almirante, la Directrice financière d'origine autrichienne Judith Hartmann, et la secrétaire générale Claire Waysand pour assurer la direction du groupe pendant une période d'interim.À terme, plusieurs femmes seraient susceptibles de succéder à Isabelle Kocher :
- Sophie Boissard, Directrice Générale de Korian, leader européen des maisons de retraite
- Christel Bories, Directrice d'Eramet, un groupe français spécialiste de l'extraction minière
- Sandra Lagumina, ancienne Directrice Générale adjointe d'Engie
- Judith Hartmann, qui assure l'interim d'Engie
- Catherine Guillouard, actuelle P-DG de la RATP, et ancienne membre du conseil d'administration d'Engie entre 2015 et 2019
Sources : L'Express, Le Monde, Le Monde