Uber est attaqué ou interdit dans plusieurs pays

Karyl AIT KACI ALI
Publié le 31 décembre 2014 à 10h32
Accusé de concurrence déloyale envers les taxis, de pratiques trompeuses, ou de non-respect de règles de sécurité, Uber est plus que jamais sous le feu des critiques. Le service de réservation de VTC est poursuivi en justice et a été interdit dans plusieurs pays.

L'application de réservation de véhicule de tourisme avec chauffeur (VTC), Uber, est poursuivie en justice en Californie, en Oregon, et a été interdite en Espagne, aux Pays-Bas, en Inde et partiellement en Thaïlande. Le tout, en seulement deux jours...

Les pratiques d'Uber soulèvent en effet de nombreux problèmes. D'abord, l'entreprise ne se soucie pas toujours des règles en vigueur là où elle s'établit. Les pratiques commerciales de la société en termes de prix, certains services et fonctionnalités comme la géolocalisation des chauffeurs ou UberPop provoquent depuis des mois maintenant la colère des taxis. Par ailleurs, ces derniers sont très encadrés alors que les VTC sont soumis à des règles moins strictes. En conséquence, la fiabilité des chauffeurs est également mise en doute par les détracteurs du service dans certains pays. L'entreprise ne vérifierait pas toujours le casier judiciaire de ses employés.

Et puis, la politique de la start-up en matière de données personnelles est sujette aux critiques. Une journaliste de « Buzzfeed » aurait été suivie à la trace par la société, grâce à une fonctionnalité réservée aux cadres d'Uber, baptisée « God View ». En Français, « la vue de Dieu ». Celle-ci permettrait d'accéder à la position des utilisateurs en temps réel.

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Lundi 10 décembre, la ville de Portland, située en Oregon, a annoncé dans un communiqué avoir intenté un procès contre Uber, qu'elle considère comme un service « non-réglementé et illégal ». Portland l'accuse de ne pas respecter les règles imposées aux services de transport de la ville (notamment aux taxis) et d'opérer sans autorisation préalable des autorités. Pour se défendre, Uber invoque une pétition de soutien signée par 7 000 résidents de la ville.

Le même jour, le leader des VTC a été interdit en Inde à la suite du viol d'une passagère par un chauffeur opérant pour la société. Les autorités indiennes reprochent au service de ne pas avoir vérifié les antécédents de son chauffeur, et de n'avoir installé aucun GPS dans son véhicule. La start-up californienne a réagi dans un communiqué en indiquant qu'elle travaille avec la police pour résoudre l'affaire, et en assurant que la sécurité reste « sa principale priorité ».

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Aux Pays-Bas, c'est le UberPop qui a été interdit lundi. Le service permet à des particuliers de proposer des trajets dans leurs véhicules personnels. La Cour de commerce de La Haye explique : « les conducteurs qui transportent des personnes dans une voiture contre paiement et sans licence enfreignent la loi ». La start-up affirme pour sa part que les conducteurs du service UberPop ne réalisent pas de bénéfices et qu'il s'agit plutôt de covoiturage. Mais l'argument n'a pas convaincu, d'autant que les prix sont à la minute et au kilomètre parcouru, ce qui ressemble plutôt à la tarification des taxis. L'entreprise compte tout de même faire appel de la décision.

Le lendemain, l'Espagne annonce elle aussi l'interdiction d'UberPop sur l'ensemble du territoire, suivant la requête de l'Association des chauffeurs de taxis madrilènes. Pour que la décision soit appliquée, la justice a demandé aux opérateurs d'empêcher l'accès à UberPop. Les raisons invoquées sont sensiblement les mêmes qu'aux Pays-Bas. Le fait que Uber ait sa maison mère au Delaware ne l'a pas non plus aidé, puisque l'Etat est perçu comme un paradis fiscal. A nouveau comme aux Pays-Bas, Uber va faire appel de la décision et assure que son service continuera de fonctionner malgré l'avis de la justice.

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Dans le même temps, Los Angeles et San Francisco (ville d'origine d'Uber) ont annoncé qu'ils poursuivront le leader des VTC pour pratiques trompeuses. Les autorités estiment que la société trompe les clients sur la qualité des vérifications des antécédents des chauffeurs, que Uber facture d'ailleurs 1 dollar. De plus, comme à Portland, l'entreprise n'a pas demandé les autorisations nécessaires pour opérer son service dans ces villes.

Enfin, la Thaïlande clôture (pour l'instant) cette série noire en interdisant aux chauffeurs d'Uber qui ne sont pas enregistrés auprès des autorités de travailler sur le territoire. Cela pour des raisons de sécurité puisque le casier judiciaire des chauffeurs déclarés est vérifié par le département thaïlandais des Transports terrestres.


Mise à jour :

Uber Pop vient d'être officiellement interdit en Espagne. La société précise qu'elle se conforme à la décision de la justice mais que cet arrêt demeure « temporaire ».

Parallèlement à cette interdiction, la société précise qu'elle va collaborer avec les autorités du pays afin qu'un cadre stable soit établi dans le secteur du partage de véhicules. Uber va donc conduire un travail de lobbying auprès du pouvoir politique afin que son modèle puisse être reconnu. Une approche déjà entreprise en Inde ou même à Portland, aux Etats-Unis.

Article initialement publié le 10/12/2014


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