Le cabinet Deloitte tente de répondre à l'épineuse question de savoir si l'arrivée de la robotique dans les industries est bénéfique ou non pour l'emploi. Souvent taxé de « tueur d'emplois », le recours aux machines ou aux processus automatisés fait naître des interrogations quant à la capacité du marché du travail à se renouveler.
Dans une étude reprise par le Guardian, la société a compilé des données sur 140 ans en Angleterre ainsi qu'au Pays de Galles en se basant notamment sur les recensements de travailleurs. Son bilan est clair, si certains métiers ont désormais quasiment disparus, d'autres ont été créés.
A titre d'exemple, le nombre de personnes occupant la fonction d'ouvrier agricole est à présent très faible. Seulement 0,2% de la population des zones concernées occupe cette fonction alors que 6,6% des travailleurs œuvraient dans ce domaine, voilà plus d'un siècle. D'autres métiers ont à présent totalement disparus du fait de l'arrivée de technologies chez les professionnels ou dans l'ensemble des foyers.
De manière moins abrupte, certaines professions sont à présent moins courues comme le recours aux secrétaires ou aux dactilos, mais également aux tisserands.
Des secteurs en forte progression
A l'inverse, d'autres secteurs se sont largement développés du fait de l'apport de la robotisation ou plus généralement des nouvelles technologies. Dans des domaines tels que la médecine, l'éducation ou les services destinés aux professionnels, l'emploi a connu une forte augmentation.La hausse est par exemple de 580% pour l'éducation (professeurs, assistants d'éducation compris), de 183% pour le bien-être, le logement et autres travailleurs sociaux. Et enfin de 168% pour le domaine de la santé.
Les besoins des consommateurs ont évolué et les dépenses pour son propre bien-être sont à présent plus importantes. A ces nouveaux besoins, des services se créent, lesquels nécessitent de la main d'œuvre. A ce titre, le site britannique insiste sur le fait que les métiers demandant de fortes connaissances technologiques ne sont pas non plus ceux qui ont de l'avenir.
Il cite en exemple le cas des barbiers et autres coiffeurs. En 1871, l'Angleterre et le Pays de Galles ne connaissaient qu'un coiffeur pour 1 793 personnes, on en dénombre aujourd'hui 1 pour 287 personnes. Et ce malgré l'arrivée d'appareils personnels dans les foyers.
Des études qui contredisent d'autres études
Le débat entre création et suppression d'emplois par la technologie est probablement sans fin. Il n'est donc pas anodin que les études venant contredire la précédente se succèdent. L'an dernier, un rapport faisait état d'une destruction de 3 millions d'emplois, à l'horizon 2025, sur le territoire français, du fait de l'automatisation des tâches.L'étude du cabinet Roland Berger prévoyait certes la création de 500 000 postes, mais la demande serait trop faible au regard de la valeur apportée par le recours aux robots. Cette transformation, toujours selon les observations des professionnels, permettrait néanmoins de générer 30 milliards d'euros de recettes publiques et tout autant en investissement.
De quoi permettre de revoir le modèle d'organisation du travail, à condition toutefois que la France s'équipe largement de robots. L'étude recommandait ainsi aux autorités de s'engager dans un processus clairement volontariste visant à redistribuer plus équitablement les richesses créées par ces éléments nouveaux.
Des machines qui construisent des machines. Oui mais...
Difficile de réellement prendre parti en faveur de l'un ou l'autre des points de vue. Si notre société est encore loin d'avoir remis l'ensemble des clés du travail à la robotique, certains secteurs demeurent en pointe dans le domaine. Les industries d'assemblage (véhicules, smartphones...) ont largement recours à des processus automatisés.Cela ne signifie toutefois pas que le recours aux compétences humaines est ou sera inutile ou que la technologie a définitivement permis de remplacer l'individu. C'est pourquoi, la réflexion est plus intéressante lorsqu'elle se base sur des périodes longues. Rendez-vous donc dans 140 ans pour connaître l'impact exact des robots actuellement mis sur le marché.
A lire également