Engie : l'ancienne PDG Isabelle Kocher remerciée, qui pour prendre la suite ?

Edouard Luquet
Publié le 08 février 2020 à 13h19
isabelle kocher engie

Le départ de la Directrice Générale d'Engie clôt une période conflictuelle avec le Président du groupe, Jean-Pierre Clamadieu.

Seule femme dirigeante d'un groupe du CAC 40, Isabelle Kocher devrait être remplacée par une nouvelle dirigeante. Des noms circulent déjà.

Une semaine décisive pour Engie

Isabelle Kocher n'est plus Directrice Générale d'Engie. Après des mois de tensions internes, le conseil d'administration du groupe énergétique français a remercié la dirigeante, en fonction depuis 2016.

L'ex P-DG n'a pas résisté aux critiques et pressions des administrateurs d'Engie. Malgré les soutiens affichés de figures politiques comme Yannick Jadot, Xavier Bertrand ou Anne Hidalgo, Mme Kocher n'aura pas réussi à rallier Emmanuel Macron à sa cause.

Pourtant, un soutien public du Président de la République aurait pu faire basculer le sort de la dirigeante. Actionnaire d'Engie à plus de 23 %, l'État français a donc choisi de lâcher Isabelle Kocher, alors que son mandat devait s'achever en mai dernier.


Une vision et un bilan critiqués

Élève à l'École normale supérieure et ingénieure du Corps des mines, Isabelle Kocher est notamment passée par le ministère de l'Économie et par le cabinet du Premier ministre Lionel Jospin. Elle intègre le secteur privé en 2002 en rejoignant Suez. Cinq ans plus tard, elle récupère la tête de la Lyonnaise des eaux, puis passe chez GDF Suez en 2011. Le groupe change de nom en 2015 et Mme Kocher en prend la direction l'année suivante, devenant la première femme P-DG d'un groupe du CAC 40.

Lorsque Mme Kocher prend la succession de M. Mestrallet, patron historique d'Engie, la santé économique du groupe est inquiétante. Elle décide d'orienter l'activité vers les services et initie un virage écologique : désormais, Engie se positionne comme un acteur de la transition énergétique.

Mais le tournant vert pris par Engie divise : si Mme Kocher prend position pour les énergies renouvelables et les services, on reste très attaché à l'énergie nucléaire et aux énergies fossiles en interne. Ces sources d'énergie représentaient 26,8 % du chiffre d'affaires du groupe en 2018, contre seulement 18,6 % pour les services et 2,7 % pour l'électricité renouvelable.

Côté finances, le bilan de la dirigeante est mitigé : à sa prise de fonction en 2016, Engie réalisait un chiffre d'affaires de 66,6 milliards d'euros. Pour 2019, il est estimé à 63,8 milliards d'euros. Des résultats plutôt bons par rapport aux années précédentes, mais insuffisants pour gagner la confiance du conseil d'administration. En Bourse, Mme Kocher a certes réussi à relancer l'action du groupe, en chute libre depuis la création du groupe jusqu'à sa prise de fonction en 2016.


Qui pour prendre la place d'Isabelle Kocher?

Dans la foulée, Engie a nommé le Directeur Général des opérations Paulo Almirante, la Directrice financière d'origine autrichienne Judith Hartmann, et la secrétaire générale Claire Waysand pour assurer la direction du groupe pendant une période d'interim.

À terme, plusieurs femmes seraient susceptibles de succéder à Isabelle Kocher :

  • Sophie Boissard, Directrice Générale de Korian, leader européen des maisons de retraite

  • Christel Bories, Directrice d'Eramet, un groupe français spécialiste de l'extraction minière

  • Sandra Lagumina, ancienne Directrice Générale adjointe d'Engie

  • Judith Hartmann, qui assure l'interim d'Engie

  • Catherine Guillouard, actuelle P-DG de la RATP, et ancienne membre du conseil d'administration d'Engie entre 2015 et 2019

Sources : L'Express, Le Monde, Le Monde
Edouard Luquet
Par Edouard Luquet

Rédacteur web, je suis de près le monde de la tech, les réseaux sociaux et les évolutions du numérique dans nos sociétés. Auteur en herbe, j'ai aussi co-fondé une revue littéraire où j'écris quelques histoires.

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bmustang

son bilan n’est pas si mauvais que cela finalement et si macron ne l’a pas soutenu ! Vous allez voir que macron la prendra après les municipales dans son gouvernement.

Stephanos84

Pour moi c’est tout l’inverse. Au contraire cette décision montre que souvent, la rationalité des marchés est supérieur à celle des politiques.

Pour flatter l’opinion publique largement acquise aux idées écologistes - en tout cas en surface - et donner un satisfecit aux médias qui ont complaisamment relayé les efforts de lobbying vert pour la maintenir, il eût été habile de la maintenir à son poste.

Seulement les faits sont têtus : la diversification dans le services énergétiques portée par Mme Kocher est une impasse stratégique, ces activités étant très peu rentables. L’accent mis sur les renouvelables est également une orientation discutable, les Etats commençant à réaliser que celles-ci sont souvent très coûteuses et génèrent de multiples difficultés.

En ralentissant dans le nucléaire, énergie propre et relativement bon marché si l’on raisonne en coûts complets - en retour de grâce (cf la construction de 6 EPR à venir en France et le rétropédalage japonais sur une fin rapide du nucléaire dans l’archipel), ainsi que dans le gaz - certes energie fossile, mais moins polluante que le charbon et très efficace économiquement, Isabelle Kocher à mal compris quelles etaient les tendances à long terme et quel était l’intérêt du groupe.

Des politiques seraient invariablement tombés dans la même erreur. Pas les marchés financiers visiblement

genesya

En janvier 2020, deux EPR sont en service en Chine, trois autres sont en construction : un en Finlande à Olkiluoto, un en France à Flamanville et un au Royaume-Uni (Hinkley Point).

Prévues initialement pour durer quatre ans et demi, les constructions des réacteurs finnois et français ont commencé respectivement en 2005 et 2007, et ne sont toujours pas achevées début 2020. Leur mise en service est annoncée pour 2021 et 2022. Parallèlement, leur coût a plus que triplé, augmentant de 3 à plus de 10 milliards d’euros chacun.

en avril 2019 on lisait L’EPR de Flamanville verra-t-il le jour ? Pour beaucoup, une mise en service de la centrale nucléaire nouvelle génération en 2023 relève de l’utopie. Il reste énormément à faire, au point que l’hypothèse d’un arrêt du chantier est sur la table.

donc pour en faire 6 des EPR va falloir 80 Milliards et 15 ans si on les commencent demain matin et autre chose qu’un macron court terminste et qui fait preuve de tout sauf d’application de bonnes strategies.

Esperont que le coronavirus et le rechauffement déclenchent une bonne crise pour refroidir les ardeurs des marchés une bonne fois, parce qu’en 2008 au final y’a pas eu assez de dégâts pour les raisonner.

jvachez

L’autre raison des problèmes est trop de divisions.
Il faut refusionner, avant il n’y avait qu’EDF, maintenant il y a Engie, Enedis, ERDF. Les gens ne savent pas à qui s’adresser chacun se renvoie les responsabilité. Cela fait perdre de la clientèle.

Fodger

Lobbies de résidus de bidet XD ; alors qu’elle mettait l’accent sur les énergies renouvelables.

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