La compagnie, acteur full digital , fournit des services sous forme d'API et automatise le règlement et l'indemnisation des sinistres grâce à sa blockchain.
La Parisienne Assurances, née en 1829, est la plus ancienne compagnie d'assurance française indépendante. Une vieille de la vieille, certes, mais qui a su relever le défi de la transition numérique avec succès. Aujourd'hui, elle compte plus d'un million de clients et conçoit ses propres produits et services d'assurance IARD (Incendie, Accidents et Risques Divers). La compagnie fournit 100 % de ses services sous forme d'API, automatise la gestion des sinistres grâce à la blockchain et développe des solutions avec des partenaires comme Sigfox.
C'est justement lors du Sigfox Connect, événement qui avait lieu à Singapour les 20 et 21 novembre, que nous avons voulu en savoir plus sur cette assurance full digital. Pour cela, nous avons rencontré Alexandre Rispal, le nouveau directeur commercial de la firme.
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Une compagnie aux nombreux partenaires, qui tente de séduire les jeunes avec des produits et offres adaptées
Clubic : Vous proposez des produits d'assurance sur-mesure, à la demande et paramétriques, sous forme d'API (interface de programmation). Que pouvez-vous nous dire en préambule ?Alexandre Rispal : La Parisienne est un assureur digital. La technologie doit être au service de nos clients. Nous fournissons tous nos services à 100 % sous forme d'API. Le règlement et l'indemnisation des sinistres peuvent être automatisés grâce à notre blockchain. Nous travaillons avec des partenaires qui sont en attente de ce type de service, comme des courtiers traditionnels mais aussi des assurtech et fintech ou de grands acteurs du retail et de l'e-retail, qui peuvent bénéficier de nos services.
L'IARD est un vaste domaine, mais nous pouvons aussi bien fournir des produits retard de vol en paramétrique que des produits comme l'assurance automobile.
« L'idée est d'automatiser le produit d'assurance, puis de partir sur des bases de données authentifiées et fiabilisées »
Vous couvrez différents domaines comme la mobilité, la maison, la famille et bientôt le voyage, avec le remboursement des billets d'avion ou de train. Cette polyvalence est-elle une force ?
On se demande toujours comment réfléchir avec notre partenaire pour trouver une assurance ou un service qui rendra l'expérience client plus agréable. Si l'on prend l'exemple du voyage, dont vous parliez, les vols en retard ou la perte des bagages sont de réels problèmes. Les nouvelles mobilités, comme les trottinettes électriques, nous intéressent également énormément. Non en sommes arrivés à la même réflexion avec Sigfox autour de l'assurance à l'usage, où il est incroyable que nous ayons des populations encore privées d'assurance pour des raisons financières comme les jeunes conducteurs ou des personnes qui ont récemment passé leur permis et qui se voient proposer des permis hors de prix.
Alors, nous nous sommes demandé comment on peut, avec la technologie, l'IoT et le réseau 0G, mixer tout cela.
La Parisienne procède à une automatisation complète de la tarification. Comment fonctionne-t-elle ?
Nous avons construit notre propre infrastructure technologique. La Parisienne Assurances, c'est 100 personnes, dont deux tiers de profils techniques, informaticiens, data scientists. Nous avons donc bâti une plateforme en 2018, iPaaS (Ndlr : plateforme d'intégration en tant que service), qui nous permet de développer des API autour de la tarification, de la gestion des sinistres. En automatisant tout cela, on peut ainsi proposer une expérience beaucoup plus simple que ce qui était proposé avant par les acteurs de l'assurance.
Pour rendre le tout automatique, ce fut réunion de plusieurs choses. Grâce à Sigfox, nous avons une technologie fiable, qui va capter de la donnée, ce qui est extrêmement important ; et avec un coût économique abordable. Derrière, l'idée est d'automatiser le produit d'assurance, puis de partir sur des bases de données authentifiées, et fiabilisées. Si on prend l'exemple d'une base de données remontée par Sigfox, elle va être authentifiée, car envoyée à partir d'un dongle. Si on prend le retard au départ dans l'aérien, il s'agira de bases de données aujourd'hui fournies par tous les acteurs. Dès que nous avons cette base de données fiable, nous pouvons créer ce que nous appelons des triggers, des déclencheurs, qui peuvent déclencher un remboursement.
« Un capteur, coûtant 2 ou 3 euros, placé dans la voiture, se déclenche automatiquement et n'entraîne une facturation que sur le temps d'utilisation du véhicule »
Comment se matérialisent justement vos liens avec Sigfox ?
Sigfox est présent dans plus de 65 pays, La Parisienne dans 13 pays en Europe. Nous avons des ambitions globales et le même ADN. Nous voulons fournir des produits fiables, robustes et innovants.
Certains jeunes conducteurs, aujourd'hui, sont privés d'accès aux offres tous risques. Nous voulions donc rendre cette assurance accessible au plus grand nombre. Nous avons donc eu l'idée d'utiliser un capteur, qui coûte 2 ou 3 euros et que le client va placer dans sa voiture. Le capteur se déclenche automatiquement, et nous captons, à partir de là, les données sur le fait que le véhicule soit en mouvement. Nous mettons alors en place une assurance qui ne sera facturée que sur le temps d'utilisation du véhicule versus une année entière d'assurance plein pot. C'est un exemple des projets sur lesquels nous travaillons avec Sigfox. Deux grands courtiers du marché français, très digitaux, et un acteur historique indépendant italien se sont positionnés pour avoir ce produit. On peut élargir ce partenariat autour de l'habitation, du voyage, avec l'idée de créer des verticales qui soient au service du client.
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Concernant la blockchain privée que vous utilisez, qu'elle est-elle ?
On s'appuie sur un fork d'Ethereum. Nous parlons très peu de la blockchain, qui nous permet d'accélérer notre conception de produit. Mais nous n'avons pas fait de grandes annonces autour de la technologie, car ça reste notre cuisine interne.
La Parisienne Assurances, près de 400 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel, et la volonté d'un développement « à l'international »
Concernant la tarification, le client est-il avantagé par rapport à une compagnie plus « traditionnelle » ?Lorsque le client utilise ce service-là, il va avoir une utilisation quasi-instantanée de son assurance, avec une simplicité et une transparence extrêmement importantes.
Il y a une demande, puisque nos consommateurs sont les mêmes qui vont utiliser Spotify, Netflix ou Amazon. Ce qu'ils ont dans d'autres secteurs, il n'y a aucune raison de ne pas l'avoir quand on parle d'assurance.
Combien de clients recense-t-on du côté de La Parisienne Assurances ?
Il faut avoir en tête que les clients, indirectement, sont surtout ceux de nos partenaires. Notre chiffre d'affaires pointe pratiquement à 400 millions d'euros à la fin de l'année. En quelques années, nous sommes passés de 50 à 400 millions d'euros, avec plus de 200 partenariats et plus d'un million de clients actifs. Notre assurance a vocation à apporter des solutions à des partenaires B2B2C.
« L'idée est de renforcer nos liens avec les pays dans lesquels nous sommes présents, puis de continuer à croître »
Vous parliez de la croissance... Ce développement du numérique, avec les réseaux 0G et 5G, constitue une opportunité pour vous. Et on peut imaginer que les perspectives de croissance sont plutôt belles ?
Exactement. L'objectif est de poursuivre sur cette lancée en accompagnant de plus en plus de partenaires, à la fois sur le marché européen, puisque la moitié de notre chiffre d'affaires est réalisé en Europe. Le marché britannique est très important, tout comme le marché italien mais aussi les marchés allemand et espagnol. Nous sommes un assureur européen, l'idée est de renforcer nos liens avec les pays dans lesquels nous sommes présents, puis de continuer à croître. Lorsqu'on accompagne une start-up en pleine croissance ou un grand groupe, il faut rayonner à l'international.
Quels sont les gros groupes que vous accompagnez ?
Nous travaillons avec des acteurs comme Yamaha ou Assu 2000, mais aussi avec des start-up qui sont des pépites.
Quel est le segment le plus important aujourd'hui pour vous ?
Nous avons plusieurs piliers, et faisons le maximum pour préserver un équilibre entre ces différents piliers. Nous travaillons beaucoup avec les réassureurs notamment. Le second, c'est le marché traditionnel de l'assurance, car nous les aidons à se digitaliser, et nous y tenons. Le troisième pilier est en rapport avec l'e-retail et l'assurtech.
Votre société a près de deux siècles d'existence. Comment vous y êtes-vous pris pour affronter et réussir votre transformation numérique ?
Il faut reconnaître que nous avons peu communiqué là-dessus. Deux profils sur trois sont des profils tech chez nous. Nous avons aussi une méthodologie, qui prend vie en quatre phases qui sont définies dans le temps, qui permet de délivrer notre promesse de faire des produits en moins de 10 semaines. On incarne donc au quotidien cette agilité, et c'est comme cela que nous avons la capacité à devenir un acteur digital. Au final, nous réfléchissons et agissons comme une boite tech.
Merci Alexandre d'avoir accordé un peu de votre temps à Clubic.
Merci à vous, c'était très sympa.