En manque de perspectives sur le marché mature du gaz de pétrole liquéfié (GPL), Butagaz cherche d'autres gisements de croissance. Comme de nombreuses entreprises, la filiale de Shell - en passe d'être cédée à 100 % à l'irlandais DCC - s'est tournée vers l'open innovation. Via son programme Zagatub créé à la fin 2014, le groupe accompagne des start-up dans le domaine du « confort à domicile », qu'il dit être son créneau.
Butagaz met en avant les start-up sur sa vitrine en ligne Zagatub, et leur fait profiter de sa mascotte Bob - Crédit : Butagaz
« Le marché de la distribution d'énergie a 80 ans, Butagaz est né en 1932, et nous évoluons dans un marché européen où les possibilités de gain de parts de marché sont limitées. Alors nous devons innover », explique David Monserand, responsable du programme start-up de l'entreprise. Pour lui, les « start-up permettent de révéler de nouvelles habitudes de consommation ». Quitte à s'éloigner un peu de son métier d'origine.
S'ouvrir à d'autres horizons
Ainsi Zagatub accompagne Short Edition, qui se décrit comme « un éditeur communautaire de littérature courte ». Ou Youboox, une plateforme de livres électroniques sur abonnement. Quand on demande à David Monserand en quoi ce genre de service peut intéresser un fournisseur de butane, il répond que ces start-up « participent au confort intellectuel, qui est inclus dans le confort à la maison sur lequel est placé Butagaz ».Le lien est ténu mais à terme, le distributeur n'exclut pas de proposer un abonnement à du contenu avec une offre de chauffage par exemple. C'est une façon de s'ouvrir à d'autres horizons, mais sans engager de frais. Car Butagaz n'investit généralement pas dans les start-up, n'entre pas au capital, et confie leur hébergement à Paris&Co. Par contre, le gazier fournit son expertise, peut partager ses ingénieurs ou son centre de tests.
Le cas de la serrure connectée
C'est ce dont a bénéficié The Keys, qui a pu éprouver sa serrure connectée. Ce segment est très porteur pour Butagaz, qui mise comme beaucoup sur les objets connectés. Cette serrure se présente sous la forme d'une poignée motorisée associée à une connectivité Bluetooth 4.0. « Il n'y a pas besoin de changer le barillet et elle ne présente aucune distinction de l'extérieur », souligne Arnaud Decherf, le cofondateur de la société. « Cela permet ainsi de ne pas perturber l'utilisateur qui a besoin du contact de la clé », argumente-t-il.Ce genre d'innovation peut intéresser les personnes louant fréquemment leur logement. Ils peuvent ainsi, via l'application mobile dédiée, partager un accès à leur serrure de façon individuelle et temporaire. Pour cette société, Butagaz a décidé d'apporter son écot financier - mais ne précise pas le montant. On imagine, par exemple, que la serrure pourrait gérer l'accès aux racks de bouteilles dans ses milliers de points de vente.
En attendant, le bénéfice pour Butagaz sera d'ordre financier, puisque les deux partenaires ont conclu un accord de partage de revenus. À horizon trois ans, si The Keys présente un intérêt pour le gazier, ces revenus se transformeraient en actions, et permettraient à ce dernier de s'emparer d'une part du capital. Pour aider les jeunes pousses à se développer, Butagaz a noué un partenariat avec les plateformes de financement participatif pour les entreprises Anaxago et SmartAngels, et leur garantit un rendez-vous avec un analyste.
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