Ubisoft est prêt à tout pour repousser Bolloré

Thomas Pontiroli
Publié le 06 novembre 2015 à 13h14
Face à l'assaut du « raider » Vincent Bolloré à la fin du mois d'octobre, le patron fondateur d'Ubisoft s'active à trouver une solution pour éviter ce qui ressemble à un mariage forcé.

Le discours se durcit. Lors d'une conférence téléphonique avec les analystes financiers faisant suite à la présentation des résultats financiers d'Ubisoft du premier semestre 2015, son PDG et cofondateur, Yves Guillemot, a déclaré examiner « toutes les solutions » pour répondre au « contrôle rampant » de Vivendi.
Le 22 octobre, sans tambour ni trompette, le groupe de Vincent Bolloré devenait le premier actionnaire.

« Nous avons le sentiment d'avoir vécu une agression », déclarait le responsable aux Échos, une semaine après cette prise de contrôle « non sollicitée » de 10,4 % du capital. Attaché à son « indépendance », l'éditeur de jeux vidéo français affirme maintenant disposer de « de nombreuses options » pour contrer l'incursion de Vivendi. Ce pourrait être un « partenariat », a esquissé Yves Guillemot. Un rachat d'Ubisoft est-il possible ?

Bolloré reste muet

À la fin octobre, le dirigeant déplorait le mutisme de Bolloré sur cette opération pourtant pas anodine. La situation n'a pas évolué : « Nous n'avons eu aucune discussion avec Bolloré depuis celle que nous avons eue deux heures avant qu'il n'annonce son entrée au capital. » Bref, Ubisoft vit mal ce mariage forcé avec Vivendi et ne réussit pas du tout à se projeter dans l'avenir commun qu'a dessiné le milliardaire breton.


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Entre Yves Guillemot et Vincent Bolloré, le bras de fer ne fait que commencer - Crédit : DR.

Alors que Vivendi imagine des synergies - sans parler d'une fusion entre Ubisoft et Gameloft, dans lequel il s'est aussi immiscé -, ce n'est pas le cas d'Yves Guillemot, « surtout quand nous avons un contrôle étroit comme aujourd'hui ». Il s'étonne aussi que les synergies justifient cette prise de contrôle, deux ans après la revente de 85 % d'Activision Blizzard pour 8,2 milliards de dollars... en raison d'un manque de synergies.

Coïncidence, ou autre signe de rejet, Ubisoft a annoncé quelques jours avant ses résultats financiers qu'il confiait son budget publicitaire à l'agence Mindshare - qui l'avait géré pendant 14 ans jusqu'en mars 2015. Un accord qui se fait au détriment d'Havas Media, dont le propriétaire n'est autre que le groupe Vivendi.

Assassin's Creed  patine

Financièrement, c'est également compliqué. Contrairement à 2014, Ubisoft ne peut plus compter sur le jeu Watch_Dogs pour doper les ventes. Bilan : ses recettes ont décroché de 57 % ce trimestre, à 207,3 millions d'euros. L'éditeur enregistre même une perte de 65,7 millions, alors qu'il gagnait 17,5 millions il y a un an.

Pour la fin de l'année, le numéro trois des jeux vidéo compte sur Assassin's Creed Syndicate et les fêtes de Noël pour redresser la barre. Mais malgré l'armada publicitaire et des « notes très élevées » sur les « plus gros sites spécialisés », les critiques restent partagées si bien que le démarrage du jeu a été très décevant, révèle Le Monde, avec 66 000 unités livrées la première semaine, contre 167 000 pour le précédent opus.


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