Zest, l'appli qui "libère la parole des salariés"

Thomas Pontiroli
Publié le 11 janvier 2016 à 16h46
Avec Zest, Christophe Bergeon, expert depuis 15 ans en logiciels RH, a créé un outil pour « libérer la parole » des salariés. Son but est qu'ils soient reconnus à leur juste valeur.

« Prendre le pouls des salariés. » C'est le leitmotiv de Christophe Bergeon, fondateur de Zest, une plate-forme qui veut mesurer l'humeur des collaborateurs en entreprise, recueillir leurs bonnes idées, bref, les revaloriser. Lancé en septembre dernier, l'outil est testé auprès d'une dizaine de sociétés dont une grande banque française et un cabinet d'audit. Aux États-Unis, ce genre de solution aurait la cote.

« J'ai passé quinze ans à vendre des logiciels pour les ressources humaines et à chaque fois je faisais le même constat : ces outils étaient trop top-down (du haut de la hiérarchie vers le bas), alors j'ai voulu renverser la logique », explique le responsable de cette start-up de huit salariés, qui décrit son service comme un « Glassdoor interne », faisant référence au site d'évaluation des entreprises par les salariés.

Remotiver les salariés

Autre constatation qu'il réalise au gré de ses lectures : 85 % des salariés ne seraient pas engagés dans leur travail et parmi eux, 70 % imputeraient cela à un manque de reconnaissance et d'écoute. Un problème que tente de solutionner Zest. L'outil se présente sous la forme d'une page Web à laquelle se connecte chaque salarié, de façon anonyme, s'il le souhaite. Il est invité à renseigner son humeur, sur une échelle de 1 à 5.


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« Cet indicateur a l'air de rien, mais lissé sur plusieurs mois, il permet de dessiner une tendance et même d'alerter les RH », souligne Christophe Bergeon. Zest dispose de bien d'autres fonctions. L'outil permet par exemple de partager son retour sur un projet, une réunion ou l'ambiance au sein d'une équipe - qu'elle soit bonne au mauvaise. Pour cet ex-vendeur d'outils RH, il faudrait tordre le cou à l'entretien annuel, qu'il juge « trop administratif », au profit de ces petits rapports quotidiens, supposés plus légers, libres et spontanés.

En principe, l'anonymat garantit une liberté de ton. L'absence de manager en face de soi, également. Il le reconnaît pourtant : dans les petites équipes, le moindre « feedback » est facile à contextualiser, même s'il est formulé anonymement, grâce au recoupement d'informations. Il y a aussi le risque que l'anonymat titille la curiosité de certains collaborateurs, et qu'ils se mettent à enquêter pour retrouver quel salarié a dit quoi.

Alléger les processus

Ces effets de bords sont inévitables, et ne constituent pas un frein au succès de Zest, aux yeux de Christophe Bergeon. La plate-forme a aussi été conçue comme un lieu d'échange et d'entraide - qui sera stimulée, dans la prochaine version, avec de petites récompenses. Pour vendre sa solution (jusqu'à 4 euros mensuels par utilisateur), l'entrepreneur souligne qu'elle lève les freins à la transformation numérique des entreprises.

« Les grands groupes ont des tonnes de talents mais ils sont sous-utilisés. En leur libérant la parole, on les reconnaît, on les remotive, et ils peuvent partager leurs bonnes idées ou aider les autres », appuie-t-il. « Ce n'est pas normal qu'un groupe comme AccorHotels ait une valorisation inférieure à Airbnb par exemple. Dans un monde avec moins de processus, et des outils plus ouverts, il aurait pu créer son propre Airbnb. »


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