C'était salle comble hier soir pour applaudir... les développeurs. Trouvant leur éloquence dans le verbe informatique, les geeks les plus passionnés de l'Hexagone étaient réunis pour l'édition 2016 du « concours du meilleur dev ». Près de 7000 selon Stéphane Boukris aux manettes de l'opération, environ 1200 selon le service de communication Ametix... On devrait bien pouvoir trouver un juste milieu.
Aux abords du théâtre, à 17 heures, la cohue. Dans la file d'attente, des candidats de l'an passé regretteront déjà l'organisation algorithmique et binaire de l'école 42.
Plus qu'une heure avant le top départ, l'anti-chambre qui précède la grande salle de spectacle est déjà occupée par quelques start-up, venues chercher leurs futurs poulains. Ametix à qui incombe la lourde tâche de la logistique, aura pris soin d'imaginer de petites mises en scènes et d'entreposer des bornes de jeu vintage. En seconds rôles, quelques personnalités politiques et people.
Cette année, les développeurs étaient confinés dans un théâtre
Parmi les visiteurs, des sociétés d'aide au financement nous confient vouloir dénicher parmi les « dév » ceux qui seraient d'éventuels start-upper ou qui en aurait le projet. Nombreux sont les candidats à être venus en équipes et à arborer le t-shirt de leur société, l'ambiance est bon enfant. Au delà de sa « team », on sent vibrer le sentiment d'appartenance à une certaine contre-culture.
Duong Quang Ngoc est un jeune développeur vietnamien vivant désormais à Paris.
19h45, c'est le coup d'envoi. Tout le monde trouve sa place ou presque dans les multiples recoins du théâtre, on sort les machines. Des pc-portables sur les genoux pour l'ambiance start-up, des problèmes de réseau pour l'ironie du sort.
Les candidats n'ayant pu trouver du réseau durant la première session retenteront leur chance à la suivante. Parmi eux, Maxime et Dmitri, venus se réfugier dans une loge proche de la scène. Dmitri est originaire de Russie, et réitérerait bien son exploit de l'an passé (2ème au classement), s'il ne s'était pas fracturé la main quelques jours plus tôt.
Systèmes D...
Gardant pourtant le sourire et l'envie de participer, il nous raconte que des « contest » de ce genre, il en existe des bien plus drôles dans le cercle de la société pour laquelle ils travaillent (Oodrive) : « on fait régulièrement des combats d'algorithmes, la dernière fois à partir du film Tron. C'est l'algo qui devait regarder, localiser les adversaires, et les éliminer. » Non sans un humour certain, les deux développeurs affirment que d'ici 7 ans, ce sont ces mêmes algorithmes qui « prendront notre place au sein de la société, et nous mettront au chômage. »
Systèmes D (suite)
Vers minuit, la cloche retentit pour les 40 finalistes, et en prime, c'est Jean-Baptiste Descroix-Vernier qui vient annoncer les résultats. En humaniste underground du monde cybernétique, le gourou agoraphobe s'essayera pourtant à quelques passes rhétoriques : « vous avez recréé le latin et le grec, vous êtes la nouvelle élite, [...], la vraie question que vous aurez à vous poser n'est pas forcément comment vous allez changer le monde, mais plutôt pour qui et pourquoi. »
Dans l'ombre, Jean-Baptiste Descroix-Vernier scrute les candidats en plein bouillonnement neuronal
Clément Beauseigneur qui a gagné ce concours (en Python), nous apprendra que cela ne fait que quatre ans qu'il programme, après avoir créé des jeux sur les calculatrices. Ce qu'il aime dans le code, « c'est faire fonctionner des choses, les animer, avec juste un petit bout de script. »
Clément Beauseigneur est le meilleur développeur de France 2016
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