Alors que la facture mobile avait repris le chemin de la hausse en 2015, la voilà qui rebaisse. Le prix mensuel moyen par client calculé par l'Arcep au dernier trimestre 2015 est tombé à 16,3 euros, contre 16,8 euros trois mois plus tôt, et 16,6 euros au deuxième trimestre, revenant à son niveau de début d'année. Concernant les forfaits, c'est la même tendance : le prix par abonné rejoint un plus bas historique de 18,4 euros mensuel.
Ces chiffres contredisent l'affirmation selon laquelle la facture mobile avait atteint un plancher, et ne pourrait plus baisser. D'autant que SFR a commencé, en 2015, à remonter sciemment ses tarifs afin de relever sa marge - un mouvement qui lui a permis de remettre ses comptes dans le vert en peu de temps... mais qui s'est avéré coûteux en clients (plus de 1 million de résiliations en un an) et qu'il tente de rattraper avec des réductions
Après avoir atteint un niveau maximum de près de 30 euros fin 2005, le montant de la facture moyenne n'a cessé de s'éroder, souligne le régulateur des télécoms, en particulier depuis 2011 (25 euros), et a pratiquement été divisé par deux en dix ans. Au point que les clients ont gagné environ 165 euros de pouvoir d'achat par an.
La multiplication des forfaits à 4 euros au premier trimestre 2016 pourrait conforter la tendance baissière trois mois de plus - Crédit : Arcep.
Inflation ou pas inflation ?
Et en 2016, quelle tendance ? En janvier sur RTL, Stéphane Richard, PDG d'Orange, affirmait : « On a en France des prix parmi les plus bas du monde. La France est dans une situation privilégiée et, ça, c'est un acquis qui est définitif. » Il s'engageait aussi « très clairement » - en cas de rachat de Bouygues Telecom - à ne pas augmenter les prix, jugeant que « la question n'est pas là ». Le ton a quelque peu changé suite à l'achoppement du rachat.Désormais, le patron d'Orange fait le « pari (...) que les prix vont remonter »... Prophétie auto-réalisatrice ?
En voulant avaler Bouygues Telecom, l'opérateur historique voulait davantage stabiliser les prix, qu'acheter de nouveaux actifs. Forcé à poursuivre sa route « durablement » seul, il y a fort à parier que Bouygues Telecom reprenne sa stratégie tarifaire agressive, afin d'exister entre deux géants et Free Mobile, également agressif.
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Et que penser de la multiplication des forfaits à 4 euros par mois ces dernières semaines ? RED (SFR), Virgin Mobile, Free Mobile, Bouygues Telecom... tous les grands acteurs ont cassé les prix, sauf Orange. Pour SFR, il a pu s'agir d'une façon de montrer que les clients sont volatiles. Et dans un contexte de rachat, de faire baisser le prix demandé par Bouygues pour ses clients. Bouygues qui avait tout intérêt à ne pas laisser son parc se vider...
Si les usages sont encore très loin des 5, 10 ou 50 Go de data proposés par les opérateurs, le volume consommé ne cesse de croître - Crédit : Arcep.
Fin annoncée des promos
Pour Stéphane Richard, « les promotions vont s'arrêter » car « c'est beaucoup d'argent gaspillé pour quelques millions de consommateurs sur un total de 60 millions. Les clients que vous gagnez en mars sont perdus en avril ». Alors que les revenus des opérateurs ont baissé pour le 19e trimestre consécutif selon l'Arcep (-1,8 %)à 9 milliards d'euros, ils ne pourraient plus se permettre de rogner encore les tarifs pour gagner des abonnés.
Leur nouvelle marotte est de multiplier les services additionnels comme des offres de streaming audio ou vidéo, qui ont le point commun d'être gourmands en bande passante. Désormais, les clients 3/4G téléchargent 1,3 Go de données Internet mobile par mois, contre moins de 1 Go une année plus tôt. Les opérateurs espèrent bien que les consommateurs souscriront des forfaits plus chers. Et c'est ainsi que la facture se regonflerait.
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