Lancé en 2003, le service d'organisation de rendez-vous en ligne Doodle souhaite se développer plus sur le segment des professionnels. Il a récemment annoncé son intégration avec Exchange, afin de proposer une meilleure intégration avec les services de calendrier utilisés dans l'entreprise.
A l'origine, il s'agissait pour Michael Näf, le fondateur - et désormais PDG - de Doodle, de développer un outil de prise de rendez-vous sur son temps libre. Doodle permet depuis 2003 de créer des sondages au sein d'un groupe de contacts pour convenir d'un rendez-vous, à l'occasion d'un événement ou d'une simple rencontre. La force de Doodle, selon Paul Sevinç, son cofondateur et directeur technique, c'est d'offrir un service qui n'est « pas un calendrier, mais qui perfectionne les calendriers existants. Il n'y a même pas besoin de s'inscrire. C'est possible, mais on peut aussi venir s'identifier avec un compte Facebook ou Yahoo, par exemple. »
Passerelle Exchange
Une fonction qui manque visiblement aux grands services de calendrier existants, d'Outlook et sa synchronisation Exchange à Google Calendar. Le succès aurait même pris de court les deux cofondateurs, qui créent en 2007 une entreprise pour poursuivre le projet. Une levée de fonds d'amorçage et quelques embauches plus tard (Doodle compte aujourd'hui 11 personnes à temps plein), Doodle atteint aujourd'hui 8 millions de visiteurs uniques, essentiellement dans quatre pays : l'Allemagne, la Suisse, la France et les Etats-Unis.
Mais, si Doodle atteint finalement l'équilibre en 2010, de l'aveu même de Paul Sevinç, « le nombre de contributions payantes reste minoritaire. Nous nous finançons aujourd'hui essentiellement grâce à la publicité. » Le service Premium, à partir de 22 euros par an, ne suffit pas pour l'instant à se passer de la publicité. D'autant que les grands éditeurs ne sont pas en panne d'innovations, avec des fonctionnalités avancées de prise de rendez-vous ou de planification qui apparaissent sur Google Calendar ou Exchange.
Doodle a donc récemment décidé d'intégrer une passerelle vers Exchange. « Avant, les gens devaient aller sur Doodle, regarder les rendez-vous proposés par leurs contacts, changer de fenêtre pour regarder le rendez-vous suivant, retourner sur Outlook pour vérifier que ça correspond à un moment libre pour eux, puis retourner sur Doodle pour valider le créneau, etc. Ce n'est plus nécessaire aujourd'hui, grâce à la fonctionnalité avancée de connexion à Exchange. C'est plus attractif pour les professionnels. » Doodle n'en a pas encore fait la publicité, mais la passerelle vers Exchange fonctionne en version bêta depuis trois semaines maintenant.
Doodle a également choisi d'ouvrir un peu plus son service, en développant MeetMe. « Le problème de l'ancien système, c'est que le service était utile à partir de trois personnes, mais ce n'était pas l'outil le plus simple pour convenir d'un rendez-vous à deux, » explique Paul Sevinç. Lancé en bêta il y a deux mois, MeetMe doit permettre de « recruter des utilisateurs qui n'étaient pas intéressés avant, parce que nous étions surtout concentrés sur les groupes. » Aujourd'hui, la moitié des utilisateurs le sont dans un cadre professionnel, selon Doodle, qui espère faire évoluer cette proportion et développer ainsi les comptes Premium. Ces derniers sont disponibles en deux versions : une dédiée aux professionnels, de 5 à 1 000 utilisateurs, et une pour les entreprises, au-delà des 1 000 utilisateurs.
Système décentralisé
Et qu'importe si Google et Microsoft continuent de se développer, selon Paul Sevinç, car Doodle aurait des fonctionnalités inédites. « Le gros problème d'Exchange ou Google Calendar, c'est qu'ils ne fonctionnent qu'au sein de leur propre écosystème. Il faut que tous les participants soient sur le même système de gestion de calendrier, et qu'ils le tiennent à jour. Sinon, ça ne sert à rien. Nous, nous décentralisons cette gestion, ce qui permet de regrouper des gens sur Google Calendar, Exchange, un autre outil de calendrier, ou même un agenda papier. Ce n'est plus à une seule personne de trouver un créneau pour tout le monde, mais chacun dit ceux qui l'arrangent. C'est beaucoup plus simple. »
Doodle ne s'attend donc pas à voir sa croissance ralentir. Prochaines étapes pour la startup : conserver l'équilibre atteint et développer ses équipes et ses services. Et augmenter son nombre d'utilisateurs. Paul Sevinç : « Aujourd'hui, chaque pays où nous sommes très présents, l'Allemagne, la Suisse, la France et les Etats-Unis, compte plus d'un million de visiteurs uniques par mois, mais n'atteint pas tout à fait les deux millions. Nous attendons donc de voir lequel va franchir cette barre le premier. »